merveille
merveille
n.f. [ lat. mirabilia, de mirabilis, admirable ]MERVEILLE
(mèr-vè-ll', ll mouillées, et non mèr-vè-ye) s. f.REMARQUE
- FAIRE MERVEILLE, FAIRE DES MERVEILLES. Faire merveille se dit des choses, et signifie que ces choses font très bien : Cette figure fait merveille dans ce tableau. Faire des merveilles ou faire merveilles se dit des personnes, et signifie que ces personnes ont fait des choses merveilleuses : Cet orateur a fait aujourd'hui des merveilles. Telle est la décision de Laveaux. Mais cette distinction n'est pas observée. Ainsi voici des exemples de Mme de Sévigné, où, suivant cette décision, il faudrait faire merveille : Il [le roi] courut un cerf au clair de la lune ; les lanternes firent des merveilles ; le feu d'artifice fut un peu effacé par la clarté de notre amie [SÉV., 46]Une grande allée où le couchant fait des merveilles [ID., 30 nov. 1689]En voici d'autres de Corneille et de Molière où il faudrait, suivant la même décision, faire des merveilles ou faire merveilles :Déguisant son nom et cachant sa famille, Il avait fait merveille aux guerres de Castille [CORN., D. Sanche, V, 8]Au reste, il fait merveille en vers ainsi qu'en prose, Et pourrait, s'il voulait, vous montrer quelque chose [MOL., Fem. sav. III, 5]
HISTORIQUE
- XIe s. Dist li paiens : merveilles en ai grant [, Ch. de Rol. X]Ce est merveille que Deus le soufre tant [Roland] [, ib. CXXXII]Non est merveille se Charles ad irur [colère] [, ib. CCII]
- XIIe s. N'est pas merveilles se m'aïr [je m'irrite] Vers amor qui m'a tant grevé [, Couci, III]
- XIIIe s. Quant li rois Felippes le sot, si en fu merveilles liés [joyeux] [, Chr. de Rains, 15]Moult grans merveille estoit leur biauté à regarder [VILLEH., LXI]Ce n'estoit pas merveille se li cuers lui douloit [, Berte, XXVIII]À tant [ils] saillent hors du batel, Et vinrent à Jehan isnel, Cui il voient faire mervelles [, Bl. et Jeh. 4356]Et disoient que il avoient trouvé merveilles de diverses bestes sauvages et de diverses façons [JOINV., 220]
- XVe s. Or furent ces trois chevaliers qui merveilles cuidoient faire, plus esbahis que devant [FROISS., II, III, 78]Batailles mortelles, desolations de plusieurs eglises, citez, villes et forteresses, depopulation de moult de pays, et autres merveilles piteuses à recorder [MONSTRELET, Prologue.]Et n'estoit point de merveilles se le roy en avoit crainte ; car son frere eust esté bien grant, se le mariage eust esté fait [COMM., III, 8]Avez-vous merveille [êtes-vous surprise], si je le demande ? [LOUIS XI, Nouv. XIX.]
- XVIe s. Jouer à honnestes jeux, comme aux merveilles, aux estats, aux ventes, aux vertus, aux rencontres et autres [YVER, 524]Ils veulent persuader que leur hierarchie est tant bien ordonnée que merveilles [CALV., Inst. 880]Homme grand, fort et beau à merveilles [AMYOT, Arist. 34]Chascun luy rapporta qu'il faisoit merveille de le louer partout [ID., Comm. refréner la colère, 17]
ÉTYMOLOGIE
- Bressan, moraville ; bourguig, morvaille ; Berry, marveille ; provenç. meravelha, meravilla ; espagn. maravilla ; portug. maravilha ; ital. maraviglia ; du lat. mirabilia, choses merveilleuses, pluriel neutre de mirabilis, admirable.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- MERVEILLE. Ajoutez :
- XVIe s. Ajoutez : Et la merveille [sorte de plante] un nom bien avenant [J. PELLETIER DU MANS, la Savoye (1572), Chambéry, 1856, p. 294]
HISTORIQUE
merveille
Les sept merveilles du monde, Les murailles et les jardins de Babylone, ouvrages de Sémiramis; les pyramides d'Égypte; le phare d'Alexandrie; le tombeau qu'Artémise fit élever pour Mausole, son mari; le temple de Diane à Éphèse; celui de Jupiter Olympien à Pise, en Élide; et le colosse de Rhodes.
