fumée
fumée
[ fyme] n.f. [ de 2. fumer ]fumées
n.f. pl.FUMÉE
(fu-mée) s. f.PROVERBES
- Il n'y a point de fumée sans feu, il n'y a pas d'effet sans cause, il ne court point de bruit sans quelque fondement.
- Il n'y a point de feu sans fumée, il n'y a pas de cause sans effet, quelque soin qu'on prenne pour cacher une passion vive, il en paraît toujours quelque chose. Et le feu comme on dit ne va pas sans fumée [REGNARD, le Bal, sc. 14]
- La fumée cherche les beaux, se dit pour se moquer de ceux qui se plaignent de la fumée. Ce proverbe se dit aussi en un autre sens, pour signifier que l'envie s'attache toujours au plus grand mérite.
- La fumée chasse souvent le maître de la maison, au sens propre les cheminées qui fument font souvent qu'un homme ne reste pas chez lui, et, par une application satirique, l'humeur désagréable d'une femme fait que le mari la fuit souvent.
HISTORIQUE
- XIIe s. Tenebres l'obscurent et umbres de mort ; fumeie lo parprendet [l'entoure] [, Job, 459]Fumée levad de ses narines, e li fus [feu] ki de sa buche vint, devorad e les charbuns alumad e esbrasad [, Rois, p. 206]
- XIIIe s. Là où li feus a demoré longement, tozjors i seront les fumées [BRUN. LATINI, Trésor, p. 360]S'ureison ert e pure e bone, Devant la face Deu en trone Munte cume fet la fumée De encens, ki à Deu agrée [, Éd. le conf. v. 734]Ysengrin en sent la fumée Qu'il n'avoit mie acostumée [, Ren. 941]N'est nus [nul] ki feu si bien estraigne, Que la fumée n'i remaigne [reste] [GUI DE CAMBRAI, Barl. et Jos. p. 68]
- XIVe s. ...que il gardassent bien que leur neif fust tousjours hors les fumées de la mer et hors les grans undes [ORESME, Eth. 54]Les fientes des bestes rouges sont appelées fumées [, Modus, f. VI, verso]Gardez en yver que vostre mari ait bon feu sans fumée [, Ménagier, I, 7]Trois choses gectent l'homme hors de sa maison, la fumée, la goutiere et la mauvaise femme [LE CHEV. DE LA TOUR, Instr. à ses filles, f° 74, dans LACURNE.]
- XVe s. Et disoient en Angleterre les chevaliers : ha, sainte Marie ! que ces François font maintenant de fumée pour un mont de vilains qu'ils ont rué jus ! [FROISS., II, II, 206]Ce duc de Guerle est jeune ; et jeunesse et fumée de teste l'a à present esmu de defier le roi de France [ID., II, III, 105]Ilz veoient la fumée [poussière] dessus la bataille si grande, comme si ce fussent deux chaux fours [, Perceforest, t. I, f° 90]...lesquels se turent Et point de fumée [querelle] n'esmurent [EUST. DESCH., Poésics mss. f° 409, dans LACURNE]L'empereur de la fumée [le chef d'un ordre burlesque de buveurs] [, ib. f° 409]Onques feu ne fut sans fumée [CH. D'ORL., Rondeau].... Il disoit que les qualitez de viandes diverses troublent l'estomac, et empeschent la memoire ; vin cler et sain, sans grant fumée, buvoit bien trempé, et non foison [CHRIST. DE PISAN, Hist. de Ch. V, I, 16]
- XVIe s. Mais grant faveur passe comme fumée [DU BELLAY, IV, 77]Je n'ai guere vu grand feu, de quoi ne vinst quelque fumée ; mais j'ai bien vu la fumée où il n'y avoit point de feu ; car aussi souvent est soupçonné par les mauvais le mal où il n'est point, comme là où il est [MARG., Nouv. VII]Ils avoient chargé une fierté tyrannique nourrie et accrue par les vanitez et fumées des barbares [AMYOT, Eumènes, 26]Luy mesme s'estoit souvent vanté que jamais femme Laconiene n'avoit veu fumée du camp d'aucun ennemy [ID., Agés. 50]Mithridates, à qui les fumées du vin qu'il avoit beu, commençoient jà à monter au cerveau [ID., Artax. 19]À la fumée de ses victoires il emporta deux villes [D'AUB., Hist. II, 198]Quelques soldats de la trenchée, voians que le parapet ne faisoit pas grand fumée, s'offrirent à aller voir quel il y faisoit [ID., ib. III, 225]Va-t-en si loin que jamais on ne sente odeur, vent ny fumée de ton corps [, Nuits de Straparole, t. I, p. 347, dans LACURNE]On ne sauroit faire le feu si bas que la fumée n'en sorte [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 362]Qui hante cuisine vit de fumée [ID., ib. p. 394]Quand je tanse avecques mon valet, je tanse du meilleur courage que j'aye.... mais, cette fumée passée, qu'il ayt besoin de moi, je lui bien feray volontiers [MONT., I, 270]
ÉTYMOLOGIE
- Fumer 1 ; bourguig. femeire ; provenç. fumada. Fumée est un mot dérivé ; mais l'ancienne langue avait aussi fum, tiré directement du latin fumus.
