récuser
v.t. [ lat. recusare, refuser, de causa, cause ] 1. Ne pas admettre l'autorité de qqn, la valeur de qqch dans une décision :
Récuser un auteur, un témoignage contester ;
approuver 2. Dans le langage juridique, refuser d'accepter pour juge, pour expert ou pour témoin : Récuser un arbitre, un juré.
se récuser
v.pr. 1. Se déclarer incompétent pour juger une cause : Il a préféré se récuser dans cette affaire.
2. Refuser une charge, une mission, un poste : L'avocate s'est récusée.
RÉCUSER
(ré-ku-zé) v. a.1° Refuser un juge, un juré, qu'on soupçonne de partialité.
Que dites-vous de cette modération [de Pussort, qui avait été très violent contre Fouquet] ? c'est à cause qu'il est oncle de M. de Colbert, et qu'il a été récusé qu'il a voulu en user si honnêtement [SÉV., 17 déc. 1664]
Il faut même que, dans les grandes accusations le criminel, concurremment avec la loi, se choisisse des juges, ou du moins qu'il en puisse récuser un si grand nombre que ceux qui restent soient censés être de son choix [MONTESQ., Esp. XI, 6]
Le duc de Venise, Jean, ayant assassiné un évêque, est accusé devant Charles, et ne le récuse pas pour juge [VOLT., Ann. Emp. Charlemagne, 802]
L'accusé premièrement ou son conseil, et le procureur général récuseront tels jurés qu'ils jugeront à propos [, Code d'instruction crim. art. 399]
2° Il se dit aussi d'un témoin, d'un expert contre lequel on allègue quelque reproche. Récuser un expert.
Dandin : Pourquoi les récuser [des témoins] ? - L'intimé : Monsieur, ils sont du Maine [RAC., Plaid. III, 3]
Fig.Vos services, mes yeux, le trouble de votre âme, L'exil que mon hymen vous devait imposer, Sont-ce là des témoins, seigneur, à récuser ? [CORN., Pulch. V, 3]
3° Il se dit pareillement de toute personne dont on rejette l'autorité, le témoignage.
Des philosophes ne doivent pas récuser Bayle [VOLT., Phil. ignor. 24]
4° Il se dit de même, en parlant d'un témoignage, d'une autorité.
Madame, ils ne vous croiront pas ; Ils sauront récuser l'injuste stratagème D'un témoin irrité qui s'accuse lui-même [RAC., Brit. III, 3]
En croirai-je la prévention et la flatterie, qui publient hardiment votre mérite ? elles me sont suspectes, je les récuse [LA BRUY., IX.]
Elle cherchait à se tromper elle-même, et à récuser le témoignage de ses yeux [J. J. ROUSS., Hél. VI, 11]
5° Se récuser,
v. réfl. Déclarer que l'on n'est pas compétent pour juger une cause, trancher une question.
M. de la Salle, ce M. de la Salle, conseiller à la cour de Toulouse, qui était si persuadé de l'innocence des Calas, et qui les a fait rouer en se récusant, est-il à Paris ? [VOLT., Lett. d'Argental, 10 janv. 1763]
HISTORIQUE
- XIIIe s.
Et dura la bataille une nuit et deux jorz sans reuser, et toz jorz fu li rois en mi la bataille [, Merlin, f° 70, recto]
- XIVe s.
Sans ce qu'il y eust nul qui recusast [BERCHEURE, f° 67, verso.]
Il fuient et recusent ou heent [haïssent] deshonneur ou damage [ORESME, Thèse de MEUNIER.]
- XVIe s.
Les loix des Grecz saiges et vertueuses, De deshonneur les jeunes accusoient, Quand au travail ou douleur recusoient [MAROT, VI, 250]
Cela fut cause de faire recuser Caton à juge, avant qu'il donnast sa sentence [AMYOT, Pomp. 80]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. et espagn. recusar ; ital. ricusare ; du lat. recusare, de re, en arrière, et cusare, pousser, fréquentatif de cudere, battre, frapper.
recuser
Recuser, Recusare.
Recuser un juge, Eierare.
Recuser un juge, ou Recuser quelqu'un à juge, Iudicem reiicere, Iudicem iniquum eiurare, B.
Recuser, Alienare a causa, B.
Je le recuse, il m'est contraire, Eiero, iniquus est.
Je ne vueil point de ces juges la, je les recuse, Nego me certaturum in eo foro, iisque iudicibus, B.