posséder
(Mot repris de possédaient)posséder
v.t. [ lat. possidere ]se posséder
v.pr.POSSÉDER
(po-sé-dé. La syllabe sé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je possède, excepté au futur et au conditionnel : je posséderai, je posséderais) v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. Porsooir [DU CANGE, possessores.]
- XIVe s. Possuire [DU CANGE, ib.]Ses propres possessions lesquelles il possiet non pas pour elles meisme ne comme bien final.... [ORESME, Eth. 105]Les biens humains que nous posseions ou aquerons [ID., ib. VII, 13]Et les estranges terres possider et conquerre [BERCHEURE, f. 1]Lequel champ il disoit estre non deuement possidez par aucuns [ID., f. 42, recto.]
- XVIe s. Se contenter d'aspirer à la vertu, sans la posseder [MONT., I, 70]Cette amitié qui possede l'ame et la regente en toute souveraineté [ID., I, 216]C'est le jouir, non le posseder, qui nous rend heureux [ID., I, 329]Possedé de maling esprit [AMYOT, Marcel. 31]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. possedir, possezir, possider ; cat. posseir ; espagn. posseer ; port. possuir ; ital. possedere ; du lat. possidere, qui vient de pos (voy. POLLUER), et sedere, seoir : être assis sur ; comparez l'allem. besitzen. L'ancienne langue disait posseoir ; c'est au XIVe siècle que la forme latine s'établit : possider, puis posséder.
posséder
Il se dit, par extension, des Emplois, des honneurs, des qualités. Posséder un emploi, une charge. Posséder des honneurs, des dignités. Les vertus, les qualités, les talents qu'il possède.
Dans le langage religieux, Les bienheureux possèdent la gloire éternelle, possèdent Dieu, Ils jouissent de la gloire éternelle, ils jouissent de la vue de Dieu.
Fam., Posséder quelqu'un, L'avoir chez soi, dans sa maison, jouir de sa présence. Nous serions charmés de vous posséder pendant quelques jours. Nous ne l'avons possédé que peu d'instants.
Fig., Posséder l'esprit de quelqu'un, En être maître, le gouverner à son gré. Cette femme possède entièrement l'esprit de son mari.
Posséder les bonnes grâces d'une personne, En être favorisé. Posséder le coeur d'une personne, En être aimé.
Posséder une femme, Jouir de ses faveurs.
POSSÉDER s'emploie figurément et signifie Savoir bien une chose, en avoir une parfaite connaissance. Posséder les sciences, les belles- lettres, les arts libéraux. Posséder la philosophie, les mathématiques. Posséder la musique. Posséder le grec, le latin, l'anglais, l'espagnol. C'est un homme qui possède bien sa langue. Cet enfant possède bien les matières de l'examen.
Posséder son sujet, Le connaître à fond et de manière à le traiter dans toute son étendue. Il ne faut prendre la plume que lorsqu'on possède entièrement son sujet.
POSSÉDER se dit aussi des Passions, des sentiments qui maîtrisent l'âme, qui l'agitent et l'égarent. La passion possède cet homme. Il est possédé d'un fol orgueil, d'une ambition démesurée. Quelle rage, quelle fureur vous possède?
Fig., Être possédé du démon de l'orgueil, de l'avarice, du jeu, Porter à l'excès l'orgueil, l'avarice, la passion du jeu.
Dans le langage religieux, Le démon le possède, Le démon s'est emparé de son corps.
Fig. et pop., Le diable le possède, il est possédé du diable, se dit d'un Homme emporté et qui ne veut point entendre raison.
SE POSSÉDER signifie Être maître de son esprit, de ses passions, de ses mouvements, ne pas se laisser troubler par les circonstances fâcheuses. C'est un homme froid et sage qui se possède toujours. Il ne se possède pas, il est toujours hors de lui-même. C'est un orateur qui se possède et ne se trouble pas.
Fam., Il ne se possède pas de joie, Il est transporté de joie, une joie excessive le met hors de lui-même.
Le participe passé POSSÉDÉ s'emploie comme nom et signifie Démoniaque, homme dont le démon s'est emparé. Exorciser les possédés.
Fig. et fam., Il se démène comme un possédé, se dit d'un Homme inquiet, qui se tourmente, qui s'agite beaucoup.
posseder
Posseder, Possidere, Tenere.
Posseder par indivis quelque chose avec un autre, Possidere aliquid communiter cum aliquo.
Qui possede une chose de bonne foy, la pensant seure, Fidei bonae possessor.
Ce qu'un chascun possede, Regnum.
Beaucoup de choses estoyent possedées, Multa tenebantur.
