gâter
(Mot repris de gâtassiez)gâter
v.t. [ lat. vastare, dévaster ]se gâter
v.pr.GÂTER
(gâ-té) v. a.HISTORIQUE
- XIe s. Charles li magnes ad Espagne guastede [, Ch. de Rol. LIV]
- XIIe s. Et joie a povre savor, Qui en tel lieu est gastée [, Couci, I]Si que mis [mon] sancs i fust en partie wastez [, Th. le mart. 129]Ensi est del felun cum il fu del sengler Dont vus avez oï en Avien cunter, Qui soleit les frumenz al riche humme guaster [, ib. 31]
- XIIIe s. ....Li Sarrasin de Perse orent grant force contre les crestiens, et gasterent Jerusalem [BRUN. LATINI, Trés. p. 83]Lores te metras à la voie, Et si iras par tel convent, Qu'à ton esme [dessein] faudras souvent Et gasteras en vain tes pas, Ce que tu quiers ne verras pas [, la Rose, 2334]Or m'en lessiés du tout ester [laissez-moi en repos] ; Car vos porriez bien gaster En oiseuse vostre françois [, ib. 3098]Moult estoit sa [de Vieillesse] biauté gastée, Et moult est lede devenue [, ib. 344]
- XIVe s. Ceux qui sont incontinens et qui vivent par desattrempance, et gastent leurs peccunes ou leur substance, nous les appellons prodiges [prodigues] [ORESME, Eth. 102]Et en telx choses usent et gastent leur temps [ID., ib. 92]Voy comment la nuit et le jour se gaste le temps [, Ménagier, I, 3]
- XVe s. J'ai tant affaire que je ne sçai au quel entendre, et en ay la teste toute gastée [, les Quinze joies du mariage, p. 97, dans LACURNE]Tesmoignerent les dames que aujourd'hui ont esté quatorze chevaulx dessoubz luy que mors que gastez [, Percefor. t. III, f° 111]
- XVIe s. Par quoy, craignant Gargantua que il se guastast [se blessât], feit faire quatre grosses chaisnes de fer pour le lyer dans son berceau [RAB., Pant. II, 4]Il en advint un inconvenient bien grand : tout le bon vin d'Aurelians poulsa et se guasta [devint mauvais] [ID., ib. II, 7]Ce n'est pas assez que nostre institution ne nous gaste pas ; il fault qu'elle nous change en mieulx [MONT., I, 147]À faute de cette proportion [dans les leçons qu'on donne] nous gastons tout [ID., I, 160]Qu'on arrose d'eau le jardin ; Mais d'en aller gaster le vin Seroit-ce pas grand offense ? [JEAN LE HOUX, IX.]Un soudard, mal sain de sa personne, et gasté dedans le corps [AMYOT, Pélop. 1]Certaines mariées font mesmes consentir à leurs maris, que la moitié de leur dot se gaste en beaux ornemens pour leurs nopces [LANOUE, 336]Non content de cela, il [Henri IV] se mit à lui retrancher [à d'Aubigné] ses appointemens et prenoit plaisir à gaster ses habits pour le mettre en depence [D'AUB., Vie, XLIII]Ces admonitions nous serviront, à ce que nous ne gastions nos serviteurs par trop de douceur [O. DE SERRES, 40]Vous mignottez cest enfant si très fort que vous le gasterez [PALSGR., p. 483]Confesse la verité sans te laisser ainsi gaster [tourmenter par la torture], aussi bien sçavons nous tout [, Nuits de Straparole, t. II, p. 301, dans LACURNE]C'est tout un, disent-ils ; pays gasté n'est pas perdu [MONTLUC, Mém. t. II, p. 167, dans LACURNE]Considerez le avec une comparaison de tant d'autres personnes qui valent mieux que vous, les quelles sont destituées de ces benefices : les uns gastez de corps, de santé, de membres [ST FRANÇOIS DE SALES, p. 464]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, gâter, blesser grièvement ; picard, water ; provenç. gastar, guastar ; espagn. gastar ; ital. guastare ; du latin vastare, ravager, de vastus, vaste, rendre vaste, désoler. Cependant il y a un mot germanique wastjan, ravager, qui a pu contribuer à changer le v latin en g ou gu, mais qui aurait donné plutôt gastir (gastir a existé en effet ; voy. GÂTINE).
gâter
Fig., L'âge a gâté la main à ce peintre, à ce chirurgien, L'âge lui a rendu la main moins légère, moins sûre.
Fig. et fam., Se gâter la main, S'habituer à négliger les règles de l'art, en faisant des travaux peu soignés. Cet artiste s'est gâté la main.
Fam., Gâter les affaires, Empêcher, par malice ou par gaucherie, qu'un arrangement ait lieu; détruire le bon accord qui règne entre les personnes. C'est un homme sans éducation qui gâtera les affaires. On dit à peu près de même : Cet événement pourrait bien gâter les affaires. Ils étaient sur le point de s'entendre, mais il échappa à l'un d'eux un mot qui gâta les affaires.
Cela ne gâte rien, se dit pour signifier qu'un avantage s'ajoute à d'autres avantages. Ce jeune homme est fort instruit et, ce qui ne gâte rien, il est très bien élevé.
