outrer
(Mot repris de outreriez)outrer
v.t.outrer
Participe passé: outré
Gérondif: outrant
Indicatif présent |
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j'outre |
tu outres |
il/elle outre |
nous outrons |
vous outrez |
ils/elles outrent |
OUTRER
(ou-tré) v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. Il ont le premier baile [clôture] outré [passé], Clos de fossez et de palis [, Lai de l'ombre]Et Dant Primaut si fu tant gros, Qu'il ne pot le pertuis outrer [, Ren. 4407]Renart ne fet pas grant sejor, Ainz saut sor la creste del for : Là se quati, li chien l'outrerent, Le flair perdirent, sel passerent [, ib. 8117]S'ensi flerent [frappent] li autre, nostre gent est outrée [perdue], Et Antioche prise, et la terre gastée [, Ch. d'Ant. IV, 807]Puisque son champion aureit esté outré en champ, et que le champion en sereit perdu.... [, Ass. de J. I, 249]
- XIVe s. Pour tant qu'au samedi se veulent reposer Pour le jour du sabbat, alerent ordener Qu'au dimenche devoient ceste besongne oultrer [, Guesclin. 9504]
- XVIe s. L'artillerie adonques s'est montrée, Mais une piece est rompue et oultrée, Dont il advint trop merveilleux dommaige [J. MAROT, V, 92]Picqué et oultré jusques au vif d'une offense [MONT., II, 115]Adonc Solon se prit incontinent à frapper sa teste, et à faire et dire tout ce qu'ont accoustumé ceulx qui sont oultrez de douleur [AMYOT, Solon, 9]Il prit son espée à deux mains, et, en dressant la poincte contre son estomac, se laissa tomber dessus de son hault, sans faire autre demonstration de douleur, sinon qu'il jetta un soupir, à quoy ceux de dehors recogneurent bien qu'il s'estoit oultré [ID., Othon, 24]Outré de lassitude [D'AUB., Vie, XVI]Outré de depit et de colere [ID., ib. XLVI]Les jeunes gens outrent ordinairement les louanges ou les blasmes qu'ils donnent [ID., ib. XLVIII]Et les quatre furent si oultrez [battus], qu'il les fallut mener le lendemain en une charrette avec le mort au supplice [CARL., VI, 36]....Plus un roy debonnaire Luy veut lascher la bride [au peuple] et moins il est outré, Plus luy-mesmes la serre et sert de son bon gré [RONS., 662]Imitateur d'Achille, alors que l'ire outrée L'enflammoit en sa nef contre le fils d'Atrée [ID., 664]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. ultrar ; ital. oltrare ; du lat. ultra, outre (voy. OUTRE 2).
outrer
Outrer un cheval, Le pousser au-delà de ses forces. Mener un cheval si longtemps au galop, c'est l'outrer.
OUTRER signifie encore Offenser quelqu'un gravement, pousser sa patience à bout. Vous l'avez outré. Vous l'avez tellement outré qu'il ne vous le pardonnera jamais.
outrer
OUTRER, v. act. [Ou-tré: 2e é fer.] 1°. En parlant des animaux sur-tout, acabler, surcharger de travail. "Outrer des ouvriers, un cheval: "Il s'est outré à travailler, à courir la poste. = 2°. En parlant des persones; pousser la patience à bout par des reproches, des réprimandes, des insultes. "Vous l' avez outré. = 3°. En parlant des chôses, les porter au delà de la juste raison. — C'est l'usage le plus comun de ce verbe. "Les Stoïciens ont outré la morale. "C' est un homme qui outre tout. = Il se dit sur-tout au participe, adjectivement: pensée outrée, sentimens outrés, morale outrée: "Le caractère de ce personage est outré = Avec la prép. de, il se dit des persones, dans le sens de pénétré, transporté: "Outré de douleur, de dépit, de colère, etc. "Outré de l'afront~ qu'il avait reçu. "Outré d'avoir manqué tant de fois son coup. = Sans régime, il se dit des persones, dans le sens d'excessif. "Cet homme est outré; il est outré en tout; en toutes chôses, il pâsse les limites de la raison.
Rem. L'Ab. Des Fontaines condamne le réciproque s'outrer, comme un néologisme. Ce mot est plutôt vieux que nouveau. "Ménagez votre poitrine, écrit Mde de Sév. à sa Fille: ne vous outrez pas sur l'écritûre.
Combien fait-il de voeux, combien perd-il de pas?
S'outrant pour aquérir des biens ou de la gloire.
La Font.