rendre
rendre
v.t. [ du lat. reddere, donner en retour, altéré par prehendere, saisir ]rendre
v.i.se rendre
v.pr.rendre
Participe passé: rendu
Gérondif: rendant
Indicatif présent |
---|
je rends |
tu rends |
il/elle rend |
nous rendons |
vous rendez |
ils/elles rendent |
RENDRE
(ran-dr') , je rends, tu rends, il rend, nous rendons, vous rendez, ils rendent ; je rendais ; je rendis ; je rendrai ; je rendrais ; rends, rendons ; que je rende ; que je rendisse ; rendant, rendu v. a.Résumé
PROVERBES
- Ce qui est bon à prendre est bon à rendre.
- Amis au prêter, ennemis au rendre.
- Il faut rendre à César ce qui appartient à César, c'est-à-dire à chacun ce qui lui est dû.
SYNONYME
- RENDRE, RESTITUER. Rendre est plus général : on rend quand on remet à qui de droit ce qui a été pris, prêté ou donné. Restituer est plus particulier : on restitue quand on remet ce qu'on a pris, volé, ou ce qu'on gardait par quelque raison que ce fût : Je vous restitue ce livre qu'on m'avait confié, sans me dire qu'il fût à vous.
HISTORIQUE
- XIe s. [Que il] rendist ceo que il i avereit pris [, Lois de Guill. 1]Franc e paien merveilus colps i rendent [, Ch. de Rol. CVII]Malvais service le jur [ce jour] li rendit Guenes [, ib. CVIII]Tant il le guardent que le rendent à Charlun [, ib. CXXXV]À Rolant [ils] rendent un estur fort e pesme [, ib. CLV]La meie mort me rent si anguissus [, ib. CLX]Rendre [il] le quidet u mort u recreant [, ib. CXCIII]Pais ne amor [je] ne dei à paien rendre [, ib. CCLXI]Et Bramidone les turs li ad rendues [, ib. CCLXVIII]Bien [il] set parler e dreite raisun rendre [, ib. CCLXXV]
- XIIe s. Et tuit [tous] li rendirent treü [tribut] [, Machab. I, 1]Dame, pour ce qu'à vous [je] me rent, merci [, Couci, IV]À la plus bele du mont [monde] mon cuer [je] rent [, ib. IX]Mais je ne puis moi ne mon cuer defendre De plus amer, qu' [car] amours ne me veut rendre [, ib. XX]Cil qui premiers la trueve [dame Helissant], à Guiteclin la rant [remet] [, Sax. XI]Malemant [il] nos vuet randre [récompenser pour] les granz bones honors, Que li soliens [nous soulions] vaincre par tot les granz estors [combats] [, ib. XXVII]Li reis li a mandé qu'il seit prez l'endemain De respundre e de rendre sun acunte [rendre ses comptes] tut plain [, Th. le mart. 33]Or veit [voit] bien sainz Thomas sun martire en present, Ses mains juint à ses oilz, à damne Deu se rent [, ib. 149]
- XIIIe s. Il nous dira la verité, Et si ne faudra ochaisons [occasion] De nous rendre le droit respons [réponse], Romanc. le Comte de Bretagne, p. 162. .... Qui pou emprunte pou rent [, Ren. 27805]Se la raison que li parleres rent est fause [BRUN. LATINI, Trésor, p. 561]Se li parleres rent foible raison de son dit [ID., ib.]Ensi fu la ville rendue en la merci le duc de Venise, sauves leur vies [VILLEH., XLIX.]Et puis [il] se rendi moine dedans une abeïe [, Berte, II]Comme sage et courtoise, [à] chacun son salut [elle] rent [, ib. IX][Que Dieu] Doint qu'encor leur en soit li guerredons rendus [, ib. XXIV][Dieu] Qui vous rende les biens que vous fais nous avez [, ib. CXXXII]Ne moine ne abbé, ordené ne rendu [entré dans une abbaye] [, ib. CXXXVII]Moult fu grans li assaus que li escuier rendirent au castiel en celui jour [H. DE VALENC., XXXIV]Que li baron en rengent [rendent] [de la terre] à l'emperour son droit [ID., XIII]Jhesus Criz, à qui li Jui rendirent mal pour bien, et pour amour haine [, Psautier, f° 136]Et s'il waugoit [avait des nausées] ou