plaindre
plaindre
v.t. [ du lat. plangere, se frapper la poitrine ]se plaindre
v.pr.plaindre
Participe passé: plaint
Gérondif: plaignant
Indicatif présent |
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je plains |
tu plains |
il/elle plaint |
nous plaignons |
vous plaignez |
ils/elles plaignent |
PLAINDRE
(plin-dr') , je plains, tu plains, il plaint, nous plaignons, vous plaignez, ils plaignent ; je plaignais, nous plaignions ; je plaignis ; je plaindrai ; je plaindrais ; plains, qu'il plaigne, plaignons ; que je plaigne, que nous plaignions ; que je plaignisse ; plaignant ; plaint v. a.HISTORIQUE
- XIe s. Plainums ansemble le doel [deuil] de nostre ami [, St Alexis, XXX]Jamais n'ert [ne sera] jur que Charles ne se pleigne [, Ch. de Rol. LXXI]Pleindre poons [nous pouvons] France douce la belle [, ib. CXXVI]
- XIIe s. Et quant je plus plaing et souspir.... [, Couci, XVIII]À tort s'en plaint li uns, puisque l'autre s'en loue [, Sax. XVII]Mult me plaig de ses hummes, sainz Thomas respundié [répondit], Qui nos iglises tienent à force e à pechié [, Th. le mart. 142]
- XIIIe s. Cil fu durement plains et plorés de Guillaume son frere et des autres barons [VILLEH., CXI]Et furent mout destroit et irié, et mout durement se plaintrent de ceux qui la mellée avoient faite de l'empereur Baudoin et du marchis de Montferrat [ID., CXIX.]Et se li sires ne veut faire ceste requeste et li parchonier s'en plaignent au sovrain, li sovrains le doit fere fere [BEAUMANOIR, XXII, 8]Le roy ne requist ne ne prist onques aide [impôt] des siens barons, ne à ses chevaliers, n'à ses hommes, ne à ses bones villes dont en [on] se plainsist [JOINV., 207]Il ne muet pas de sens [il n'a pas de sens] celui ki plaint Peine et travail ki li ert [sera] avantage [MÄTZNER, p. 23]
- XIVe s. Et se j'ai vostre argent, ne me le plaindés jà ; Car si tost que je l'ai, li taverniers l'ara [, Baud. de Seb. VIII, 921]
- XVe s. Quand il sçut que les François chevauchoient, qui ardoient le pays, et ouït les poures gens pleurer, crier et plaindre le leur, si en eut grant pitié [FROISS., I, I, 111]Les aucuns sages [princes] se sont bien sceu servir des plus apparans [clercs pour conseillers], et les chercher sans y rien plaindre [COMM., II, b.]Parler à quelque amy, et hardiment plaindre ses douleurs [ID., V, 5]Le noble roy de France le plaint [plaignit] et regretta [du Guesclin], comme Charlemagne fit son neveu Roland [, Mém. sur du Guesclin. p. 546, dans LACURNE]
- XVIe s. L'un va plaignant ses gras bœufs delaisser [MAROT, I, 311]Ne plain donc point de laisser mere et pere [ID., IV, 290]L'un se plainct qu'il luy fault.... [MONT., I, 79]Le duc René plainsit aussi la mort du duc de Bourgoigne [ID., I, 268]Je plaignois les malades beaucoup plus que je ne me treuve à plaindre moy mesme [ID., II, 52]Je plains le temps que met Platon à ces longues interlocutions [ID., II, 107]On ne plaind jamais ce qu'on n'a jamais eu [ID., IV, 363]Il est fort vieil ; mais au demourant il n'a que plaindre en luy [il est ingambe, sans infirmité] [AMYOT, Caton, 50]Dieu ne la plaint [la sagesse] à personne qui la luy demande avec fermeté de vive foy [ID., Moral. Épît.]Il se plaignoit alors de saine teste, comme on dit en commun proverbe [H. EST., Apol. d'Hér. p. 218, dans LACURNE]Assez demande qui se plaind [COTGRAVE, ]Femme se plaind, femme se deult, femme est malade quand elle veut [ID., ]Tel est plein qui se plaind [ID., ]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, plaind ; Berry, plainer, se plainer ; prov. planher, plagner, plaigner, plaingner, planger, plainer, planer ; anc. cat. planger ; ital. piangere ; du lat. plangere, plaindre, proprement frapper avec bruit, battre, puis se battre soi-même par douleur ; c'est la racine nasalisée plag, qui se trouve dans plaga, plaie (voy. ce mot).
plaindre
Il se dit aussi des Choses. Je plains votre malheur.
