maître
(Mot repris de maîtres)1. maître, maîtresse
n. [ lat. magister ]2. maître
n.m.3. maître, maîtresse
adj.MAÎTRE
(mê-tr') s. m.Résumé
PROVERBES
- Il n'y a si petit métier qui ne nourrisse son maître.
- Qui a compagnon a maître, c'est-à-dire, dans une société on ne saurait, de son chef, disposer de rien.
- L'argent n'a point de maître, rien ne fait connaître à qui appartient une pièce de monnaie perdue.
- Pain coupé n'a point de maître, on peut toujours prendre un morceau de pain qui est tout coupé.
- Les bons maîtres font les bons valets.
- Nul ne peut servir deux maîtres, c'est-à-dire il est difficile de vaquer à deux emplois à la fois, de mener de front deux affaires, etc. ; proverbe emprunté à l'Évangile.
- Tel maître, tel valet, c'est-à-dire les valets suivent l'exemple du maître, particulièrement en mal.
- Qui sert bon maître, bon loyer en reçoit.
- Il faut être compagnon de sa femme et maître de son cheval, c'est-à-dire il faut traiter doucement l'une et gourmander l'autre.
REMARQUE
- L'Académie écrit maître autel sans trait d'union ; mais à autel, elle écrit maître-autel. On peut donc mettre ou omettre le trait d'union.
HISTORIQUE
- XIe s. Tut le plus maistre, il apele Besgun (Besgun qui de tous est le chef) [, Ch. de Rol. CXXXV]
- XIIe s. [Chevaliers] Qu'il ot fait adouber en son maistre donjon [, Saxons, VIII]Qui estoit en la vile en sa maistre meson [, ib. XXII]Le maistre cercle [du casque] [il] en a jus avalé [, Ronc. 91]La cruiz arcevesqual fist porter à sa destre, Et la reisgne del frein tint en la main senestre : Fait out sun avocat de Jesu Crist sun mestre [, Th. le mart. 38]Helyarep e Abia li fiz Sisa furent maistre escrivain de la curt Josaphat [, Rois, p. 237]
- XIIIe s. Se lor pese [s'ils sont fâchés] de ce que vous ai dit, Si s'en prennent à mon maistre d'Oisi, Qui m'a apris à chanter dès enfance [QUESNES, Romanc. p. 98][Le lion] A son maistre estranglé, qui fut de Picardie [, Berte, II]Qu'il soit de ceste chose et maistre et conseillere [, ib. XI]Je sui maistre [grand sénéchal] le roy qui France a à garder [, ib. CXII]De Symon fist li rois son mestre conseiller [, ib. CXXIX]...mais que [si ce n'est que] de blanc un peu les diaspra Li maistres qui les fist [des armoiries] [, ib. CXXXI]La fille Alimodes le roi Vit son ami en tel effroi ; Bien sait qu'il a trouvé son maistre [, Blancandin]De tel geu com l'en fait des mains Estoit-ele dame et il mestre [, Lai de l'ombre]Il m'avoit pris à menacier, Et je le soi si enlacier De blanches paroles et pestre, Que j'en ai resté à bon maistre [, Ren. 16282]Quant les chevaus furent ens, nostre mestre notonnier escria à ses notonniers qui estoient ou bec de la nef.... [JOINV., 210]Et li fiex [fils] malles [mâle] de la tierce feme demanda l'uistieme de tout l'iretage, c'est à savoir les deux pars des fiés et le mestre manoir et l'ommage de le [la] tierce partie de ses sereurs [BEAUMANOIR, XVII, 6]Escier est une cité moult grant qui est vers maistre [septentrion] [MARC POL, p. 706]Lié [joyeux] sont de chou [ce] que il n'y a Peril et que bien garira ; Car li maistre [médecins] ainsi dit leur ont [DU CANGE, magister.]
