occupé, ée
OCCUPÉ, ÉE
(o-ku-pé, pée) part. passé.1° Dont on s'est emparé. Les passages occupés par l'ennemi.
2° Qui est tenu, en parlant d'un espace, d'une place, etc. Le terrain occupé par le palais. Fig.
Pour garder votre cœur, je n'ai pas où le mettre ; La place est occupée [CORN., Nicom. I, 2]
3° Occupé à, qui travaille à. Occupé à cultiver son domaine.
On n'en voyait point d'occupés à chercher le soutien d'une mourante vie [LAFONT., Fabl. VII, 1]
Quand nous sommes assez malheureux pour n'être point uniquement occupés à Dieu [SÉV., 15 mars 1680]
L'armée en deuil est occupée à lui rendre les derniers devoirs [FLÉCH., Turenne.]
Pouvait-on briguer des charges pour elle, quand on était assez occupé à lui conserver la vie ? [FLÉCH., Duch. de Mont.]
Occupé de, qui songe à. Dès lors on le vit toujours sérieusement occupé du soin de se vaincre soi-même [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
Mais que, de ces grandeurs comme une autre occupée, Vous m'en ayez paru si longtemps détrompée [RAC., Brit. III, 7]
L'on juge en le voyant qu'il n'est occupé que de sa personne.... qu'il croit que tous les yeux sont ouverts sur lui et que les hommes se relayent pour le contempler [LA BRUY., II]
Tantôt chez les Césars occupé de nous nuire [VOLT., Tancr. I, 1]
Ne songeant point à prolonger son existence, mais occupé de se rendre capable d'application tant qu'il existerait [CONDORCET, Bucquet.]
Taciturne, mon front appuyé sur ma main, D'elle seule occupé, mes jours coulent en vain ; Si j'écris, son nom seul est tombé de ma plume [A. CHÉN., Élég. XXX]
Et Fanny [une mère qui a perdu un de ses enfants], que déjà les destins ont frappée, Soupçonneuse et longtemps de sa perte occupée [ID., Aux premiers fruits de mon verger]
Il est occupé d'elle, pour il lui fait la cour, phrase recommandée par Mme de Genlis, Mém. t. V, p. 91, éd. 1825. 4° Qui a à travailler, qui a de l'occupation.
J'ai voulu l'acheter, l'édit, expressément, Afin que d'Isabelle il soit lu hautement ; Et ce sera tantôt, n'étant plus occupée, Le divertissement de notre après-soupée [MOL., Éc. des maris, II, 9]
L'esprit se relâchait, pendant que les mains industrieusement occupées s'exerçaient dans des ouvrages dont la piété avait donné le dessin [BOSSUET, Anne de Gonz.]
Lorsqu'occupé d'un côté, il envoie reconnaître l'autre, le diligent officier qui porte ses ordres s'étonne d'être prévenu [ID., Louis de Bourbon]
Je suis occupé, je ne veux voir personne [RAC., Plaid. III, 3]
Quiconque tient le sceptre et l'encensoir a les deux mains fort occupées [VOLT., Dict. phil. Puissance]
Il se dit, dans le même sens, du temps, de la vie. Une vie occupée. Je mène ici une vie solitaire et occupée, qui convient à la fois à ma santé et à mes études [VOLT., Lett. d'Argental, 15 oct. 1750]
Il passa des jours tranquilles, glorieux, occupés, au milieu de ses disciples qui étaient ses amis [CONDORCET, Linné.]
5° Dont l'esprit travaille.
L'on est plus occupé aux pièces de Corneille ; l'on est plus ébranlé et plus attendri à celles de Racine [LA BRUY., I]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877