observateur, trice
OBSERVATEUR, TRICE
(ob-sèr-va-teur, tri-s') s. m. et f.1° Celui, celle qui observe quelque loi ou quelque règle, qui en accomplit les prescriptions.
On les appelait chanoines, comme qui dirait observateurs des canons [PATRU, Plaidoyer 15, dans RICHELET]
Alexandre était très religieux observateur de ses promesses [D'ABLANCOURT, Arrien, VII, 13]
On peut bien nous reprocher, comme aux pharisiens, que nous sommes de grands observateurs de petites choses, tandis que nous négligeons les plus importantes [BOURD., Sévérité évang. 2e avent, p. 458]
Ce roi selon le cœur de Dieu, observateur de ses ordonnances, zélateur de sa sainte loi [FLÉCH., Duc de Montausier.]
Le lendemain, au point du jour, Paul Émile, qui était fort religieux observateur de toutes les cérémonies prescrites pour les sacrifices, ou plutôt qui était fort superstitieux, se mit à immoler des bœufs à Hercule [ROLLIN, Hist anc. Œuv. t. IX, p. 124, dans POUGENS]
Plus le monde vous trouvera observateur de ses maximes, plus il deviendra censeur de votre piété [MASS., Avent, Concept.]
Observateurs zélés de l'exacte justice [VOLT., Scythes, II, 5]
Scrupuleuse observatrice de toutes les bienséances [GENLIS, Vœux téméraires, t. I, p. 221, dans POUGENS]
2° Celui, celle qui épie, espionne.
Et mille observateurs que j'ai commis exprès [ROTR., Vencesl. II, 3]
Cet observateur moral Parfois se dit journaliste, Et tranche du libéral [BÉRANG., Judas.]
3° Celui qui s'applique à observer les phénomènes de la nature.
Cette étrange nouveauté étonna l'observateur, et il n'en osa rien dire [FONTEN., Hartsoeker.]
M. Spallanzani, le meilleur observateur de l'Europe [VOLT., Lett. Villevieille, 26 août 1768]
Je ne dissimule pas que cet ouvrage ne fera pas plus d'observateurs que les poétiques ne font de poëtes ; mais il faut avouer pourtant qu'il montre ce qu'on doit pratiquer pour réussir dans les observations et les expériences [SENNEBIER, Ess. sur l'art d'observer, t. I, p. 12, dans POUGENS.]
Zimmermann dit fort bien que l'observateur lit la nature, et que celui qui expérimente l'interroge [ID., ib. t. I, p. 25]
Hippocrate, le père des observateurs philosophes, avait bien senti que la vie était courte, et que l'art était aussi long à apprendre qu'à pratiquer [ID., ib. t. I, p. 297]
Bradley, le modèle des observateurs et célèbre à jamais par deux des plus belles découvertes que l'on ait faites en astronomie [LA PLACE, Expos. V, 4]
Dans les travaux d'un grand observateur, les erreurs mêmes ne sont pas à mépriser ; elles sont souvent fondées sur des faits que de nouvelles recherches mettent dans tout leur jour [MIRBEL, Instit. Mém. scienc. 1808, p. 323]
Terme de marine. Officier chargé de faire des observations astronomiques. 4° Particulièrement, celui qui observe les mœurs et les actions des hommes, les événements de la société. Observateur du cœur humain.
Il n'agissait jamais d'une manière à faire soupçonner aux observateurs les plus malins le moindre sentiment de vanité [FONTEN., Newton.]
On sentait qu'il était observateur, et l'on voyait qu'il cherchait à s'en cacher [GENLIS, Vœux téméraires, t. I, p. 164, dans POUGENS]
5° Celui qui regarde, par opposition à celui qui agit. Je n'ai pris aucune part à ce qui se faisait ; j'étais là comme observateur.
6° Adj. Qui observe, qui examine. Médecin observateur. Esprit, génie observateur.
Il demande un esprit juste et pénétrant, un œil observateur, une imagination vive, une sensibilité profonde [MARMONTEL, Œuv. t. VII, p. 33]
HISTORIQUE
- XVIe s. Promettre remuneration aux observateurs de justice [CALV., Instit. 346]Personnes tant observatrices des edicts [CARLOIX, X, 16]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. et esp. observador ; ital. osservatore ; du lat. observatorem, de observare, observer.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877