- XIVe s. L'office du maistre d'ostel est de pourveoir des salieres pour la grant table, hanaps, etc. [, Ménagier, II, 4]Et encor, dit Henris, je vouldrai qu'il m'ottrie [octroie] Daniot et Turquant, qui sont de sa maisnie, De son maistre conseil et là où plus se fie [, Guesclin. 9318]Car chascun si faisoit le mestre, En Bretaigne duc vouloit estre [, Livre du bon Jehan, V. 2448]En nostre ville d'Aucerre avoit quatre maistres appellez maistres du patron de la jauge [DU CANGE, magister.]Mestre Yves, mestre des paveillons, prendra une provende d'avoine [ID., ib.]À la relacion de deux des maistres de la loy [rabbins] des dis Juys [Juifs] [ID., ib.]Le mestre des hereges [maître des hérétiques, inquisiteur] [ID., ib.]De la partie de noz bien amez le maistre escole et docteurs regens en l'estude d'Angiers, nous a esté exposé que comme le dit maistre escole à cause de sa dignité de maistre escolerie soit chief et recteur du dit estude.... [DU CANGE, magiscola.]
- XVe s. Les aucuns [prisonniers] mis incontinent à finance, combien que messire Bertrand ne le fust pas si tost, d'autant que messire Jehan Chandos, qui estoit son maistre [qui l'avoit fait prisonnier], ne le vouloit point delivrer [FROISS., livre I, p. 329, dans LACURNE]Et fist en celle maniere plusieurs grans maistres [grands personnages de Gand] tuer [ID., ib. p. 38]Et tellement se maintint en cest estour [joute] que, ainçois qu'il trouvast son maistre il porta dix chevaliers par terre [, Perceforest, t. V, f° 29]Mauvaisement peult l'homme estre maistre de son mestier, devant qu'il ayt la main mise à l'œuvre [, Perceforest, t. IV, f° 114]Le coup descendit sur le col du cheval et luy trencha le maistre os, et le chevalier et le cheval cheurent tous en ung mont à terre [, ib. t. I, f° 86]Maistre Michel de Cernay, aumosnier du roy l'an 1385 ; il avoit esté maistre d'escolé du dit roy, lors qu'il estoit dauphin l'an 1378 [GODEFROY, Annot. sur l'hist. de Charles VI, p. 783, dans LACURNE.]Ne te pars plus de la maison, Si ce n'est pour ton grant honeur ; Quand ton maistre et ton droit seigneur Chevauchera, là yras-tu [E. DESCH., Poésies mss. f° 520]Jean Taillecourt maistre joueur de l'espée à deux mains et du boucler [DU CANGE, magister.]Le principal se nommoit maistre Lievin Bouc, la quelle mai trise luy venoit pour ce qu'il avoit esté maistre des maçons de la dite ville de Gand, et non pas pour aucune science de quelque degré qu'il eut acquise [MATHIEU DE COUCY, Hist. de Charles VII, p. 622, dans LACURNE]Si dit qu'il sera d'or en avant maistre de soy [, Bouciq. I, 6]Car se venir peux en la fin, Passé seras maistre ordinaire [VILLON, Franches repues.]Je congnois le maistre au valet [ID., Ballade des menus propos.]Et premierement que quiconque veult estre maistre et avoir la franchise d'icelluy mestier, il convient que icelluy maistre viengne par devers les jurez dudit mestier, en leur requerant qu'il leur plaise de le recevoir à estre passé maistre audit mestier... Item, il convient que celluy qui veult estre ainsy passé maistre fasse son experiment devant les maistres.... [, Ordonn. déc. 1485]
- XVIe s. Laissant croistre amont le jetton du milieu, qui se trouvera le plus droit, pour servir de maistre-pied ou tige [O. DE SERRES, 638]Vous verrez que ces mestres de camp ont perdu leur maistrise, et ont leurs soldats pour ennemis depuis qu'ils se sont faits valets [D'AUB., Faen. III, 21]Le grand maistre de l'artillerie avoit ses lieutenans et 59 canonniers [ID., Hist. III, 87]Le maistre des ceremonies planta sa banniere au premier ranc de la maistresse main, que l'on dict communement de l'evangile [CARLOIX, III, 2]Cela fait [le vif argent ainsi préparé], on peut dire estre un maistre Jehan, qui fait choses grandes et et quasi miraculeuses, pourveu qu'on le sçache bien manier à luy faire sauter le baston.... [PARÉ, XXIII, 47]C'est [le jour de la mort] le maistre jour, c'est le jour juge de touts les aultres [MONT., I, 67]Se rendre maistre de sa cholere [ID., II, 115]L'un des maistres-queux de la maison d'Antonius [AMYOT, Anton. 