hanter
(Mot repris de hanteront)*hanter
v.t. [ de l'anc. scand. heimta ]hanter
('ɑ̃te)verbe transitif
hanter
Participe passé: hanté
Gérondif: hantant
Indicatif présent |
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je hante |
tu hantes |
il/elle hante |
nous hantons |
vous hantez |
ils/elles hantent |
HANTER
(han-té) v. a.PROVERBES
- Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es, c'est-à-dire on juge aisément des mœurs d'une personne par sa société habituelle.
- Cet homme a hanté les foires, a bien hanté les foires, c'est-à-dire c'est un vieux routier, c'est un homme qui a beaucoup d'expérience.
HISTORIQUE
- XIIe s. Hanter les ordeez [servire immunditiis] [, Rois, p. 422]E tis peres ad mult guerre hantée, e ne demurrad pas od [avec] ses cumpaignuns [, ib. 182]Les seraines [sirènes] en la mer hantent [, Brut, I, p. 37]
- XIIIe s. Car qui oiseus hante autrui table, Lobierres [flatteur] est, et sert de fables [, la Rose, 11525]Il est bon c'on se gart de trere [tirer de l'arc] es lix [lieux] qui sunt hanté de gent [BEAUMANOIR, LXIX, 3]Michelez [un malade], einsi delivre el premier jour, demora à Saint Denis et hanta ledit tombel [de saint Louis] par neuf jours [, Miracles St Loys, p. 172]
- XIVe s. Il [le cerveau] est official, car il hante l'office du sens et du movement [H. DE MONDEVILLE, f° 15, verso]Pour ce qu'il [le cerveau] peust soufisanment toutes les actions faire et hanter [ID., ib.]Que les hommes se hantassent et appreissent à traire en arcs et en arbalestes [, Chr. fr. mss. p. 2, dans LACURNE]Adonc li dist Bertran : qui vous fait ci hanter ? C'est pour moi espier et aux Engloiz livrer ? [, Guesclin. 1370]Car qui hante les bons à honor vient tous dis, Et qui les chetis suit, tout adez est chetis [, ib. 805]
- XVe s. Je vous prie que vous me menez parmi vostre pays et parmi chemins non hantés, en Angleterre [FROISS., II, II, 236]Bon vin, qui nous fais rire et hanter nos amis, Je te tiendrai toujour ce que je t'ai promis [BASSELIN, XIX.]Au saillir de mon enfance et en l'aage de pouvoir monter à cheval, je hantay à Lisle vers le duc Charles de Bourgongne [COMM., I, 1]Bruges où hantent toutes nations.... [ID., ib.]Ilz allerent au lieu où hantoit cet ours [ID., IV, 3]
- XVIe s. Hanter mauvaise compagnie [MONT., I, 274]Il l'excommunie, commandant à chacun de ne parler ne hanter avec lui [SLEIDAN, p. 27]Il ne hantoit en leur part aucune navire pour y traffiquer [AMYOT, Lyc. 4]Ilz hantoient familierement ensemble comme cousins germains [ID., Publ. 5]Ceste façon de rechercher leurs meurs, et escrire leurs vies, me semble proprement un hanter familierement et frequenter avec eulx [ID., P. Aem. 1]Hantez les boiteux, vous clocherez, hantez les chiens, vous aurez des puces [NOEL DUFAIL, Cont. d'Eutrap. ch. XIX.]