Par exagération, C'est une des sept merveilles du monde, se dit d'un Superbe édifice, ou de quelque autre chose semblable, étonnante en son genre. On dit de même C'est la huitième merveille du monde.
Fam., Ce n'est pas grande merveille, ou, par ironie, Voilà une belle merveille, se dit Pour rabaisser une chose, une action que quelqu'un veut faire passer pour admirable.
Fam., C'est une merveille, c'est merveille de vous voir, se dit Pour faire un reproche d'amitié à quelqu'un qu'on avait coutume de voir et qu'on ne voit plus que rarement.
Fam., Faire merveille, faire merveilles, faire des merveilles, Se distinguer dans quelque circonstance par un zèle, un courage, une adresse, un talent extraordinaires. Je l'ai vu faire merveilles ce jour-là.
Fig., et fam., Promettre monts et merveilles. Voyez MONT.
À MERVEILLE, loc. adv. Très bien, parfaitement. Il prêche à merveille. Il peint à merveille. Il danse, il chante à merveille. Ce costume vous va à merveille. Il se dit aussi après une interrogation pour marquer un Acquiescement complet, réel ou ironique. Vous voulez qu'il en soit ainsi? À merveille!
merveille
Merveille, Admiratio, Admirabilitas, Miraculum.
C'est merveille, Mirum, Dit par response.
Il semble à le voir que ce soit merveille, Inane et fallax specimen virtutum prae se fert, B.
C'est bien de merveille s'il n'a à souper quelque peu beu d'advantage, Mira sunt nisi inuitauit sese in coena plusculum.
Ce n'est point de merveille, Minime mirum, Nec mirum.
Quasi, ou comme si c'estoit quelque chose de merveille qu'une putain soit eshontée, Mirum vero, impudenter si facit meretrix.
A merveilles, Mirifice, id est, ad miraculum vsque.
Images qu'on tient à grand merveille, Mirabiles fama effigies.
Par grande merveille, Admirabiliter, Monstrifice.
merveille
Merveille, ou Pomme de Merveille, ou Pomme de Jerusalem, Balsamine.
merveille
MERVEILLE, s. f. MERVEILLEUX, EûSE, adj. MERVEILLEûSEMENT, adv. [Mêrvè-glie, glieû, glieû-ze, zeman; 1reê ouv. 2e è moy. Mouillez les ll; 3e e muet au 1er, lon. aux trois autres.] Merveille, chôse qui cause de l'admiration. "Grande, râre merveille. "C'est une merveille, une grande merveille. = En style famil. et sans article; ce n'est pas merveille, ou grand' merveille. = Une jeune merveille, une jeune persone extrêmement belle.
Rem. 1°. Il y a eu autrefois des Auteurs, qui ont fait merveille masc. et qui ont dit, un merveille, un grand merveille, ce merveille. = 2°. Merveille, miracle (synon.) On peut apeler merveille un phénomène de la natûre, dont nous ne conoissons pas la caûse: mais il est des prodiges que l'on ne peut atribuer à une caûse naturelle: ils se noment miracles. L'Abé Bergier. = 3°. C'est une merveille, régit de devant les verbes. "C'est une merveille de vous voir, ou que de vous voir: reproche amical qu'on fait à quelqu'un qu'on n'a pas vu depuis long-tems. On dit aussi, c'est merveille de. = 4°. On ne doit pas confondre faire merveille, où ce mot est employé indéfiniment et sans article, et faire des merveilles, où il s'emploie avec l'article défini. L'un signifie faire très-bien; et faire y est neutre, et il ne se dit que des chôses; l'aûtre signifie, faire des chôses merveilleûses; le v. faire y est actif, et il ne se dit que des persones. "Cette apostrophe fait merveille dans ce discours. "Cet Orateur a fait aujourd'hui des merveilles. = Dans le discours familier, on dit quelquefois, faire merveilles, dans ce dernier sens, en parlant des persones, et en suprimant l'article et mettant merveilles au plur. L'Acad. met sans remarque: "Ce Prédicateur a fait des merveilles, a fait merveilles aujourd'hui. — Mais faire des merveilles ne se dit jamais des chôses. = Ce n'est pas merveille est suivi de que ou de si, et du subjonctif avec le 1er, comme de l'indicatif avec le 2d. "Ce n'est pas merveille que Cicéron... ait acquis une capacité bien plus grande que Démosthène. P. Rapin. "Lorsqu'on ne voit pas un ouvrage entier, lorsqu'on n'envisage que des lambeaux et des fragmens, ce n'est pas merveille si l' ordre n'y paroit pas. Leib. — Quelques-uns pensent que cette expression a vieilli. Je la crois encôre en usage, et elle est bone à conserver. = 6°. Promettre monts et merveilles, faire de très-grandes promesses, est du style prov. = Les Anciens comptaient sept merveilles dans le monde: ou dit, dans ce style, pâsser les sept merveilles, ou être une des sept merveilles, ou être la huitième merveille; ce qui se dit quelquefois sérieusement d'une chôse excellente en son genre, et le plus souvent par dérison.