33]Tant vault le petteler [l'action de fouler aux pieds, de marcher] du maistre du jardin comme vault le fumer d'aultruy [GÉNIN, Récréat. t. II, p. 250]Quant au mot de maistre, si est-ce que nous rapportons aujourd'hui ceste qualité aux moindres, comme sont les escoliers et maistres es arts et maistres des mestiers [PASQUIER, Recherch. livre VIII, p. 688, dans LACURNE]Dans les roolles [du parlement] sont les clercs qualifiez maistres, et les laiz [laïques] messires parce que c'estoient gens suivans les armes ; ny pour cette qualité de messire ou monsieur, ceux-cy n'estoient plus authorisez que les maistres, parce que, quand on parloit des seigneurs de parlement en leur general, on les appeloit ordinairement maistres du parlement [ID., ib. liv. II, p. 46]Les procureurs et gens de langue, en fournissant quelque procès, seront tenus de fournir en mesme temps une procuration en forme de leurs maistres ou cliens [, Nouv. coust. génér. t. I, p. 942]Je ne peux pas finir la presente sans vous faire part de l'avis qui nous a esté donné de la reprise de Javarin par les chrestiens, ainsi que vous verrez par la lettre d'Orlandin, maistre des couriers de Lyon, que je vous envoye [, Mém. de Bellievre et de Sillery, p. 265, dans LACURNE]Un jour vint au roy Alexandre un maistre d'œuvres [architecte], nommé Dinocrates, adverti que le roy vouloit construire une ville magnifique de son nom [MACHIAVEL, Disc. sur Tite Live, p. 21, dans LACURNE]Proverbe qui dit que de grand maistre hardy valet [H. EST., Apol. pour Hérod. p. 674, dans LACURNE]On dit qu'il n'est ouvrage que de maistre [MOLINET, p. 142, dans LACURNE]À pere, à maistre et à Dieu tout puissant nul ne peut rendre l'equivalent [COTGRAVE, ]En pont, en planche et en riviere, valet devant, maistre derriere [ID., ]Jamais ne gaigne qui precede à son maistre [ID., ]Il est plus d'ouvriers que de maistres [ID., ]Nouveau apprenti n'est pas maistre [ID., ]À ton maistre ne te dois jouer, Ni à plus haut que toy frotter [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 87]Le tiltre ne fait pas le maistre [ID., ib. p. 88]
ÉTYMOLOGIE
- Picard, mète, moite, moète ; wallon, mais' ; bourguign. moitre ; provenç. majestre, maiestre, mayestre, maestre, mestre ; espagn. maestre ; portug. mestre ; ital. maestro ; du lat. magistrum, qui est de même radical que magis (voy. MAIS). D'après Corssen, magister et minister, qui sont symétriques, sont deux doubles comparatifs formés de is pour ios, ius (sanscr. iyans,) et ter, sanscr. tara. Magister = may-ius-ter, le plus grand ; minister = min-ius-ter, le plus petit. Mahitre ou le Mahitre, nom propre qu'on rencontre, est peut-être une ancienne forme conservée (voy. maïstresse à l'historique de MAÎTRESSE).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- MAÎTRE. Ajoutez :
- Voici l'explication que Mme de Motteville donne de cette dénomination. Quand il [le prince de Condé] venait chez la reine, il remplissait sa chambre des personnes du royaume les plus qualifiées ; ses favoris, qui étaient la plupart des jeunes seigneurs qui l'avaient suivi dans l'armée, et participant à sa grandeur comme ils avaient eu part à la gloire qu'il y avait acquise, avaient été appelés les petits-maîtres parce qu'ils étaient à celui qui le paraissait être de tous les autres, Mém. p. 111.
maître
Se rendre maître d'une place, d'un poste, d'une position, S'en emparer par la force, par la conquête. On dit dans un sens analogue : Après une lutte acharnée, l'ennemi resta maître du champ de bataille.