Il signifie aussi Employer, donner avec répugnance, à regret, d'une manière insuffisante. Il ne faut pas plaindre sa peine, ses pas, son temps quand il s'agit d'obliger.
Il ne plaint pas la dépense, Il dépense volontiers.
SE PLAINDRE signifie Se lamenter. Il a souffert de grandes douleurs sans se plaindre. Il se plaint pour la moindre chose. Il aime à se plaindre et à être plaint.
Il signifie aussi Témoigner son mécontentement de quelque chose, du mécontentement contre quelqu'un. Il se plaint fort de vous et du mauvais accueil que vous lui avez fait. Tout le monde croit être en droit de se plaindre de la fortune. Il se plaint qu'on l'ait calomnié.
Il signifie, en termes de Jurisprudence et de Police, Porter plainte. Il est allé se plaindre au commissaire.
plaindre
Plaindre vient de Plangere, par mutation de g en d.
Se plaindre ou complaindre, Queri, Conqueri.
Plaindre et pleurer les maux de ceste vie, Vitam deplorare.
Plaindre quelque chose en pleurant, Deflere.
Se plaindre d'aucun et le blasmer de quelque mal qu'il a fait, Incusare.
On ne s'en peut plaindre par honneur, Huiusmodi iniuriae vel facinoris nulla nec ciuilis nec honoraria persecutio est, B.
Je me plain, et demande à avoir raison de ce que tu as fait depuis, etc. Ex ea die ad hanc diem quae fecisti, in iudicium voco.
De quoy te plains tu? Quid clamitas?
Pourquoy te plains tu de moy? Quid me incusas?
Ordonner qu'on ira vers aucun prince ou peuple, pour se plaindre d'aucun, Legationem contra aliquem decernere.
S'excusans ou plaignans de l'indisposition du temps, Intemperiem caeli incusantes.
Quand on se plaind des mauvais temps, Querela temporum.
Qui est à plaindre, Deplorandus.
¶ Plaindre sa despense, Parcere impensae.
Plaindre sa peine, Parcere labori.
Qui plaind sa peine, Parcus opera.
Qui a esté plaint et pleuré, Defletus, Ploratus.
plaindre
PLAINDRE, v. act. PLAINTE, s. f. PLAINTIF, IVE, adj. PLAINTIVEMENT, adv. [Plein-dre, plein-te, tif, tive, tive-man: 1re lon. 2e e muet aux deux premiers, lon. aux deux derniers dont la 3e e muet.] Plaindre, actif, avoir pitié de... "Je vous plains: on ne le plaint pas lui: on plaint sa famille. = Se plaindre, réciproque, sans régime, gémir, lamenter. "Soufrir sans se plaindre. = Avec la prép. de, témoigner du mécontentement, du déplaisir: "J'ai bien lieu de me plaindre de vous. On dit, en st. famil. plaindre sa peine, ses soins, ses pâs, son temps; les employer avec répugnance et à regret. Ne point plaindre l'argent, la dépense, dépenser volontiers, ne pas regarder à ce qu'il en coûte pour se satisfaire. "On n'a point plaint l'argent à ce batiment: on n'y a rien épargné. "Il ne se plaint non plus toute sorte de parûre qu'un jeune homme, qui a épousé une riche veûve. La Bruy. "Ce Maître ne leur avoit pas plaint une éducation, qui tournoit à son profit. Du Bos. Plaindre le pain à ses enfans; l'avoine à ses chevaux, etc. ne pas leur en doner sufisamment. On dit aussi plaindre le pain, l'avoine qu'ils mangent, etc. Avoir regret aux dépenses les plus nécessaires. Se plaindre toutes chôses, se pâsser des chôses, dont on a le plus besoin. Avec ce régime direct, le pronom se est au datif: se plaindre à soi-même: dans se plaindre, sans régime, ce pronom est l'acusatif: se plaindre soi-même.
Rem. 1°. Brébeuf a écrit pleindre. Autrefois on écrivait, je plainds, tu plainds, il plaind. Aujourd'hui l'on retranche le d aux deux premieres persones, et l'on termine la 3e par un t: au pluriel du présent et aux deux nombres de l'imparfait et de l'aoriste, et au subjonctif et au participe actif on met un g devant l'n: nous plaignons, etc. je plaignois ou plaignais, etc. je plaignis, que je plaigne, je plaignisse, plaignant. = La Fontaine a encôre écrit, je vous plainds. = 2°. On faisait aussi ce verbe neutre, et l'on disait plaindre, sans régime, comme nous disons gémir.