rendoit par le [la] bouche [ALEBRANT, f° 30]Si i avoit trestout à taille De riches pierres grant plenté, Qui moult rendoient grant clarté [, la Rose, 1074]Et [Papelardie] fu de simple contenance ; Et si fu chaucie et vestue Tout ainsinc cum fame rendue [nonne] [, ib. 422]Or vous levés un poi, soiés à genellon, Et si rendés vos coulpes, par grant affliction, Des peciés qu'avés fais par vo grant mesprison [, Ch. d'Ant. I, 856]Or est à savoir se Jehans vent à Pierre en le [la] vile de Creeil dix muis de blé rendus à Clermont à certain jor [BEAUMANOIR, XXVI, 3]Et, en regardant vers le ciel, rendi à nostre createur son esperit, en celle hore meismes que li filz Dieu morut en la croix [JOINV., 303]
- XIVe s. Aucuns jettent leurs armeures, ou se rendent, ou font aucunes autres choses laidement [ORESME, Eth. 99]Et ce dit-on : ou rendre ou pendre [, Hist. des trois Maries, p. 267, dans LACURNE]Ch'est mierveille qu'il [deux chevaliers aux prises] ne s'estonnent Des grans coz qu'en peu d'eure donnent.... Cors efforchent et bras estendent, Che qu'il enpruntent, tantost rendent [J. DE CONDÉ, t. II, p. 21]
- XVe s. L'assaut fut moult grant et très fier.... aussi les chevaliers et escuyers qui estoient dedans rendoient grand entente de eux defendre, et bien le convenoit [FROISS., I, I, 103]Icellui Mangier fut esprouvé et rendu malade de lepre [DU CANGE, reddere.]Et près d'eulx jouoient plusieurs bas instrumens qui rendoient de grandes melodies [J. DE TROYES, Chron. 1461]Des fusées qui rendent ung peu de flambe [COMM., I, 5]Il m'est avis que desormais vous vous rendez [ne voulez plus manger] [, Rec. de farces, p. 318]Quant le Daulphin veit que par son espée il ne le pourroit conquerre, il la rendit dedans le fourreau, et puis se lance au Badran, et le prent à bras [, Perceforest, t. I, f° 139]
- XVIe s. L'affaire ne sut estre menée si secretement, que quelque valet ne le vit entrer là-dedans un jour de jeune, et le rendist [rapportât] au lieu où il ne fut celé à personne [MARG., Nouv. XX]J'ay estudié à rendre fidelement ce que l'autheur a voulu dire [AMYOT, Épit.]Chascune de ces parts pouvoit rendre à son maistre par chascun an soixante et dix minots d'orge [ID., Lyc. 12]Il ne defendoit de combats à ses citoyens, si non ceulx ès quelz on tend la main, c'est à dire où l'on se rend [ID., ib. 40]Les premieres filles qui furent rendues et vouées à cette religion [vestales] par Numa furent Gegania et Verenia [ID., Numa, 17]Ces armes rendoient un son qui donnoit quelque frayeur à l'ouir [ID., P. Aem. 56]Artemidorus promit à Lucullus, s'il le vouloit croire et suivre, qu'il le rendroit en un lieu fort et seur pour y loger son camp [ID., Lucul. 28]Sur la place à laquelle se rendent et aboutissent tous les grands chemins de l'Italie [ID., Galba, 30]Puis [Gargantua s'éveillant].... rendoit sa gorge [expectorait], baisloit, crachoit, toussoit.... [RAB., I, 3]Rendre son païs entre les mains d'un tyran [MONT., I, 4]Rendre une place [ID., I, 54]Rendre [accomplir] les vœux [qu'on a voués] [ID., I, 19]Il jecta dans ce qu'elle rendit [vomit] une espingle tortue [ID., I, 100]Rendre tesmoignage d'une chose [ID., I, 103]Se rendre à la verité [ID., I, 167]Se rendre à la raison [ID., II, 70]Rendre la gorge [vomir] [ID., I, 184]Rendre l'ame [ID., I, 243]Ce pacquet lui ayant esté rendu pendant son souper.... [ID., II, 43]Mon pourpoint estoit taché du sang que j'avois rendu [ID., II, 54]Les assiegeans gagnerent