Se rendre maître des esprits, des coeurs, Prendre de l'empire sur les esprits, gagner les coeurs.
Se rendre maître de la conversation, Y jouer le principal rôle, la diriger sur le sujet qu'on préfère.
Se rendre maître du feu, Arrêter les progrès d'un incendie. Être maître du feu, S'être assuré que le feu ne fera plus de progrès.
Être maître de ses passions, Les dompter, les vaincre. Être maître de soi, Se posséder. Au cours de cette séance orageuse, il est resté maître de lui.
Cet écrivain, cet orateur, ce poète est maître de son sujet, est maître de sa matière, Il la possède et il est en état de la bien traiter.
Ce chanteur est maître de sa voix, Il la dirige avec facilité.
Être le maître, être maître de faire quelque chose, Avoir la liberté, le pouvoir de faire quelque chose. Vous êtes maître de choisir. Vous êtes le maître d'y aller ou de n'y pas aller. On dit absolument, Vous êtes bien le maître; et par civilité, Nous irons où il vous plaira, où vous voudrez, vous êtes le maître.
Trouver son maître, Avoir affaire à quelqu'un de plus fort, de plus habile que soi. On dit dans un sens analogue : En art, en littérature, les anciens sont nos maîtres.
Il désigne encore Celui, celle qui a des domestiques. Bon maître. Mauvais maître. Servir son maître. Ce valet de chambre change sans cesse de maître. Cette femme est bonne maîtresse, elle traite bien ses domestiques.
Prov., Tel maître, tel valet, Les valets prennent les habitudes de leurs maîtres.
Fig., Par une façon de parler empruntée de l'Écriture, Nul ne peut servir deux maîtres, On ne peut être l'homme de deux causes qui s'opposent, de deux opinions qui se contredisent.
MAÎTRE signifiait jadis Possesseur, propriétaire. Il n'est plus guère employé qu'à propos d'un chien : Ce chien a perdu son maître. Ce chien a tout de suite reconnu la voix de son maître; et dans les expressions suivantes : Cheval de maître, voiture de maître, par opposition à Cheval de louage, voiture de louage.
Fig., L'oeil du maître, La surveillance, la sollicitude du propriétaire. Il n'y a rien de tel que l'oeil du maître.
Prov., L'argent n'a point de maître, Rien ne fait connaître à qui appartient une pièce de monnaie perdue.
Fam., Il trouvera maître, se dit d'un Bijou, d'un objet perdu et signifie Il y aura quelqu'un qui le réclamera ou qui se l'appropriera.
MAÎTRE signifie en outre Celui qui enseigne quelque art ou quelque science. Maître de danse. Maître d'armes. Il a travaillé à la satisfaction de tous ses maîtres. Le maître avait réuni tous ses anciens élèves. Dans cette acception, il tend de plus en plus à être remplacé par Professeur. On dit Professeur de mathématiques, d'anglais, de violon. Cependant on dit encore Maîtresse de piano.
Maître de conférences, Celui qui, dans une Université, est adjoint au professeur en titre pour diriger les exercices pratiques.
Maître ès arts, Celui qui avait reçu, dans une Université, les degrés qui donnaient pouvoir d'enseigner les humanités et la philosophie.
Maître, maîtresse de pension, Celui, celle qui prend des enfants en pension pour les instruire.
Maître, maîtresse d'école, Celui, celle dont l'école est destinée à donner aux enfants les connaissances les plus élémentaires. On dit aujourd'hui Instituteur, institutrice primaire.
Maître, maîtresse d'étude, Celui, celle qui, dans un collège, surveille les élèves pendant les heures de travail et de récréation. On dit plutôt aujourd'hui Répétiteur, répétitrice.
Fig., Le temps est un grand maître, Le temps résout beaucoup de difficultés.
Jurer sur la parole du maître, Adopter aveuglément et soutenir les opinions d'un homme en qui l'on a une confiance absolue.
Le maître l'a dit, Sentence empruntée des Anciens et qui signifie qu'Un chef d'école a décidé une question et que ses disciples ne se permettent pas d'examiner, de discuter après lui.
