Tourmenter, inquiéter par des contrariétés suscitées mal à propos.
Je demande comment on a souffert qu'un homme tel que Jurieu molestât un homme tel que Bayle ? [VOLT., Dict. phil. David.]
Un édit pour légitimer vos mariages [des protestants] a été mis trois fois sur le tapis devant le roi à Versailles ; il est vrai qu'il n'a point passé ; mais on a écrit à tous les gouverneurs de province, procureurs généraux, intendants, de ne vous point molester [ID., Lett. Olivier des Monts, 25 déc. 1767]
Le grand point est de ne jamais molester ni le corps ni l'âme de son prochain [ID., Lett. M***, 4 mai 1772]
HISTORIQUE
XIIIe s.
Anchois [auparavant] li fist donner boine sureté que jamais il n'en seroit molestié [, Chr. de Rains, p. 56]
XIVe s.
Pour fuir et eschever [éviter] que il ne molestent ou contristent ceux avecques qui il conversent [ORESME, Eth. 135]
XVIe s.
De repoulser ceulx qui nous molestent impudemment et effrontéement, en ne nous laissant point vaincre à la honte [AMYOT, De la mauvaise honte, 15]
Vray est que ils molestent tout leur voisinage à force de trinqueballer leurs cloches [RABEL., Garg. I, 40]
L'expulsion des humeurs qui molestent la nature [PARÉ, Au lecteur.]
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. molestar ; ital. molestare ; du lat. molestare.
MOLESTER. v. tr. Il signifiait autrefois Tourmenter de quelque manière que ce soit, inquiéter par des embarras suscités mal à propos. Il signifie aujourd'hui plus ordinairement Houspiller, maltraiter quelqu'un en paroles ou en actions. Il les a fort molestés par ses chicanes, par ses propos, par ses sarcasmes.
MOLèSTER, v. act. [Molèsté: 2eè moy. 3eé fer.] Suivant La Touche, on se sert rârement de ce mot aujourd' hui: on dit plutôt chagriner, tourmenter: mais le 1er ne dit pas assez, et l'aûtre dit trop: molester tient le milieu entre les deux. — L'Académie dit qu'on ne s'en sert guère qu'au Palais. Il me semble pourtant qu'il est assez d'usage dans le style familier. "Molester quelqu'un par ses chicanes, en lui suscitant des procês, etc.