Fig., Gâter le métier, Diminuer le profit de son métier, en donnant sa marchandise ou sa peine à trop bon marché. C'est gâter le métier que de vendre si bon marché cette étoffe. C'est un parrain trop généreux, il gâte le métier. Vous mettez trop de zèle à remplir vos fonctions : vous gâtez le métier.
Il signifie aussi Salir, tacher. Une voiture m'a éclaboussé, et la boue a gâté mon manteau.
Il signifie également Corrompre, dépraver, dévoyer. La lecture des mauvais livres gâte les jeunes gens, leur gâte l'esprit. On l'a gâté par des louanges exagérées et maladroites. Le succès l'a gâté.
Il signifie encore, figurément, Encourager, entretenir quelqu'un dans ses défauts, dans ses vices par trop d'indulgence, de complaisance. Ces parents sont trop faibles : ils gâtent follement leurs fils. À gâter les enfants, on leur rend les plus mauvais services. C'est un enfant gâté. Enfant gâté signifie, par extension, Qui est capricieux, exigeant, d'humeur mobile. C'est un caprice d'enfant gâté. Cette femme est très enfant gâté. Fig., Cet écrivain est l'enfant gâté du public, du succès.
SE GÂTER signifie au propre Se corrompre. La viande se gâte à la chaleur. Ces confitures se gâteront à l'humidité. Ce vin commence à se gâter, se gâte. Ces fruits se sont gâtés.
Il se dit figurément, en parlant des Changements de bien en mal, de la dépravation des moeurs, du goût. Ce jeune homme se gâte depuis qu'il fréquente de mauvais camarades. Je l'ai connu doux et modeste, il s'est gâté au contact des flatteurs. Chez ce peuple, le goût et les moeurs se gâtèrent en même temps.
Le temps se gâte, Le temps commence à devenir mauvais.
Fig. et fam., Cela se gâte, cela commence à se gâter, Les choses prennent, commencent à prendre une fâcheuse tournure.
gâter
GâTER, v. a. [Gâté: 1re lon. 2e é fer.] 1°. Endomager, mettre en mauvais état. "La nielle a gâté les blés: le Tâilleur a gâté votre habit. "Vous avez gâté votre maison, en voulant la racomoder. — Fig. "Ils étaient convenus de tout: un mot a tout gâté. = 2°. Salir, tacher. "La pluie, la boûe ont gâté cette robe: on ne peut plus la mettre. = 3°. Gâter, être trop indulgent. "Gâter un enfant, un domestique. "C'est domage qu'on gâte ce jeune homme il étoit bien né, il pouvoit réussir. Marm.
Mais vous me le gâtez, Madame, et je ne peux
Entendre de sang froid des mots si dangereux.
Barthe.
= 4°. Corrompre: "Les mauvais livres, la mauvaise compagnie gâtent les jeunes gens, leur gâtent l'esprit et le coeur. = 5°. Se gâter, se corrompre. "Cette viande s'est gâtée. "Ce vin se gâte, comence à se gâter. — Fig. Cet homme s'est gâté, il a contracté de mauvaises qualités. Il a perdu de sa réputation. = Être gâté, être devenu trop délicat, trop dificile. "Nous sommes tellement gâtés, qu' à peine pouvons-nous croire que cette simplicité si naturelle, puisse être véritable. Télém. "Je suis bien gâtée sur le bon goût. Sév. = 6°. On dit en st. fig. fam. qu'un homme gâte bien du papier, qu'il écrit beaucoup et mal, ou des choses inutiles; qu'il gâte le métier, qu'il fait trop bon marché de sa peine ou de sa marchandise, ou qu'il fait au-delà de son devoir. — Gâter quelqu'un dans l'esprit d'un autre: nuire à sa réputation. "On l'a bien gâté dans l'esprit de ses protecteurs. "Ce mauvais procédé l'a gâté dans le monde.
GâTÉ, ÉE, part. et adj. Enfant gâté, pour qui l'on a eu trop d'indulgence, et qui est devenu volontaire, capricieux, délicat, dificile. "C'est un enfant gâté; ce qui se dit souvent avec raison, même des persones âgées. = On doit éviter de le dire au fém. parce qu'il a un sens peu honête.
gâter
gâter
gâter (se)
gâter
verderben, verschlechtern, verschlimmern, verwöhnenspoil, indulge, mar, ruin, blemish, taint, worsenbederven, verknoeien, verwennenפינק (פיעל), פִּנֵּקbederf, bederwemalbonigiconsentir, echar a perder, corromper, mimar, malcriardekra甘やかす, 台無しにするestragar, adulterar, viciar, mimarπαραχαϊδεύω, κακομαθαίνωviziare, guastareيُدَلِّلُ, يُفْسِدُpokazit, rozmazlitforkæle, ødelæggehemmotella, pilatapokvariti, razmaziti(...을) 망쳐놓다, 망치다skjemme bortpopsuć, rozpieszczaćбаловать, портитьfördärva, skämma bortตามใจ, ทำให้เสียหาย ตามใจจนเสียคนberbat etmek, şımartmaklàm hỏng, làm hư宠溺, 溺爱 (gɑte)verbe transitif