MAÎTRE s'est dit aussi de Celui qui, après avoir été apprenti, était reçu avec les formes ordinaires dans quelque corps de métier. Maître cordonnier, tailleur, maçon, charron.
Il se dit encore aujourd'hui des Artisans qui emploient ou dirigent plusieurs ouvriers, qui ont des ateliers, qui font des entreprises, etc. Le devis du maître maçon. Maître imprimeur.
Fig. et fam., Il est passé maître en fourberie, C'est un grand fourbe. Maître chanteur. Voyez CHANTEUR.
Maître clerc, Celui qui dans une étude de notaire ou d'avoué est le premier des clercs. On dit plutôt aujourd'hui Premier clerc.
Maître d'hôtel, Celui des domestiques qui dirige le service de table.
En termes de Marine, Maître d'équipage, ou simplement Maître, Le premier sous-officier de manoeuvre, qui a autorité sur toutes les personnes de l'équipage. On dit aussi, dans des sens analogues, Maître canonnier; maître charpentier; etc.
En termes de Chasse, Maître d'équipage désigne Celui qui dirige une chasse à courre.
MAÎTRE se joint quelquefois à des adjectifs ou à des noms désignant des défauts, des vices, pour indiquer que ces défauts, ces vices sont portés à leur plus haut degré. Maître sot. Maître coquin. Maître fripon.
On dit aussi, dans un sens favorable, Un maître homme, une maîtresse femme, Un homme, une femme entendus, habiles, qui savent se faire obéir, se faire servir.
MAÎTRE se dit aussi de Celui qui possède un grand talent, une supériorité reconnue en quelque matière que ce soit. Les maîtres de l'art. Un maître écrivain. Coup de maître. Un travail fait de main de maître.
Il se dit particulièrement, en termes de Beaux-Arts, des Grands peintres, sculpteurs ou musiciens. Les maîtres de l'école française, de l'école vénitienne. Un tableau de maître. Les maîtres italiens, les maîtres flamands. Ce tableau est d'un grand maître.
Les petits maîtres se dit des Maîtres qui se sont spécialisés dans les compositions de genre et de dimensions réduites. Les petits maîtres du XVIIIe siècle.
MAÎTRE, en termes de Palais et de Procédure, est aussi un Titre qu'on donne aux avocats, aux avoués, aux notaires, etc. Maître N., n'avez-vous rien de plus à dire pour la défense de l'accusé? Par-devant maître un tel et son confrère, notaires à Paris.
Fam., Maître aliboron. Voyez ALIBORON.
Fig. et fam., Maître Jacques, Homme qui réunit plusieurs emplois dans une maison, par allusion à L'Avare, comédie de Molière. Il est à la lois cuisinier, valet de chambre, cocher; c'est un maître Jacques.
Fam., Petit-maître, Jeune homme qui se fait remarquer par une élégance recherchée dans sa mise et par un ton avantageux avec les femmes. Il fait le petit-maître.
Petite-maîtresse, Femme qui est d'une élégance recherchée dans son ton, dans ses manières, dans sa parure, dans son ameublement. Elle a une coquetterie de petite-maîtresse. Des airs, des manières de petite-maîtresse.
MAÎTRE est aussi le Titre des personnes revêtues de certaines charges. Maître des requêtes. Maître des comptes. Maître des cérémonies.
Maître de chapelle, Celui qui est chargé de diriger le chant dans une église, et plus particulièrement de former les enfants de choeur.
MAÎTRE était encore un Titre qu'on donnait aux chefs des ordres militaires, des ordres de chevalerie. Grand maître de l'ordre de Malte.
Grand maître de l'université, Titre donné, à diverses époques, au chef de l'Université de France.
MAÎTRESSE signifie spécialement Femme ou fille qui vit avec un homme dans un commerce d'amour et de galanterie. C'est sa maîtresse. Il a eu plusieurs maîtresses.