le fond des fossez par mines qu'ils rendirent [poussèrent] jusques dessous le rempart [D'AUB., Hist. I, 27]Cette grande armée ne rendit combat qui vaille [ID., ib. II, 317]Si la sangsue est maniée à main nue, elle se rend desdaigneuse et despiteuse, et ne veut pas mordre [PARÉ, XV, 69]Qui a appris à prendre, sçait tard que c'est de rendre [COTGRAVE, ]Le rendre fait mal à la gorge [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 331]Qui prent doibt rendre, ou l'enfer attendre [ID., ib. p. 403]Je blasme vostre inconsideration [de Henri IV] à vous jeter aux perils sans besoin ; cela seroit supportable à un jeune homme qui n'auroit jamais rendu preuve de son courage [SULLY, Mém. t. IV, p. 159]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, reind ; provenç. rendre, reddre, redre, retre ; catal. et espagn. rendir ; ital. rendere, du lat. reddere (par intercalation de la nasale n devant d), de re...., et dare, donner. On remarquera que quelques formes romanes n'ont pas intercalé l'n. D'après M. Baudry, dans reddere il y a deux racines confondues par homonymie : dare, radical da ( a avec un accent long), quand reddere signifie redonner ; et le radical dha ( a avec un accent long), poser, faire, quand reddere signifie faire ou faire devenir. Corssen aussi (Beitr. p. 117) reconnaît le radical dha(a long) dans con-dere, ab-dere.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- RENDRE. Ajoutez :
rendre
Prov., Il faut rendre à César ce qui appartient à César, Il faut rendre à chacun ce qui lui est dû.
Rendre la monnaie d'une pièce, Donner ce qui reste de la valeur d'une pièce, après avoir pris sur cette pièce ce qui était dû.
Fig., Rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce, Lui rendre la pareille, répliquer, riposter.
RENDRE se dit aussi figurément. Je lui ai rendu mon amitié, mon estime, ma confiance.
Rendre à quelqu'un sa parole, Le dégager de la promesse qu'il avait faite.
RENDRE signifie encore Faire recouvrer certaines choses dont on était privé, qu'on avait perdues, comme la santé, les forces du corps, etc. Rendre la santé, la vue, l'ouïe. Ce remède lui a rendu la vie. Ce régime lui rendra des forces. Rendre l'appétit. Rendre la liberté. Ce jugement lui a rendu l'honneur. Cette nouvelle lui a rendu l'espoir, le courage, lui a rendu sa gaieté.
Fam. et par exagération, Vous me rendez la vie, Vous me tirez de peine, je vous ai une obligation extrême.
RENDRE se dit aussi, en parlant des Personnes, dans une acception à peu près semblable et signifie Les faire rentrer en possession d'une chose dont elles étaient privées, ou à laquelle elles avaient renoncé. Il vient d'être rendu à la liberté. Cela vous rend à l'honneur. Vos conseils le rendront à la vertu. Ce remède peut le rendre à la vie. On l'a rendu à ses amis. On dit dans un sens analogue : Cela le rendit à lui-même, Cela fit cesser l'illusion, la prévention, etc., qui troublait, qui égarait sa raison et qui l'empêchait de juger sainement.
RENDRE signifie aussi Remettre une chose à celui à qui elle est destinée. Rendre un paquet. Rendre une lettre. Il a vieilli en ce sens.
Rendre un paquet, des marchandises en un lieu, Les y porter, les y faire voiturer, les y conduire. Il m'a vendu tant de kilos de soie, et il doit me les rendre à Lyon.
Rendre de l'ouvrage, Le remettre à celui pour qui on l'a fait. Ce tailleur est bien long à rendre son ouvrage. Je lui ai donné de l'ouvrage, il ne me le rend pas.