À~ merveille ou à merveilles, adv. Parfaitement. "Il prêche, il peint à merveilles. "Il chante, il joûe, il danse à merveilles. Acad. Elle met les deux, comme Rich. et Trév. et ne done d'exemple que du 2d. Le Rich. Port. ne met que le 1er, et c'est celui que je préférerais; car pourquoi ce pluriel? Il ne peut être utile qu'aux Poètes, quand ils ont besoin d'une syllabe de plus. "Le jeune homme profitoit à merveille des leçons du Peintre. Marm. "Votre fils se porte à merveilles, et j'en ai une joie qui n'est pas tout-à-fait sur votre compte. Mde. de Coulanges à Mde. de Grignan. = Pluche dit par merveille. Celui-ci est un mot de Province. "L'oeuillet réussit par merveilles en Flandres, où la terre est limoneûse, grasse et humide.
Pas tant que de merveille, pas beaucoup. "A-t' il beaucoup d'esprit? Pas tant que de merveille. = * On disait autrefois, en sens contraire, que merveilles; c. à. d. au-delà de tout ce qu'on peut dire. "Cet Ordre que tu vois si sublime, viendra si bâs, et sera si méprisé des hommes que merveilles. Chron.
MERVEILLEUX, surprenant, étonant, qui est digne d'admiration. "Homme, esprit merveilleux; ouvrage merveilleux; pièce merveilleûse. "Éfet, succês merveilleux. = Excellent en son espèce. "Vin merveilleux. "Les muscats ont été merveilleux cette année. Acad. — Il y a de l'afèterie à employer à tout propos ce mot, comme on le fait aujourd'hui. C'est un ton de faux enthousiasme pour des riens, qui caractérise ce siècle: tout y est merveilleux ou afreux. = S. m. Ce qu'il y a de merveilleux dans un Poème; comme l'intervention des Dieux, des Anges, des Démons. "Le merveilleux doit être joint au vraisemblable. "Siècle ami du faux merveilleux. "Le merveilleux est l'âme du poème épique. = Aujourd'hui on le dit substantivement des persones, dans le sens de petit-maître et petite-maîtresse.
Nos merveilleux, nos petits-maîtres,
Exhalent l'ambre le plus doux.
Merc.
On le dit aussi adjectivement. "Les voilà donc, ces femmes merveilleuses, qui font tourner la tête à tout Paris! Et je retournerois dans cette ville, où les ridicules ont pris la place des moeurs! Marin, l'Amante Ingén. = On dit, familièrement et ironiquement: vous êtes un merveilleux homme, étrange, extraordinaire dans vos sentimens, dans vos manières.
MERVEILLEUSEMENT, extrêmement; d'une manière merveilleûse. "Cela est merveilleûsement bon. "Elle est merveilleûsement belle. "Il s'aquite de son devoir merveilleûsement bien.
merveille
merveille
Wunderwonder, mirakel, poffertjemarvel, wonder, dreamמופלאה (נ), פלא (ז), תאווה לעיניים (ז), מֻפְלָאָה, פֶּלֶאwondermirindaĵoθαύμαmaraviglia, meraviglia, portento (mɛʀvɛj)nom féminin
merveille
[mɛʀvɛj] nf → marvel, wonderCet ordinateur est une vraie merveille! → This computer's really wonderful!
faire merveille, faire des merveilles → to work wonders
à merveille → perfectly, wonderfully
Elle se porte à merveille depuis son opération → She's been wonderfully well since the operation.