MAÎTRE et MAÎTRESSE se disent aussi adjectivement pour signifier Qui est premier ou principal, en parlant des Choses inanimées qui sont de même nature. Le maître brin d'une plante. La maîtresse poutre. La maîtresse branche. Le maître-autel, L'autel principal dans une église.
maître
MAîTRE, MAîTRESSE, s. m. et f. MAîTRISE, s. f. MAîTRISER, v. act. [Mêtre, trèce, trize, tri-zé: 1re lon. mais plus au 1er qu'aux deux aûtres; 2e e muet au 1er, è moy. au 2d, lon. au 3e] Maître, Maîtresse, 1°. Celui, celle, qui a des domestiques, des esclâves. "Bon maître; bone maîtresse. = 2°. Qui enseigne. "Maître à danser. Maître de Musique. Maître, ou maîtresse d'école. = 3°. Celui, celle qui est reçu dans quelque corps de métier. "Maître cordonier. Maîtresse lingère. = 4°. Maître, savant, expert en quelque art. "Homère, Virgile sont deux grands maîtres en Poésie. "Les Maîtres de l'art. "Il prêche en maître. "Coup de maître. — On ne dit point maîtresse en ce sens. = 5°. Titre doné aux Avocats, Gréfiers, etc. Maître tel. = 6°. En termes de Marine, le premier Oficier marinier, qui comande toute la manoeuvre. Sur la mer méditerranée on l'apèle Nocher. = 7°. Maîtres, au pluriel, cavaliers. "Une Compagnie de cinquante maîtres. = 8°. En parlant de certaines chôses, il est adj. Premier ou principal. "Le maître autel. "Le maître brin d'une plante, etc.
Rem. On dit, se rendre maître d'un Royaume, le conquérir; et se rendre le maître dans un royaume, y devenir le plus fort. Plusieurs Auteurs ont confondu ces deux expressions. "Maxime se rend Maître à Rome. Boss. Il falait dire, suivant le sens qu'avait en vue l'Auteur; se rend maître de Rome, ou se rend le maître à Rome. "Non-seulement, il se rendit le maître de cette Province, mais il y joignit la Cilicie. Let. Édif. "Avant que les Maures s'en fussent rendus les maîtres. Ibid. — Je crois qu'il falait; il se rendit maître de, etc. Avant qu'ils s'en fussent rendus maîtres. = Être maître, et être le maître, ont aussi des sens et des emplois diférens. Le 1er se dit dans le figuré et signifie, dominer, assujétir, se rendre maître de. Il régit le génitif.
Cette haine atachée aux restes de mon être
A pris un ascendant, dont je ne suis plus maître.
Gresset, Sidney.
"Il parait être maître de tous les autres hommes, mais il n'est pas maître de lui-même. Télém. — Être le maître, se dit dans le propre et sans régime des noms. Il signifie comander. "Ici, je suis maître et vous êtes esclâve. Marm. L'oposition de maître et d'esclâve fait passer l'irrégularité de l'expression. Il aurait été mieux de dire: ici je suis le maître et vous êtes l'esclave, le serviteur: je suis fait pour comander et vous pour obéïr. Être le maître régit de devant les verbes. "Vous êtes le maître de faire ce que vous voudrez. = Passer maître se dit, dans le propre, des artisans, qui sont reçus à la maitrise. Être maître passé se dit, au figuré, d'un homme habile et rusé. "Retournant à la charge, comme maître passé en l'art oratoire. — La Fontaine dit, dans la Fable du Renard et du Bouc.
Celui-ci ne voyoit pas plus loin que son nez,
L'autre étoit passé maître en fait de tromperie.
La contrainte de la mesûre lui a fait placer pâssé devant maître. = De main de maître, adv. Parfaitement. "Vous serez satisfait de la description d'un orage (dans le Poème des saisons) elle est de main de maître. ANN. LITT. "Ce portrait (des Philosophes, dans l'Homme Dangereux) est tracé de main de maître.
Le proverbe dit: l'oeil du maître engraisse le cheval: il faut tout voir par soi-même, et ne pas s'en raporter aux aûtres. — Tel maître, tel valet; les valets imitent les maîtres. — Trouver son maître, un plus habile que soi. — "C'est un maître gonin; un homme fin, rusé; un maître coquin, un grand coquin.