ÉTYMOLOGIE
- Angl. to haunt ; allem. hantieren ; dan. hantere. Origine très controversée. Diez regarde hantieren comme venu du français, et pense que hanter est un mot introduit par les Normands dans le français (ce qui est tout à fait hypothétique), et qu'il vient de l'ancien scandinave heimta (de heim, chez soi), désirer un objet perdu ou absent. Scheller y verrait le verbe fictif hamitare, dérivé du bas-latin hamus, hameau, dérivé aussi du germanique heim, demeure. Hanter a, en outre, dans l'ancienne langue, un sens de exercer, pratiquer, qui fait songer Chevallet à l'allemand Hant ou Hand, main (Le mire de legier hantement, le chirurgien qui a de l'habileté de main, H. DE MONDEVILLE, f° 33). Comme le sens de hanter est celui du latin versari au propre et au figuré, le kimry et le bas-breton hent, chemin, qui convient pour la forme, pourrait aussi par détournement avoir fourni le sens de ver sari. Mais, après avoir passé tout cela en revue, ce qui reste de plus probable, c'est l'étymologie anciennement proposée du latin habitare, habiter ; le sens est bon, la forme aussi : car habitare ( i avec un accent bref), devenant habtare, a pris facilement une nasale, et, dérivant de habere, a eu dans la latinité et a pu avoir dans le français le sens de avoir souvent.
hanter
Il se dit aussi des Lieux où l'on fréquente. Hanter le barreau, le Palais. Hanter les foires. Hanter les cabarets. Hanter les mauvais lieux.
Prov., Dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es, On juge aisément les gens par les personnes qu'ils fréquentent.
On dit aussi intransitivement Hanter chez quelqu'un.
Il se dit particulièrement en parlant des Esprits qu'on suppose revenir de l'autre monde, ou des êtres fabuleux qui, suivant les fictions populaires, fréquentent de préférence les endroits retirés, sombres. Un château hanté par les esprits. Maison hantée.
hanter
Hanter, Celebrare, Frequentare, Versari, Conuersari.
Hanter quelqu'un, Rem habere cum aliquo, Versari cum aliquo.
Hanter quelqu'un ordinairement, Dare se in consuetudinem vel familiaritatem alterius.
Hanter aucun tous les jours, Congredi alicui quotidiana consuetudine.
Hanter quelque lieu, In loco aliquo versari.
Hanter souvent aucun, Consuescere alicui.
Hanter souvent aucun, et luy faire la cour, Consectari aliquem.
Ils hantoient souvent Claudius, Claudium in manibus habebant.
Hanter et souvent aller en quelque lieu, Obuersari.
Cesser de hanter aucun, Se ab aliquo remouere.
Je ne le hante et ne parle à luy, Nec locus, nec sermo conuenit mihi cum eo.
Il le hante fort, Frequens est cum eo.
Il a souvent hanté Diodorus dés son jeune aage, Cum Diodoro multum a puero fuit.
Qui hante continuellement les bons, Proximus optimis.
Qui hante ordinairement et a frequentation avec tels esprits, Qui cum ingeniis conflictatur eiusmodi.
Qui hante souvent un autre, Familiaris.
Gendarme qui ne hante point, ou bien peu la guerre, Infrequens miles.
Pourtant que tu hantois fort Sulpice, Quod P. Sulpitio vtebare multum.
N'estre plus prisé ne hanté de personne, et ne tenir compte de soy, Iacere in sordibus.
Lieu qui n'est point hanté, et où on ne peut aller, Inaccessus locus.
Voye fort hantée et frayée, Via trita.
hanter
HANTER, v. act. HANTISE, s. f. [l'h s'aspire: le hanter, la hantise: 1re lon. 2e lon. au 2d, é fer. au 1er: l's a le son du z.] Hanter, visiter souvent et familièrement. Hantise, fréquentation. = Hanter, se dit des persones; hanter les bones ou les mauvaises compagnies; et des lieux; Hanter le bârreau, le Palais, les foîres, les cabarets, etc. = V. n. Hanter chez quelqu'un, en bon lieu, en de mauvais lieux.
HANTISE, est vieux, bâs et populaire: il n'est bon que pour le marotique.
Souvenez-vous, quoique le coeur vous dise
De ne jamais former nulle hantise,
Qu'avec des gens dans le monde aprouvés.
Rouss.
L'Acad. dit seulement qu'il est du style familier, et qu' il ne se dit guère qu'en mauvaise part.