maint
maint, e
[ mɛ̃, mɛ̃t] adj. [ du germ. ]maint
(mɛ̃)mainte
(mɛ̃t)adjectif
maint
maint
Maint, m. Est une diction qui signifie aussi au nombre singulier, multitude de ce qui est signifié par le nom auquel elle est adjoustée. Comme maint cheval, mainte jument, Multi equi, multae equae, magnus equorum, equarumve numerus. Et ne laisse pourtant d'estre usée au pluriel, comme, maints hommes, maintes femmes, multi homines, multae mulieres. Elle est quelquesfois mise seule, comme, Il y a maints qui en seront marris, et maintes s'en guermenteront, Multi multaeque aegre ferent. Mais il est sousentendu hommes.
Mainte, f. penac. voyez Maint.
maint
*MAINT, MAINTE, adj. MAINTE-FOIS, adv. Plusieurs. — Plusieurs fois. = Du tems de M. Coeffeteau on se servait de l'adjectif en vers et en prôse. Il dit lui-même, qu'un législateur avoit fait maintes belles lois. Vaugelas ne l'aprouvait que dans un poème héroïque, et voulait encôre qu'on ne l'employât que rârement. Ménage disait que, quoique vieux et presque décrépit, ce mot étoit encôre en usage dans la haute poésie et dans le style burlesque; mais qu'ailleurs on ne s'en servait plus. Th. Corneille pensait qu'il n'a de grâce que dans le burlesque et le comique. La Monnoie lui en trouvait encôre dans ce qu'il apèle le sublime enjoué, et citait ces vers de la Sat. VI de Boil.
Où maint grec afamé, maint avide argien,
Au travers des charbons va piller le troyen.
Rousseau a dit aussi dans une ode de ce st. enjoué.
Bannis l'erreur générale,
Qui jadis en maint écrit,
Plaça la saine morale.
Aujourd'hui maint n'est usité que dans le marotique.
Certain ivrogne, après maint long repâs,
Tomba malade.
Rouss.
La vigne se plaignoit un jour au vigneron
De ce qu'il lui coupoit maint et maint rejeton.
L'Ab. Reyre.
Voy. Fortune des mots, au terme MOT.
Pour maintefois, dès le tems de Vaugelas on ne le disait à la Cour qu'en râillant, et de la même façon qu'on disait ains au contraire: on ne l'écrivait plus. Aujourd'hui il ne s'écrit pas non plus, excepté dans de petites poésies badines ou comiques.
Moi-même maintes fois je m' y suis brûlé l'aile...
Moi-même maintes fois j'ai manqué d'y rester.
L'Ab. Reyre.
Cet aimable Auteur écrit comme l'Acad. Il me semble qu'on doit écrire maintefois, sans s en un seul mot; comme on écrit toutefois, et non pas toutes fois, d'autant mieux que maint s'est toujours dit plus souvent au singulier qu'au pluriel. = M. Marin est d'un avis contraire, et pense qu' on le met indiféremment au singulier ou au pluriel.