MAITRESSE, Amante, n'est plus depuis long-tems du beau style. Racine le bannit du style noble, et s' il se troûve deux fois dans ses pièces, c'est dans un sens de mépris. — Phénix dit à Pirrhus, qui renvoie Oreste à Hermione.
Ainsi vous l'envoyez aux pieds de sa maîtresse.
Et Mithridate dit en colère.
J'ai besoin d'un vengeur et non d'une maîtresse.
Cependant les Tragiques modernes et Voltaire lui-même ont employé maîtresse pour la comodité de la mesure ou de la rime.
PETIT-MAîTRE, jeune homme, qui se distingue par un air avantageux, par des manières libres et étourdies. — L'origine de ce mot est le tems de la Fronde. "On avait apelé la cabale du Duc de Beaufort, celle des Importans, on apelait celle du Prince de Condé, le parti des Petits-Maîtres, parce qu'ils voulaient être les maîtres de l'État. Il n'est resté de tous ces troubles d'autres traces que ce nom de Petit-Maître, qu'on aplique aujourd'hui à la jeunesse avantageûse et mal élevée. Siècle de Louis XIV. "Un Petit-Maître, avec ses grimaces, est aussi loin du caractère d'un galant homme, qu'un faux dévot, avec son air sanctifié, est éloigné du caractère d'un homme véritablement religieux. MARIN, l'Homme Aimable. = Peite-maîtresse, femme, qui afecte les manières d' un petit-maitre. — Celui-ci est plus nouveau, parce que le ridicule qu' il représente est devenu depuis quelques années plus outré et plus comun. = On doit dire, au pluriel, des petits maîtres, des petites-maîtresses, et non pas de petits-maîtres, etc. Voy. MAISON, à la fin.
MAîTRISE, qualité de maître, en parlant des Arts et Métiers. Il a acheté la maîtrise. — Grande-maîtrise, se dit de certaines dignités, ou charges. La grande-maîtrise de Malte. "La grande maîtrise des Eaux et Forêts.
MAîTRISER, gouverner en maître. "C'est une injustice de vouloir maîtriser ses égaux. "Ne vous laissez pas maîtriser. = Il est beau au figuré avec le régime des chôses. "Le pêcheur est l'esclâve des passions qu'il croit maîtriser. P. Berthier. "Maîtrise enfin une douleur, qui te conduit à une double mort. Jér. Dél. "Cette fière Princesse, qui savoit si bien juger et maîtriser le danger. Hist. des Tudors. * L'Ab. Prévot (Hist. des Stuarts) a employé maîtrisant adjectivement. "Son naturel (de Cromwel) lui dictoit une impérieuse et maîtrisante politique. "L'esprit maîtrisant des Presbytériens. — c'est un anglicisme.
maître
maître
maître
(mɛtʀ) masculinmaîtresse
Meister, Wirt, Baas, Lehrer, Rabbimaster, maestro, chief, adept, boss, schoolmaster, leader, teacher, warrant officer, main, major, rulermeester, baas, heer, grootmeester, maëstro, patroonאדון (ז), בעל (ז), גביר (ז), מורה (ז), מלמד (ז), מעסיק (ז), מר (ז), משעבד (ז), פטרון (ז), רב (ז), רב-אמן (ז), רבי (ז), ריבון (ז), אָדוֹן, גְּבִיר, מוֹרֶה, מְלַמֵּד, מְשַׁעְבֵּד, רַב-אָמָּן, רִבּוֹןmajstro, mastromaestro, magíster, señor, amoδάσκαλος, αφέντηςгосподин, преподаватель, хозяинpadrone, maestroصَاحِبُ الـْمَنْزِلِpánherreisäntägospodar長주인herrepanmestrehusbondeเจ้านายefendichủ主人 (mɛtʀɛs) fémininnom
maître
[mɛtʀ, mɛtʀɛs]les maîtres du monde → the rulers of the world
être maître de [+ soi-même, la situation] → to be in control of
se rendre maître de [+ pays, ville] → to gain control of; [+ situation, incendie] → to bring under control
être son propre maître → to be one's own master
chambre de maître → master bedroom
maître boulanger → master baker
être passé maître dans l'art de → to be a past master in the art of
un coup de maître → a master stroke