fumée
Noir de fumée, Suie très noire et légère que donne la poix-résine et que l'on recueille pour l'employer dans les arts. Le noir de fumée sert à faire l'encre d'imprimerie, le cirage, etc.
Prov. et fig., Il n'y a point de fumée sans feu, En général il ne court point de bruit qui n'ait quelque fondement.
Prov. et fig., Il n'y a point de feu sans fumée, Quelque soin qu'on prenne pour cacher une passion vive, un secret quelconque, on ne peut s'empêcher de les laisser paraître.
Fig., S'en aller en fumée se dit des Choses qui ne produisent point l'effet attendu ou désiré. Tous ses projets s'en sont allés en fumée.
Fig. et fam., Il vend de la fumée, c'est un vendeur de fumée se dit de Celui qui n'a qu'un crédit apparent, dont il fait parade pour en tirer quelque utilité, quelque avantage, ou encore de Celui qui fait, toujours pour en tirer profit, des promesses qu'il sait irréalisables.
Il se dit également de la Vapeur qui s'exhale des liquides bouillants, des mets très chauds. La fumée du potage. Par extension, La fumée d'un plat.
Fig. et pop., Manger son pain à la fumée du rôt, Être témoin, spectateur d'un divertissement, d'un plaisir auquel on ne peut avoir part.
Il se dit aussi des Vapeurs qui s'exhalent des corps ou des lieux humides. Il se leva une fumée de la rivière, des marécages. La fumée des vêtements qui sèchent devant le feu.
Il se dit, au figuré, des Choses vaines, frivoles, périssables, ou que l'on regarde comme telles. Cette fumée qu'on nomme la gloire. Toutes les choses du monde ne sont que fumée.
Se repaître, s'enivrer de fumée, Se repaître de vaines espérances ou de vains honneurs, d'une vaine gloire, etc.
Au pluriel, il se dit de l'Effet produit par l'ingestion des liqueurs spiritueuses, parce qu'on l'attribuait autrefois à des vapeurs qui montent de l'estomac ou des entrailles au cerveau. Les fumées du vin montent au cerveau. Abattre, dissiper les fumées du vin. On dit dans un sens analogue Les fumées noires qui lui troublent le cerveau.
Fig., Les fumées de l'orgueil, de l'ambition, etc., Les mouvements d'orgueil, les désirs ambitieux, etc.
Au pluriel, il est employé par extension, en termes de Chasse, pour désigner la Fiente des cerfs et des autres bêtes fauves, qui varie suivant l'âge, le sexe de l'animal.
fumée
Fumée, Fumus.
Fumée de terre, Vapor.
Fumée espesse, Tardus fumus.
Faire fumée de quelque bois allumé, et enfumer quelque lieu, Fumigare.
Faire fumée par dessous, Suffumigare.
Jetter une fumée, Exhalare.
Rendre une fumée chaulde, AEstuare.
Feux rendans fumée, Fumiferi ignes.
Je sens la fumée de la cuisine, Olfacio nidorem culinae.
Par où sort la fumée, Spiramentum.
Quand une fumée et vapeur sort de quelque chose, Vaporatio.
Un lieu pour recueillir la fumée, Fumarium.
fumée
fumée
Rauchsmoke, fumerook, damp, walmעשן (ז), עָשָׁןrookfumrøgfumohumosavufüstfumoasap, awanreykurfumofumusrøykdymfumaça, fumofumrökmoshiκαπνόςдымدُخَّانkouřdim煙연기ควันdumankhói烟дим (fyme)nom féminin