RENDRE se dit figurément en parlant de Certains devoirs, de certaines obligations dont on s'acquitte, de certaines marques de respect, de déférence, de civilité, etc., que l'on donne à quelqu'un. Rendre ses devoirs, ses respects à quelqu'un. Je ne manquerai point de lui rendre ce que je lui dois. Rendre les derniers devoirs à son ami. Rendre les honneurs à un officier général, à un ambassadeur, à un prince étranger. Rendre obéissance. Rendre gloire, rendre grâce à Dieu. Grâces vous soient rendues. Rendre à chacun ce qui lui est dû.
En termes de Féodalité, Rendre foi et hommage, rendre aveu s'est dit pour Remplir certains devoirs à l'égard de son suzerain.
Rendre visite à quelqu'un, L'aller visiter. Rendre à quelqu'un sa visite, L'aller visiter après avoir reçu de lui une visite. Rendre ses visites, Faire les visites que l'usage prescrit dans certaines circonstances. Ces nouveaux mariés ont aimablement rendu leurs visites.
Rendre service à quelqu'un, Servir, obliger quelqu'un. Rendre de bons offices, de mauvais offices à quelqu'un, Servir ou desservir quelqu'un par ses paroles ou par ses actions.
RENDRE signifie aussi Donner en échange, payer de retour, soit en bien, soit en mal. Rendre la pareille. Rendre avec usure. Rendre le bien pour le mal. Rendre le mal pour le bien. Rendre injure pour injure. Il m'a fait un plaisir, je le lui ai rendu. Il m'a fait une cruelle offense, mais je le lui rendrai bien.
Dieu vous le rende, Expression de reconnaissance dont se servent ceux à qui on donne l'aumône, ceux à qui on fait quelque petit présent, à qui on rend quelque bon office.
Rendre le salut, Saluer quelqu'un dont on vient de recevoir le salut. Je lui ai rendu son salut. Il ne m'a pas rendu mon salut.
Rendre réponse à quelqu'un, Lui faire une réponse, par écrit ou oralement.
RENDRE signifie aussi Produire, rapporter. Il y a de bonnes terres qui rendent deux récoltes par an. Un grain de blé en rend quelquefois plus de soixante. Cette affaire, ce métier rend peu, rend beaucoup. Ce commerce ne rend pas, ne rend rien.
Cet instrument rend un son harmonieux, Il en sort des sons harmonieux quand on en joue.
Absolument, Cette raquette rend bien, rend mal, Elle est bien ou mal tendue, elle renvoie fortement ou faiblement la balle. On dit de même : Les bandes d'un billard rendent bien, ne rendent pas.
RENDRE signifie également Exprimer, représenter. Cette copie ne rend pas bien l'original. Ce portrait rend bien l'expression de votre visage. Ce mot rend mal votre idée. Rendre nettement, clairement, vivement sa pensée. Je ne saurais rendre, vous rendre à quel point j'ai souffert de votre indifférence, combien je suis touché de votre procédé.
Rendre des oracles, Prononcer des oracles.
Rendre témoignage, Témoigner.
Rendre un arrêt, une sentence, Prononcer un arrêt, une sentence.
Rendre la justice, Exercer, administrer la justice. Les tribunaux sont institués pour rendre la justice.
Rendre justice à quelqu'un, Reconnaître son mérite, ses droits. Le public lui rend enfin justice. Tout le monde rend justice à son mérite. On dit dans un sens analogue : C'est une justice à lui rendre. Il faut lui rendre cette justice.
Rendre raison, Expliquer pourquoi on fait quelque chose, pourquoi quelque chose est ou se fait. Rendez-moi raison de voire conduite, de votre procédé. Il y a des phénomènes, dans la nature, dont on ne peut rendre raison.
Rendre raison à quelqu'un, Se battre en duel avec lui pour réparation d'une offense. Il faudra bien qu'il me rende raison de cette insulte. Je suis prêt à lui rendre raison quand il voudra.
Rendre compte d'une chose, La détailler, en donner l'explication. Rendre compte d'un, événement. Rendre compte de sa gestion. Rendre un compte détaillé de sa gérance. Rendre ses comptes. On dit aussi : Se rendre compte d'une chose, Se l'expliquer, en prendre nettement connaissance. Je me rends parfaitement compte de votre situation. Il ne s'est pas bien rendu compte de ce qui se passait.
