nue
nue
n.f. [ du lat. nubes, nuage ]nues
n.f. pl.NUE
(nue) s. f.SYNONYME
- NUE, NUAGE, NUÉE. La nue est le nom le plus général. Nuée et nuage ont, étymologiquement, le sens de réunion, masse de nues en vertu de leur finale ; mais l'usage a mis ces nuances : on dit les nues quand on veut exprimer l'ensemble des nuages qui couvrent le ciel ; on dit nuages quand on les considère surtout dans leur isolement et leur séparation ; enfin nuée désigne surtout une grosse nue.
HISTORIQUE
- XIIe s. Si cume la clarted del albe est bele e clere, quant li soleilz lieved par matin, quant nule nue ne niule [brouillard] n'i ad [, Rois, p. 211]
- XIIIe s. La fille au roy d'Hongrie, n'a [il n'y a] mieudre sous la nue [, Berte, LII]
- XVe s. Et [Philippe d'Artevelle] n'espargnoit non plus ni or ni argent, que doncque il lui plust des nues [FROISS., II, II, 160]Quoyque la nue de tristesse Par un long temps ait fait son cours [CH. D'ORL., Bal. 14]
- XVIe s. [Gargantua] croyoit que les nues fussent poisles d'airain, et que vessies fussent lanternes [RAB., I, 11]Rampant au limon de la terre, je ne laisse pas de remarquer jusques dans les nues la haulteur inimitable de quelques ames heroiques [MONT., I, 263]
ÉTYMOLOGIE
- Ital. nube ; du lat. nubes ; comparez le terme grec qui signifie nuage, l'all. Nebel, brouillard ; sanscr. nabhas, ciel, atmosphère, eau.
nue
Fig., Porter, élever une personne, une action aux nues, jusqu'aux nues, La louer excessivement.
Fig., Cette pièce a été aux nues, Cette pièce de théâtre a obtenu un très grand succès.
Fig., Faire sauter quelqu'un aux nues, Le faire bondir, l'impatienter, le mettre en colère. Quand on lui parle de son procès, on le fait sauter aux nues. Ne me dites pas cela, vous me feriez sauter aux nues.
Fig. et fam., Il a l'air de tomber des nues se dit de Quelqu'un qui est embarrassé, décontenancé, qui paraît ne pas comprendre ce dont il s'agit.
Fig. et fam., Tomber des nues, Être extrêmement surpris. Quand je vois, quand j'entends de pareilles choses, je tombe des nues.
Fig. et fam. Il est tombé des nues se dit de Quelqu'un qui surgit à l'improviste et dont on ne sait d'où il vient.
Fig., en parlant d'une Pièce de théâtre, Ce dénouement tombe des nues, Il n'est point amené, point préparé, il ne ressort point du sujet. On dit dans le même sens : Ce personnage, cet incident tombe des nues.
Fig., Se perdre dans les nues, S'élever dans ses discours, dans ses raisonnements, de manière à faire perdre aux autres et à perdre soi- même de vue le sujet qu'on traite, ou la chose qu'on a entrepris de prouver. À force de vouloir s'élever, il se perd dans les nues.
nûe
NûE, NUÉE, s. f. [1re lon. au 1er, 2e e muet au 1er, é fer. et long au 2d: Nû-e, nu-é-e.] Nuage. = Suivant le Dict. de Trév.Nûe est plus vague que Nuée, et en diffère à peu près comme le genre de l'espèce. Dailleurs nûe se dit plus souvent dans le propre que dans le figuré, et nuée plus souvent dans le figuré que dans propre: mais on ne peut distinguer cela que par un long usage. Nûe est plus poétique que nuage.
La nûe en se formant s'abreuve dans les mers;
Et sur l'aile des vens s'élève dans les airs.
MARIN, 6e Écl. de Virgile. = Suivant M. BEAUZÉE, l'idée de Nûe fait penser à l'élévation, celle de nuée à l'orage, celle de nuage à l'obscurité. — On dit donc, d'un oiseau, qui s'élève fort haut dans la région de l'air, qu'il se perd dans les nûes; qu'une nuée s'étend vers la droite, pour marquer ce qui est exposé aux accidens, dont elle menace; et qu'un nuage ne tardera pas à crever, pour indiquer qu'il est extrêmement condensé et noir. — Ces idées accessoires, ajoute-t'il, deviènent presque les principales dans le sens figuré. Élever jusqu'aux nûes, louer excessivement, tomber des nûes, sauter aux nûes, etc. (Voy. plus bâs.) "Une nuée se forme, dit-on, en parlant d'une conspiration: elle ne tardera pas d'éclater. "Nuage de poussière; avoir un nuage devant les yeux: les doutes, les incertitudes s' apellent des nuages.
NûE, fournit à quelques expressions figurées du style familier. — Sauter aux nûes; montrer de l'impatience et de l'indignation de ce qu'on nous dit. — Être au dessus des nûes, bien dans ses afaires, ou, dans une grande faveur. — Tomber des nûes, être dans l'étonement, dans l'afliction. "Ce qui s'apelle tomber des nûes, c'est ce qui arriva hier au soir aux Thuileries. Sév. "Madame de la Fayette est tombée des nues: elle s'aperçoit à tous momens de la perte qu'elle a faite. Ibid. — On dit aussi qu' une chôse nous tombe des nûes, quand on ne sait d'où elle nous vient. "Il m'est tombé des nues le plus beau chapelet du monde. Sév. "Les deux Muses sont étonées de trouver là Molière, qui tombe en éfet comme des nûes. Ann. Litt. — Se perdre dans les nûes, perdre de vûe le sujet, que l'on traite.
NUÉE, se dit figurément pour multitude. "Une nuée de corbeaux, de sauterelles. "Une nuée de Barbâres.