métier
(Mot repris de métiers)métier
n.m. [ lat. ministerium, service, de minister, serviteur ]MÉTIER
(mé-tié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des mé-tié-z en activité) s. m.PROVERBES
- Quand chacun fait son métier, les vaches sont bien gardées, c'est-à-dire les choses sont bien faites, quand chacun ne se mêle que de celles qu'il sait faire.
- Il n'y a point de si petit métier qui ne nourrisse son maître.
- De tous métiers il en est de pauvres et de riches.
- C'est un méchant métier que celui qui fait pendre son maître.
- Il n'est pas de sot métier, c'est-à-dire toute occupation qui nourrit son homme est bonne.
HISTORIQUE
- Xe s. Ne ule cose non la pouret [put] omque pleier, [que] La polle [jeune fille] non amast lo deo menestier [le service de Dieu] [, Eulalie]
- XIe s. Jà li corners [sonner du cor] ne nus aureit mestier [service, utilité] [, Ch. de Rol. CXXX]
- XIIe s. Pieres [pierreries] i a de precieux mestier [travail] [, Ronc. 30]Tot lor tems [les Saxons] la maintinrent [la guerre] ; mais ne leur ot mestier [avantage] : François se defendirent com nobile guerrier [, Sax. IV]Guiteclins le cuida puis vers Carlon vengier ; Li fil après les peres reprirent le mestier [, ib. IV]Or vous auroit mestier [besoin] l'aïe Salemon [l'aide de Salomon] [, ib. XI]Sans vous amer [si je ne vous aime], n'a ma vie mestier [emploi] [, Couci, VIII]Illuec curreit une ewe de mestier [, Th. le mart. 94]Quant ne puis, fait li sainz, par ma parosse [paroisse] aler, Parosses e eglises conseillier e guarder, Ne puis pas mun mestier faire ne celebrer [, ib. 131]
- XIIIe s. E murdris fu en un mostier, ù il ooit [entendait] le Dieu mestier [le service divin] [PH. MOUSKES, ms. p. 472, dans LACURNE]Et sachiés qu'il porterent es nés [navires] perrieres et mangoniaus plus de trois cens, et tous engins qui ont mestier à ville prendre [VILLEH., XLIV]Menestrel s'apareillent pour faire leur mestier [, Berte, X]Dame, si vraiement com j'en ai grant mestier [besoin] [, ib. XXXIX]Pieça qu'on dist que li mestiers Aprent l'omme et la grant soufrete [, Lai de l'ombre]Quant en arés passé le pont, Dont troverés le pontenier, Mes compains est, de mon mestier [, Fl. et Bl. 1556]....Mesdisans, cele vilaine gent, Qui servi m'ont de leur vilain mestier [, Ms. de poésies franç. avant 1300, t. II, p. 597, dans LACURNE]Qui n'aime son mestier, Ne son mestier lui, Ce dit li vilains, [, Prov. du comte de Bret. ms. de St-Germain, f° 114, dans LACURNE]Bien li fu mestier que il eust en sa joenesce l'aide de Dieu [JOINV., 201]Des foilles y ot quatre paire, Que nature par grant mestire I ot assise tire à tire [, la Rose, 1671]Se certes ont de vous mestier [besoin], Servés les de vostre mestier [, ib. 7452]
- XIVe s. Quatre chandeliers, appellez mestiers d'argent [DE LABORDE, Émaux, p. 388]Se ma trompette alloit et faisoit son mestier, Tel le porroit oïr, espie ou messagier, Que aus Englois iroit ma venue noncier [, Guesclin. 18270]
- XVe s. Et si elle les festa et gracia grandement, ce n'est pas de merveilles, car elle avoit bien mestier de leur venue [FROISS., I, I, 177]Par quoi les gens que vous avez, et plus encore, vous feront bien mestier [besoin] [ID., I, I, 272]Et tost arez, sans delayer, Chose qui est sur le mestier, Qui vous plaira.... [CH. D'ORL., Rondel 49]Des trois mestiers qui sont d'armes tenus, Joustes, tournois et la guerre n'oublie [E. DESCH., Poésies mss. f° 204]Si y auroit bon mestier [besoin] d'un tel gouverneur à Paris [, Bouciq. IV, 3]Car, pour compaigner l'ypocras, On posera cy le mestier [pâtisserie sèche] [, Rec. de farces, etc. p. 335]Voicy le gracieux mestier, Pour faire la souppe jolye [, ib. p. 358]