posséder
POSSÉDER, v. act. POSSESSEUR, s. m. POSSESSION, s. f. POSSESSOIRE, s. m. [Po-cédé, cé-ceur, cé-cion, cé-soâ-re: 2e é fer. 3e lon. au dern. Devant l' e muet, la 2de se change en è moy. Il possède, possèdera, etc.] Posséder, c'est 1°. Avoir à soi, en son pouvoir. Posséder de grands biens, une terre, une maison, un héritage, un ofice, un bénéfice, une charge. = V. n. "Posséder justement ou injustement; de bone foi; à bon titre, à juste titre; légitimement. Voyez AVOIR. — Les Bienheureux possèdent Dieu: ils possèdent la gloire éternelle. — Posséder les bones grâces de; posséder l'esprit de quelqu'un, avoir du pouvoir sur lui; posséder son coeur, en être extrêmement aimé. = 2°. En parlant du démon, s'être emparé de... "Le démon le possède: il est possédé du Démon. On le dit figurément, st. famil. d' un homme emporté, qui ne veut pas entendre raison. = On dit aussi, dans le même sens: l'ambition, l'avarice, la colère le possède; et par exagération, la rage le possède: il est possédé d'ambition, d'avarice. = 3°. Se posséder a un beau sens: c'est être maître de soi et de ses passions, sur-tout de la colère, de la vivacité naturelle. "Je me possède et je suis sûr de moi. Mariv. Langage ordinaire de la présomption, et qui est souvent confondu. "Il ne se possède point. "Un général qui se possède, dans le combat, a un grand avantage sur l'énemi. "Orateur, Prédicateur, qui se possède, qui ne se trouble point. Joueur, qui se possède également dans la perte et dans le gain. = Ne pas se posséder de joie (st. famil.) en être transporté. = Posséder son âme en paix, expression tirée de l'Écritûre: elle est du style simple, comme du style soutenu. Posséder son âme ne se dit que dans la traduction de ce passage. In patientiâ vestrâ possidebitis animas vestras. = 4°. Figurément, avoir une parfaite conaissance de... Posséder les sciences, les belles lettres, les mathématiques, le latin, le grec, la musique, etc. "Cet homme possède bien sa langue, et les langues étrangères. — Posséder les Auteurs. "Il possède parfaitement Horace, Virgile, les poètes, etc.
POSSÉDÉ, adj. et subst. (n°. 2°.) Homme possédé du démon: exorciser les possédés. Proverbialement, il se démène comme un possédé.
Rem. Ce verbe ne régit pas les persones, excepté dans le sens marqué n°. 2°. Posséder quelqu'un, c. à. d. l'avoir chez soi ou en jouïr, le voir à son aise, est une expression qui ne plaisait pas à Mde de Sévigné. "Que ne peut-on, dit-elle à sa fille, courir~ à Grignan pour vous embrasser et vous posséder un peu, comme on le dit en ce pays (en Bretagne). — L'Ab. Des Fontaines s'en sert dans une lettre à M. Swift, qui devait venir à Paris. "On se flate, Monsieur, qu'on aura bientôt l'honeur de vous posséder ici. — On lit aussi dans le Journ. de Brux. "On se flate de posséder ici leurs Altesses pendant un mois. = Cette façon de parler a un sens peu honête, quand on parle d'une femme, ou qu'on lui écrit; et c'est une inatention dans Fénélon de s'en être servi en parlant de Pénélope et de ses Amans. "Ne cherchez plus, ni votre Père, qui doit être péri... ni votre Mère, que ses amans possèdent depuis votre départ. Télém. Il dit mieux âilleurs: "quelqu'un d'entr'eux aura épousé votre mère. — L' Acad. ne dit pas posséder dans ce sens. = * L'Auteur anonyme de quelques notes assez plates sur Télémaque, dit, être possédé, pour, être gouverné. "Louis XIV ne s'ouvroit pas, même à ses Maîtresses: il eut la gloire de n'en être pas possédé. Gouverné eut mieux valu. On dit bien qu'on possède l'esprit de quelqu'un ou son coeur; mais on ne dit pas qu'il est possédé de nous, qu'il en est possédé. = Posséder se dit ordinairement des persones, relativement aux chôses; mais quelquefois aussi il se dit des chôses, relativement aux persones. "Cet esprit de discorde et de faction possédoit toutes les Comunautés du Royaume. Voltaire. Voy. n°. 2°.
POSSESSEUR, celui qui possède quelque bien fonds, quelque héritage. "Légitime, paisible possesseur: un possesseur de bone foi, de longue main. "Depuis la mort du dernier possesseur. — En parlant de maisons, on dit plutôt propriétaire, du moins dans le langage comun.
POSSESSION est 1°. jouïssance d'un héritage, d'un bénéfice, d'une charge, etc. "Possession légitime ou injuste, immémoriale, non interrompue, triennale, etc. = Avec les verbes être, prendre, entrer, se mettre, etc. il régit la prép. de: "Il est en possession de ce fief: il les envoya prendre possession des terreins concédés. Charlev. Il est entré en possession de cette terre depuis long-tems. "Il s'est mis en possession des meubles, etc. "Il est troublé dans la possession de ce bénéfice. = Être en possession régit de plus cette prép. de devant l'infinitif des verbes: "Il est en possession de dire, de faire tout ce qu'il lui plait. = 2°. Possession se dit aussi de toutes les chôses que les Hommes recherchent avec ardeur. "Les plus grandes passions diminuent par la possession. = 3°. L'état d'un homme possédé par le démon. "La possession difère de l'obsession, en ce que dans celle-là le diable agit au dedans, et qu'il agit au dehors dans celle-ci.
*POSSESSIONÉ, employé par M. Mallet du Pan. "Les invalides non possessionés, (qui n'ont point de possession) pourront être obligés à faire des corvées seigneuriales. Journ. Polit. de Gén. Traduct. d'un rescrit de l'Empereur.
POSSESSOIRE ne se dit qu'au Palais. Le droit de posséder. En matière de bénéfice, on dit plutôt récréance. "Contester, plaider, juger, gâgner le possessoire.
posséder
posséder (se)
posséder
besitzenown, possess, hold, havebezitten, eropnahouden, rijkzijn, beetnemen, beheersen, goed kennen, hebben, erop nahouden, rijk zijnbesitposseirbesidde, ejeposediposeer, ser dueño deomistaaeigapossedere, invasare, padroneggiarepossidereeie, være i besittelse avpossuir, fruir, teravea, deţine, posedaвладеть, обладатьäga, innehava, besittaيـَمْتَلِك, يَـمْلِكُvlastnitκατέχωposjedovati所有する소유하다posiąśćเป็นเจ้าของsahip olmaksở hữu占有, 拥有 (pɔsede)verbe transitif