recouvrer
(Mot repris de recouvra)recouvrer
v.t. [ lat. recuperare, de recipere, recevoir ]recouvrer
(ʀəkuvʀe)verbe transitif
recouvrer
Participe passé: recouvré
Gérondif: recouvrant
Indicatif présent |
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je recouvre |
tu recouvres |
il/elle recouvre |
nous recouvrons |
vous recouvrez |
ils/elles recouvrent |
RECOUVRER
(re-kou-vré) v. a.REMARQUE
- Il faut se garder de confondre recouvrer et recouvrir, c'est-à-dire d'employer recouvrir au lieu de recouvrer. Cette faute est dans Malherbe : N'y en a-t-il pas eu qui, pour être tombés en cœur de l'hiver dans une rivière, ont recouvert leur santé, que toutes les drogues des apothicaires ne leur avaient su rendre ? [MALH., le Traité des bienf. de Sénèque, VI, 8]Cette faute était fréquente du temps de Vaugelas et au XVIe siècle.
HISTORIQUE
- XIe s. De ses mellurs que il put recuvrer [, Ch. de Rol. XXVI]
- XIIe s. Li fiz Geofroi d'Anjou recovra sa vertu [, Ronc. p. 196]E s'à sun enemi [de Dieu] vus turnez e pernez, Jà n'aureiz mais s'amur tant cum vivre porrez, Ne sa grace à nul jur jà ne recoverrez [, Th. le mart. 133]Mors est li quens [le comte], n'a nul recovrier [, R. de Cambrai, 6]Lez lui fist un penon porter, Où lor gent puissent recouvrer [se réunir] [, Roman de Rou, ms. p. 206, dans LACURNE]
- XIIIe s. Mais demorez [dans la terre sainte], si ferez grant vigor, Tant que France ait jà recovré s'onor [son honneur] [QUESNES, Romanc. p. 101]Par Grece ert [sera] recovrée la sainte terre d'outremer, se jamais est recovrée [VILLEH., LII]Li bois recovrent leur verdure, Qui sunt sec tant cum yver dure [, la Rose, 53]Se tu pues [peux] encore tant vivre Que d'amors te voies delivre, Le tens qu'auras perdu plorras, Mès recovrer ne le porras [, ib. 4640]Et puis qu'il avoit l'une de ces voies prises, il ne les pooit pas lessier por recouvrer à une des autres voies [BEAUMANOIR, LX, 3]Encor y puet on bien greigneur [plus grand] amor trover ; Car il [Jésus] se volt faire homme pour homme recovrer [J. DE MEUNG, Test. 128]Guys feri [frappa] Erart un trop merveilleus coup, et eust tantost recouvré l'autre [frappé un second coup], se il ne l'eust recongneu à la vois [DU CANGE, recuperare.]
- XVe s. Il envoya ses lettres et ses messages partout où il cuidoit recouvrer de bons compagnons [FROISS., I, I, 29]Le roi et son conseil ne purent sitost recouvrer de tant d'argent que les chevaux montoient.... [ID., I, I, 44]On ne trouve rien sur le pays [d'Écosse] : à grand peine y recuevre l'on du fer pour ferrer les chevaux [ID., II, II, 228]
- XVIe s. Gentille Agnès plus d'honneur tu merites, La cause estant de France recouvrer, Que ce que peut dedans un cloistre ouvrer Close nonnain ou bien devot hermite [FRANÇOIS Ier, Vers sur un portrait d'Agnès Sorel.]De venaison, l'on ne peut tant soubdain recouvrir, fors unze sangliers.... [RAB., Garg. I, 37]La parolle recouverte, elle parla tant et tant que son mary retourna au medicin pour remede de la faire taire [ID., Pant. III, 34]Ilz faisoient couvrir leurs chiennes, et leurs juments par les plus beaux chiens et les meilleurs estalons qu'ils pouvoient recouvrer [AMYOT, Lyc. 30]Si d'adventure il perdoit, il taschoit à se recouvrer et à remplir ses pertes par autres nouvelles entreprises [ID., Pyrrh. 69]Soigneux, à fort grande despense, de recouvrer des hommes suffisants en tout genre de sciences, qu'il tenoit continuellement autour de luy [MONT., I, 144]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. et espagn. recobrar ; ital. recuperare ; du lat. recuperare, qui, d'après Corssen, Ausspr. 2e édit. p. 334, vient de cuprus, mot latin indiqué par Varron comme signifiant bon : recuperare serait rendre de nouveau bon, valable, restituer ; d'où le nom des juges recuperatores, qui font recouvrer une chose contestée.
recouvrer
Il signifie aussi Recevoir le paiement d'une somme due, et particulièrement Faire la levée, la perception des impôts. On l'a chargé de recouvrer les contributions de cet arrondissement.
recouvrer
Recouvrer, act. acut. Est composé ainsi que Recuperare Latin, duquel il vient par mutation de p, en v, et syncope, et signifie remettre en sa main ce qui en a esté mis hors. Ainsi dit on, Recouvrer sa perte, Damnum sarcire. Recouvrer une ville detenuë par l'ennemy, Vrbem iam captam recipere. Liu. lib. 30. Mais on en use aussi ores qu'il n'y ayt perte precedente supposée, comme quand on dit, Recouvrez moy un bon serviteur, Da operam vt famulum frugi mihi quaeras. Recouvrez moy un cheval, Equum alicunde mihi conquire, eme.
Recouvrer santé, Reualescere, Recipere sanitatem.
Recouvrer la vie, Reuiuiscere.
Recouvrer, ou prendre couleur, Colorem ducere.
Recouvrer son bien, Suum seruare.
Recouvrer par quelque moyen argent à aucun, Efficere argentum alicui.
Toutes et quantes fois que je pourray recouvrer gens seurs, Quoties mihi certorum hominum facultas erit.
Je demande un jour pour recouvrer argent seulement, sans plus, Vnus est dies dum argentum eripio.
Celuy soubs la foy duquel nous recouvrons argent, ou autre chose, laquelle sans luy nous n'eussions point eu, Fideiussor.
Il ne le recouvrera jamais, Nunquam pol indipiscet postea.
Aisé à recouvrer, Reparabilis.
Il n'y en a pas de dix l'un qui recouvre ce qu'il a mis en proces, Vix decimo cuique ratio constat pecuniae in forensi negotiatione occupatae. B.
Recouvrer la perte, Detrimentum sarcire. B.
Je vueil recouvrer mes pieces, Volo redhibere quod emisi e manibus. Budaeus.
Pour recouvrer son honneur, Ad delendam priorem ignominiam. B. ex Liu.