RENDRE signifie aussi Traduire. Il a mal rendu le sens de son auteur. Rendre un passage mot à mot. Cherchez à rendre le sens plutôt qu'à traduire chaque mot.
Il signifie également Répéter. L'écho rend les sons, rend les paroles. Il ne vous a pas bien rendu ce que je l'avais chargé de vous dire. Je vous rends son discours mot pour mot.
RENDRE se dit encore en parlant de Ce que le corps rejette, par les voies naturelles ou autrement. Rendre un remède. Rendre une médecine, un vomitif. Rendre de la bile. Il rend le sang par le nez. On lui perça un abcès qui rendit quantité de pus. Rendre un aliment comme on l'a pris. Absolument, Le malade a rendu plusieurs fois dans la journée.
Fig., Rendre gorge, Restituer par force ce qu'on a pris, ce qu'on a indûment acquis. On lui a fait rendre gorge.
Fig., Rendre l'esprit, rendre l'âme, rendre le dernier soupir, Mourir, expirer.
RENDRE signifie aussi Livrer, céder. Les vivres venant à s'épuiser, le gouverneur se vit forcé de rendre la place.
Fig., Rendre les armes, S'avouer vaincu dans une contestation, dans une discussion.
En termes de Manège, Rendre la bride à son cheval, La tenir moins haute, moins ferme. On dit aussi : Rendre la main à un cheval, Lui lâcher un peu la bride.
À certains jeux où l'on compte par points, Rendre des points, Consentir que son adversaire compte d'avance à son profit un certain nombre de points, de manière à compenser l'inégalité de force entre les deux joueurs.
Fig., Rendre des points à quelqu'un, Être ou se croire plus fort que lui.
En termes de jeu d'Échecs, Rendre un cavalier, une tour, un fou, Se priver volontairement d'une de ces pièces pour donner un avantage à son adversaire.
RENDRE signifie aussi Faire devenir; être cause qu'une personne, qu'une chose devient ce qu'elle n'était pas auparavant. Sa vertu l'a rendu illustre. Cette action l'a rendu odieux. Ses victoires l'ont rendu maître de tout le pays. La parure la rend plus belle. Le malheur l'a rendu sage. Cet accident l'a rendue sourde. L'exercice rend le corps plus vigoureux. Rendre un chemin praticable, une rivière navigable.
SE RENDRE signifie Devenir, avec ou sans intention, mais par son propre fait. Il veut se rendre agréable, nécessaire. Il s'est rendu odieux, méprisable, ridicule par sa conduite, par ses manières. Ce prince s'est rendu redoutable à tous ses voisins. À force d'excès, il s'est rendu malade. Les ennemis se sont rendus maîtres de la place. Se rendre maître de l'esprit de quelqu'un.
SE RENDRE signifie aussi Céder, se mettre au pouvoir de quelqu'un, se soumettre. Les assiégés ne voulurent point se rendre. La citadelle ne s'est rendue qu'à la dernière extrémité. Se rendre aux ennemis. Ils se sont rendus sans coup férir. La garnison s'est rendue à discrétion.
Fig., Se rendre à la raison, à l'évidence, à l'autorité, à des raisons, à des prières. Cette femme s'est rendue à ses désirs.
Je me rends se dit lorsque, dans une discussion, on finit par céder. Il ne se rend jamais, C'est un opiniâtre, un entêté qui ne cède jamais.
SE RENDRE signifie encore Se diriger vers, aboutir. Les fleuves se rendent à la mer. Le sang se rend au coeur.
Se rendre en quelque endroit, lorsqu'il s'agit des Personnes, signifie Se transporter en quelque endroit, y aller. Il se rendra à Lyon tel jour. Si vous voulez vous rendre en tel endroit, vous m'y trouverez. Je me rendrai auprès de vous. Se rendre à son régiment. Se rendre à son bord. Se rendre à l'assignation. Se rendre à son poste. Se rendre à une invitation. Se rendre aux ordres d'un chef, d'un supérieur. Par formule de politesse, Je me rends à vos ordres.
