réformé, ée
RÉFORMÉ, ÉE
(ré-for-mé, mée) part. passé de réformer1° Qui a éprouvé la réforme morale, intellectuelle.
Les directeurs des âmes les plus réformés en apparence et les plus rigides [BOURDAL., 1er dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 20]
Un air réformé, une modestie outrée, la singularité de l'habit, une ample calotte, n'ajoutent rien à la probité, ne relèvent pas le mérite [LA BRUY., XII]
Substantivement.Vous trouverez, mon cher, mes rimes bien mauvaises ; Quant à ces choses-là, je suis un réformé ; Je n'ai plus de système, et j'aime mieux mes aises, [A. DE MUSSET, la Coupe et les lèvres, Dédicace]
2° Il se dit des religieux qui suivent la réforme établie dans leur ordre.
Il n'avait que six ou sept ans que des religieux très réformés admiraient sa vie austère et mortifiée [BOSSUET, Panég. St Franç. de Paule, 1]
Substantivement. C'est un réformé. 3° La religion réformée, l'Église réformée, le culte réformé, le protestantisme, et, plus particulièrement, le calvinisme.
Ce Jean Knox est celui dont le violent discours anima tellement le peuple réformé de Perth à la sédition [BOSSUET, Déf. Var. 1er disc. 40]
Substantivement. Les réformés, ceux qui suivent la religion réformée. Gaspard de Coligny, amiral de France, après la mort du prince de Condé, fut déclaré chef du parti des réformés en France [VOLT., Henr. II, notes.]
Il faut savoir que Colbert croyait les réformés aussi nécessaires à l'État sous Louis XIV par leur industrie, qu'ils l'avaient été à Henri IV par leur courage ; Louvois ne les croyait que dangereux [ID., Mél. litt. Observ. mém. Noailles.]
Les catholiques disent : La religion prétendue réformée (qu'on écrivait la R. P. R.), les prétendus réformés. C'est en vertu d'un article du traité de Beaulieu (1576) que la formule : ceux de la religion prétendue réformée, a été prescrite par les actes publics. Et pour ne laisser aucune occasion de troubles et différends entre nos subjects, avons permis et permettons à ceux de ladite religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de cettuy nostre royaume, [, Édit de Nantes, art. 6]
En 1612, les assemblées provinciales demandèrent que les protestants fussent dispensés de se qualifier ainsi ; la cour s'engagea non pas à faire une déclaration formelle en ce sens, mais à avertir les parlements de ne plus exiger qu'ils se désignassent eux-mêmes par ces termes humiliants. 4° Anciennement, officier réformé, officier à qui on retirait son emploi, mais en lui conservant une partie de ses appointements (on dit présentement officier à la suite).
Depuis que ton officier réformé est venu nous enlever le cœur de cette jolie fermière [REGNARD, Attend. s. l'orme, 3]
Aujourd'hui, officier réformé, celui auquel le grade a été enlevé, par suite d'infirmités physiques ou morales. Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877