- XVIe s. Mais il est paresseux, et craint tant son mestier, Que, s'il devoit jeuner, ce croy-je, un mois entier, Il ne travailleroit seulement un quart d'heure [DU BELLAY, VI, 18, verso.]Voilà comment sur le mestier humain Non les trois sœurs, mais Amour de sa main Tist et retist la toile de ma vie [ID., II, 31, recto.]Un jour, il alla mener ses grands chevaux (dont il commençoit à bien savoir le mestier) en une grande place de la ville [MARGUER., Nouv. XLII]Lycurgue ne permettoit point qu'ilz se peussent employer à mestier quelconque vil ne mechanique [AMYOT, Lyc. 52]Ilz entendoient très bien comment il falloit conduire telles brigues, et par importunité de crieries et de voye de faict, si mestier estoit, obtenir ce qu'ilz vouloient [ID., P. Aem. 60]Sur le dressoir qu'estoit en la chambre de ma dite dame avoit tousjours deux chandeliers d'argent que l'on appelle à la cour mestiers, là où il y avoit tousjours deux grands flambeaux ardants [, Honneurs de la cour, ms. p. 36, dans LACURNE]Toutes ces considerations mises en balance firent condamner ce pauvre malheureux à estre roué, et, auparavant estant mis sur le mestier [à la question], il confessa le tout à la descharge de la conscience de ses juges [PASQUIER, Recherches, liv. VI, p. 574]À d'autres, nous sommes du mestier [OUDIN, Curios. franç.]Ces gens-cy font de science mestier et marchandise [CHARRON, Sagesse, p. 526, dans LACURNE]C'est mestier juré, il n'en est pas qui veut [COTGRAVE, ]Mieux vaut mestier qu'esparvier [ID., ]Qui sçait mestier, il est renté [ID., ]Icy s'asseoir, là je la vy danser : Sus le mestier d'un si vague penser Amour ourdit les trames de ma vie [RONS., Amours de Cassandre.]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, mestî ; bourguig. métei, besoin ; provenç. mestrier, mester, meisteir ; espagn. et portug. mester ; ital. mestiere ; du lat. ministerium, office, service. En Normandie, dans les campagnes, on dit encore métier au sens de besoin, utilité.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- MÉTIER. Ajoutez :
métier
Corps de métier, Corps des artisans de même métier.
Arts et métiers. Voyez ART.
MÉTIER s'emploie quelquefois par opposition au mot Art. C'est faire d'un art un métier.
Il se dit aussi de l'Habileté technique, de l'expérience d'un art. Avoir du métier.
MÉTIER se dit, par extension, de Plusieurs professions non mécaniques. Le métier des armes. Le métier de la guerre. Cet officier aime son métier. S'il faut s'en rapporter aux gens du métier, ce tableau, cette musique, ce poème ne vaut rien. Consultez-le sur votre roman, il est du métier. Savoir son métier. Chacun son métier. Mêlez-vous de votre métier. La Bruyère a dit que c'est un métier de faire un livre.
Jalousie de métier, Jalousie qu'une rivalité d'intérêt ou de réputation fait naître entre personnes qui exercent la même profession, qui suivent la même carrière.
Faire métier d'une chose, Faire habituellement quelque chose dans des vues intéressées, en faire une sorte de trafic. Cet homme ne débite que des mensonges : il en fait métier. L'hypocrite, à la manière de Tartufe, est celui qui fait métier de dévotion.
Avoir coeur, le coeur au métier, Travailler avec zèle, avec ardeur, affectionner ce qu'on fait, ce qu'on doit faire.
Fam., Gâter le métier. Voyez GÂTER.
