gêne
gêne
n.f. [ de l'anc. fr. gehine, torture, du frq. ]GÊNE
(jê-n') s. f.PROVERBE
- Où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir.
HISTORIQUE
- XIIIe s. Et si tost comme il le [la] vout metre à la gehine, ele reconnut toute le [la] verité et fu arse [BEAUMANOIR, LXIX, 16]Or ont, por leur amour, perpetuel haïne, Por leur joie, tristesce, por leur pais, ataïne [fâcherie], Et por leur faus deliz, très destraignant jaïne ; Perilleuse est amor qui tel queue traïne [J. DE MEUNG, Test. 1975]
- XIVe s. Pour gehines et justices de le [la] ville faites au dit terme [CAFFIAUX, Abatis de maisons, p. 24]
- XVIe s. Je ne veulx corrompre son esprit à le tenir à la gehenne et au travail [MONT., I, 181]Quelle gehenne ne souffrent les femmes, guindées et cenglées, à tout de grosses coches sur les costez ? [ID., I, 308]Estre tiré sur la gesne [torturé] [PARÉ, VI, 14]Ilz les emprisonnoient, ilz leur donnoient la gehenne [AMYOT, Lucull. 35]Tu fais que sage de confesser la verité avant que l'on te donne la geyne pour te la faire dire [ID., Anton. 76]
ÉTYMOLOGIE
- Contraction de gehenne (voy. ce mot) ; Maine, géhaigne.
gêne
Il se dit quelquefois de l'Embarras que cause le séjour d'une personne chez une autre. Restez chez moi il y aura place pour tout le monde, et vous ne me causerez aucune gêne.
Il signifie au figuré Contrainte fâcheuse, état pénible où l'on se trouve. J'éprouve toujours un peu de gêne en sa présence. Les visites de certaines personnes mettent à la gêne. C'est une gêne cruelle de ne pouvoir dire ce qu'on pense. L'obscurité de ce style met l'esprit du lecteur à la gêne.
Fam., Être sans gêne, se dit des Personnes qui prennent leurs aises, sans s'inquiéter de l'embarras ou du déplaisir qu'elles peuvent causer. Cet homme est tout à fait sans gêne. On dit dans un sens analogue C'est un monsieur sans gêne, et, dans le langage populaire, C'est un sans gêne.
Se mettre l'esprit à la gêne pour quelque chose S'inquiéter, se tourmenter, faire de grands efforts d'esprit. Il s'est mis l'esprit à la gêne pour trouver cette démonstration.
Il signifie aussi Pénurie d'argent, état voisin de la pauvreté. Être dans la gêne. Avoir une gêne passagère.
gêne
GêNE, s. f. GêNER, v. act. [1re ê ouv. et long: il est plus ouvert au 1er, et devant la syll. fém. qu'au 2d, et devant la syll. masc.] Gêne, est 1°. tortûre, peine qu' on fait soufrir à un criminel pour lui faire avouer la vérité. Acad. = On le disait aussi simplement pour tourment.
Non, non, l'enfer n'a point de gêne.
Qui ne soit pour ton crime une trop douce peine.
Mol.
Il est peu usité en ce sens. — On le dit plus souvent des soldats qui font soufrir, injustement et par violence, ceux dont ils veulent tirer de l'argent. "Ils mirent ce paûvre paysan à la gêne, pour lui faire avouer où était son argent. — 2°. Son usage ordinaire est pour signifier une contrainte fâcheûse; un état violent, où l'on se trouve réduit. "C'est une terrible gêne de n'oser jamais dire ce qu'on pense. "La rime et la mesûre mettent l'esprit du Poète à la gêne. "La crainte du blâme et du mépris tiènent le vice comme à la gêne. MARM.
REM. Gênes, dans le sens de douleurs est vieux.
Sur le duvet d'un lit, théâtre de ses gênes. BOIL.
C'est le Seigneur qui nous guérit,
Il prévient nos besoins, il adoucit nos gênes.
Il délie, il brise nos chaînes.
Rouss.
L'exactitude de la rime a fait préférer à Rousseau, gênes à peines. = Se doner la gêne, se mettre l'esprit à la gêne, s'inquiéter, se tourmenter. — Il n'a le sens de peine d'esprit que dans ces phrâses; on ne dirait pas sa gêne, ni mes gênes.
GêNER, v. act. 1°. Incomoder, contraindre les mouvemens du corps. "Cet habit le gêne. "Ce corps de jupe la gêne beaucoup. = 2°. Tenir en contrainte. "Ne vous gênez pas: je ne veux pas vous gêner. "Dans chaque état on ne voit de loin que ce qui plait, et de près que ce qui gêne. SEGAUD. "La rime gêne beaucoup les poètes. On dit qu'on est gêné par le terrein, etc. quand il ne laisse pas la liberté de bâtir comme on voudrait; ce qui se dit aussi figurément d'un ouvrage, d'une afaire. = Gêné, ée, adj. Contraint. "Air gêné; taille, démarche gênée, etc.
REM. * Autrefois les Poètes disaient se gêner, pour se tourmenter.
Quoi! ne vous plairez-vous qu'à vous gêner sans cesse. RAC. Bérén.
gêne
gêne
self-consciousness, bother, discomfort, embarrassment, troubleאי-מנוחה (נ), דוחק (ז), דֹּחַק, מִפְגָּעlast, geldgebrek, hinder, verlegenheid, ongemakdisagio, disturbo, fastidio, imbarazzoUnbehagenдискомфортnepohodlíubehagobehagзакрепощённость (ʒɛn)nom féminin
gêne
[ʒɛn] nfavec gêne [respirer] → with difficulty
Il respirait avec gêne → His breathing was laboured.