J'ai beau plaindre et beau soupirer,
Le seul remède en ma disgrâce,
C'est qu'il n'en faut point espérer.
Malherbe.
Aimant mieux plaindre par coutume,
Que vous consoler par raison. Id.
Autre coeur que le mien auroit-il la constance
De soufrir tant de mal sans plaindre et soupirer.
Bertaud.
On le dit encôre dans les Provinces méridionales. "Il plaint beaucoup: il a plaint toute la nuit. C'est un vrai gasconisme. = 3°. Plaindre régit la prép. de devant l'infinitif. "Ne me plaignez que de n'avoir point ma chère fille. Sév. "Il se plaint d'avoir été mal reçu. Se plaindre régit aussi la conjonction que avec le subjonctif. "Il se plaint que son éducation ait été négligée. Ann. Litt. = 4°. On se plaint du mal et non pas du bien. L'Ab. Prévot parlant de l'arrivée des Portugais chez des sauvages, dit que: "On n'eut pas à se plaindre de leur civilité: ils troquèrent des perroquets contre du papier. Il me semble qu'il falait dire qu'on n'eut pas à se plaindre de leur incivilité, ou qu'on n'eut qu'à se louer de leur civilité.
PLAINTE, est 1°. Gémissement, lamentation. Il correspond à se plaindre sans régime. "Il s'abandone aux cris et aux plaintes. "Les plaintes d' un homme, qui soufre. Voy. LAMENTATION. — 2°. Mécontentement qu'on témoigne de vive voix ou par écrit. Il a raport à se plaindre de. "Doner des sujets de plainte. Former des plaintes contre. "Porter ou faire ses plaintes à quelqu'un contre un aûtre de quelque tort qu'on croit avoir reçu. = Au Palais; rendre sa plainte au Juge, au Comissaire, exposer le sujet qu'on a de se plaindre. = Hors du Palais, on le dit rârement au singulier, excepté dans sujet de plainte et dans le sens de lamentation, pris indéterminément: "Il faut que je m'acoutume à ce chagrin, puisque la plainte est inutile. Sév. Avec les pronoms possessifs, on l'emploie ordinairement au pluriel: je suis lâs de vos plaintes continuelles. Les Poètes ont droit de l'employer dans l'un et l'aûtre nombre suivant le besoin de la mesûre ou de la rime.
Claude même, lassé de ma plainte éternelle.
Racine.
PLAINTIF, qui se plaint. Il se dit ordinairement des chôses qui ont raport à la persone: ton plaintif, voix plaintive. = On ne le dit guère des persones. On dit seulement qu'un homme est plaintif, pour dire qu'il se plaint à tout propôs, et on ne le dit que dans le style familier. "Toujours chagrin, toujours plaintif. = Les Poètes le disent des Manes et des Ombres.
PLAINTIVEMENT, d'une manière plaintive. On l'emploie d'ordinaire en critiquant et en se moquant. Réciter un discours plaintivement: c'est le défaut de plusieurs Prédicateurs. "Il chante plaintivement les airs les plus gais.
plaindre
plaindre (se)
plaindre
bemitleiden, Mitleid haben, sich erbarmen, mitfühlenpity, have compassion on, complain, sympathizebeklagen, medelijdenhebben, medelijdenhebbenmet, medelijden hebben, medelijden hebben met, sympathiserenbeklaag, beklaecompadir, compadir-se de, plànyerhave medlidenhed, have medlidenhed med, vise forståelse forλυπάμαι, συμμερίζομαιkompaticompadecer, simpatizarsääliä, tuntea sympatiaaadu, mengaduhafa meðaumkun, hafa meðaumkun med, vorkennacompatisynes synd, synes synd på, ha medfølelse medwspółczućcompadecer-se, apiedar-se de, lastimarcompătimiжалеть, жалко, жаловаться, сочувствоватьha medlidande, ha medlidande med, tycka synd om, sympatiseraacımak, halden anlamakcompatire, simpatizzareيَتَعَاطَفُmít porozuměnísuosjećati同情する동정하다เห็นใจthông cảm同情להתלונן (plɛ̃dʀ)verbe transitif
plaindre
[plɛ̃dʀ] vt (= compatir avec) → to feel sorry for, to pityJe te plains → I feel sorry for you. [plɛ̃dʀ] vpr/vi
se plaindre à qn de qch → to complain to sb about sth
Ils se sont plaints au directeur → They complained to the manager.
Elle s'est plainte du bruit → She complained about the noise.