MÉTIER se dit figurément de Ce qu'on a coutume de faire; et, dans ce sens, il se prend ordinairement en mauvaise part. Le métier de coquette. Il fait métier de duper tout le monde. Il fait le métier de délateur, d'espion, de parasite. Un vilain métier. Un rude métier.
Prov. et fig., Quand chacun fait son métier, les vaches sont bien gardées, en sont mieux gardées, Toutes choses sont bien réglées, quand chacun ne se mêle que de ce qu'il doit faire.
Fig. et fam., Donner, servir un plat de son métier. Voyez PLAT.
Fig. et fam., Jouer un tour de son métier. Voyez JOUER.
MÉTIER se dit aussi d'un Mécanisme, d'un dispositif qui sert à certaines fabrications, à certains ouvrages. Un métier de brodeur, de tisserand, de passementier, etc. Métier à tapisserie. Métier à broder. La toile est sur le métier. Monter, démonter un métier. Des bas faits au métier. Ce fabricant a tant de métiers montés, tant de métiers battants.
Il se dit, figurément et familièrement, en parlant des Productions de l'esprit. Il a un roman sur le métier. Il faut remettre cet ouvrage sur le métier.
métier
MÉTIER, s. m. [Métié, 2 é fermés. — On écrivait autrefois mestier, on a écrit ensuite mêtier avec l'acc. circonflexe, pour marquer la supression de l's; mais cet accent n'est convenable que pour marquer l'ê ouvert.] 1°. C'est proprement la profession d'un Art mécanique. "Bon ou mauvais métier. "Le métier de Cordonier, de Serrurier, de Tisserand, etc. "Homme, gens de métier. "Les Corps des Arts et Métiers. = 2°. Il se dit figurément des professions les plus nobles; et ce mot, qui est bâs dans le propre, est élégant dans le figuré. Selon Balzac, les Peintres s'en ofensent, et les Généraux d'armée s'en font honeur; et les uns et les autres ont raison: telle est la bisârrerie de l'usage. On dit: "Le métier des armes; le métier de la guerre. "Cet Oficier aime son métier; il a le coeur au métier. "Cet Avocat, ce Médecin sait son métier. "Le métier de ceux qui comandent est le plus dificile de tous. On dit aussi, en parlant des ouvrages: "Il n'y a que les gens du métier qui en soient bons juges, Bouh. = Quelquefois pourtant métier, au figuré, se prend en mauvaise part. "Le devoir des Juges, dit la Bruyère, est de rendre la justice; et leur métier est de la diférer: quelques-uns savent leur devoir, et font leur métier. — On fait ordinairement mal ce qu'on ne fait que par métier. = Gâter le métier, c'est, figurément, faire au delà de son devoir. Mde de Sévigné écrit à sa fille. "Votre frère a fort bien fait: on l'admireroit, si vous ne gâtiez pas le métier: mais vos sentimens sont d'une perfection qui efface tout. = Servir un plat, ou jouer un tour de son métier; faire quelque tour d'adresse ou de fourberie; ou, en bonne part, présenter quelque chôse de relatif à sa profession, comme un Poète, des vers. = Avoir le coeur au métier; s'afectioner à ce qu'on a entrepris. "La lettre de votre enfant... est d'un homme satisfait, et qui a le coeur au métier. SÉV. = Faire d'une chôse métier et marchandise; la faire habituellement.
Qu'un honnête homme, une fois en sa vie,
Fasse un Sonnet, une Ode, une Elégie,
Je le crois bien:
Mais que l'on ait la tête bien rassise,
Quand on en fait métier et marchandise,
Je n'en crois rien.
= Jalousie de métier. "Sa Lettre (de Pline le Jeune sur Silius Italicus) anonce de l'humeur, et un peu de ce qu'on apelle jalousie de métier. Ann. Lit. = * On disait autrefois métier pour besoin. "Si métier est, pour, si besoin est.
3°. MÉTIER, machine qui sert à certains Artisans. "Métiers de Tisserand, de Passementier, etc. = Sa toile est sur le métier. "Monter un métier. "Des bâs faits au métier. = Figurément (st. famil.) quel ouvrage avez-vous sur le métier?
métier
métier
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