Se rendre à son devoir, Se rendre au lieu où le devoir appelle. Se rendre à son devoir se dit aussi de Quelqu'un qui se réforme, qui cède à l'empire de la raison. Mon fils, quand vous rendrez-vous à votre devoir?
Le participe passé RENDU s'emploie adjectivement et signifie Qui est remis à destination. Cette barrique de vin coûte tant, rendue à Paris, rendue à domicile.
Compte rendu. Voyez COMPTE.
RENDU signifie aussi Qui est arrivé où l'on voulait aller. Il n'y a plus qu'un petit quart de lieue d'ici chez nous, nous voilà bientôt rendus.
Il signifie encore Qui est las, fatigué, qui ne peut plus marcher. Je suis rendu, je ne saurais aller plus loin. Ce cheval est rendu.
En termes de Beaux-Arts, il se dit des Objets ou des détails bien étudiés et rigoureusement exprimés. Dessin, modèle bien rendu.
Dans ce sens il s'emploie aussi comme nom. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce tableau, c'est le rendu des draperies.
Fig. et fam., C'est un prêté rendu se dit en parlant d'un Tour qu'on vient de jouer à quelqu'un et qui vaut bien celui dont on a été victime de son fait auparavant.
Fig. et fam., C'est un prêté pour un rendu signifie que La victime d'un mauvais procédé saura prendre sa revanche.
rendre
Rendre, Tantost signifie restituer, Reddere, Restituere. Comme rendre ce qu'on a emprunté, Mutuum aut Commodatum reddere. Tantost representer et remettre, Referre. Comme, Rendre la pareille, Par pari referre, Paria facere, Parem gratiam repraesentare. Tantost faire, Efficere. Comme, Je le vous rendray tributaire, Tributo obnoxium tibi praestabo ac efficiam, Domabo, Subiiciam ac subiugabo. Tantost Assigner, comme, Je vous rendray raison de tout, Omnium gestorum rationem tibi assignabo.
Rendre tout fait, Aliquid effectum tradere.
Rendre ou ouir un conte, Rationem cum aliquo putare.
Nous leur rendrons une fois ce que nous leur avons osté, Illis alibi reponemus.
¶ Rendre un medicament en forme de trochisque, Pastilicare.
Rendre cler ce que paravant estoit obscur, Declarare.
Rendre une chose malaisée à faire, Difficultatem afferre.
Rendre les abbays, entre veneurs, c'est quand le cerf recreu de trop courre s'accule en un lieu le plus advantageux qu'il peut choisir, endurant que les chiens l'abbayent. Le contraire est au regard du sanglier, lequel est dit rendre les abbays quand il sort de sa bauge, et gite abbayant aux chiens.
¶ Rendre un criminel à son Evesque, De reo secundum infulas pronuntiare. B.
La Cour a rendu et rend le prisonnier à son Evesque pour luy faire son procez sur le delict commun, à la charge du cas privilegié, etc. Curia reum non suae ditionis, translatitij criminis ergo ad pontificium iudicium relegandum censuit. Quod vero ad praecipuum admissum regiumque attinet. B.
Rendu à l'Evesque, Redditus suis ac pontificiis legibus, Infularum iuris compos sententia Curiae, Infulati capitis priuilegio seruatus. Bud.
¶ Assujectir et rendre à l'obeissance de l'empire Romain, Subiungere vrbem aliquam sub imperium Romanum, Sub imperium Romanum redigere, In ditionem vel potestatem vel seruitutem redigere.
Rendre une province sous son obeissance, Perdomare prouinciam aliquam.
¶ Rendre un plaisant odeur et recreatif, Iucunde olere.
Rendre grand odeur, Fragrare.
Rendre fort grand odeur, Perolere.
Rendre grande lueur, Perlucere, Praelucere.
Rendre fort clair, Collustrare lumine.
¶ Qui rend et produit beaucoup, Ferax.
Il a rendu cent grains pour un, Centesimum fructum ager attulit.
¶ Ces choses m'ont rendu fier, Mihi nescio quos spiritus haec attulerunt.
¶ Se rendre doux et traictable, Se ad leuitatem dare.
Rendez vous fideles à nous vouloir escouter, Sit vestra benignitas ad audiendum.
Se rendre et monstrer legier aux siens, Concinnare se leuem suis.
Se rendre du tout suject à un homme, Se alicui homini addicere.
Se rendre prisonnier et serf des voluptez, Constringendum se tradere libidinibus.
Se rendre coulpable de larrecin, Abstringere se furti, Alligare se furti.
Se rendre partie, Se joindre en la cause, In causam, et ad causam descendere. Bud.
¶ Se rendre à aucun et mettre en sa sauvegarde et puissance, Contribuere se alicui, Concedere in deditionem alicuius, In fidem deditionemque se suaque tradere, Permittere se fidei, vel in fidem et potestatem alicuius, Permittere se in deditionem alicuius.
Se rendre à la merci d'aucun, sous l'asseurance par luy promise, In fidem alicuius venire.
Ils se rendirent à la merci du Consul, Abiecti armis, in fidem Consulis venerunt. B. ex Liu.
Se rendre à quelqu'un et luy donner gaigné, Cedere, Manus dare, Herbam porrigere.
Se rendre aux gendarmes, Permittere se militibus.
Se rendre à son ennemi, Tradere se.
Rendre la forteresse aux ennemis, Arcem prodere hostibus.
Se rendre à son ennemi la vie sauve, Pacisci vitam ab hoste, Vita incolumi hosti se dedere. Liu. lib. 23.
Se rendre bagues sauves, Suppellectili, ac vasis impedimentisque incolumibus se dedere. Liu. lib. 23.
Se rendre à l'ennemi, Deditionem facere. Liu. lib. 22.
Se rendre à la merci du Roy, Facere deditionem qua se suaque Regi permittit. Liu. lib. 23.
Les gens de cheval de l'ennemi se sont venus rendre en nostre armée, Hostium equites ad nostrum exercitum transfugerunt. ex Liu. lib. 23.
Rendre raison à quelqu'un de quelque chose, Rationem alicuius facti reddere. Cic. lib. 5. Epist. ad Attic.
Qui s'est allé rendre aux ennemis, et tient leur parti, Perfuga, Transfuga.
Se rendre du parti des ennemis, Ad hostes transfugere.
Se rendre comme vaincu, Palmam dare.
Je me rends à toy, Dedo me tibi.
Quand on se rend à aucun, Deditio.
Apres qu'on se fut rendu, Deditione facta.
Il se rend à l'heure de huit heures, Ad horam octauam praesto est.
¶ Des yeux se va rendre au cerveau, Ab oculis pertingit ad cerebrum.
Il se rend dedans le Rhein, Defertur in Rhenum.
rendre
RENDRE, v. a. [Randre: 1re lon. 2e e muet.] Je rends, tu rends, il rend, nous rendons; je rendois ou rendais; je rendis; j'ai rendu, je rendrai, je rendrois ou rendrais, rends, que je rende, je rendisse; rendant, rendu. = 1°. Remettre, restituer. (syn.) À~ proprement parler, nous rendons ce qu'on nous avait prété ou doné: nous remettons ce que nous avions en gage ou en dépôt; nous restituons ce que nous avions pris ou volé. = Rendre est le genre; les autres sont les espèces. On peut dire rendre, d'un dépôt et d'une chose volée. Rendre une somme qu'on avait volée, ou touchée. = Il se dit aussi pour remettre. "Rendre un dépôt; rendre un paquet, une lettre. = En parlant de marchandises, les faire porter, voiturer dans l'endroit, dont on est convenu. "J'ai acheté de lui dix balles de soie, et il a promis de me les rendre à Lyon. = Il régit aussi les persones, en ce sens. "Dans deux heures, je vous rendrai là. = 2°. S'aquiter de certains devoirs. Rendre gloire, grace à Dieu. Rendre honeur, homage, obéissance, réponse, compte à (sans article.) Rendre ses devoirs, ses respects à quelqu'un, etc. Rendre le salut, saluer celui qui nous a salué le premier. = Rendre visite, aller visiter: rendre à quelqu'un sa visite ou absolument, rendre ses visites; aller visiter celui, ou ceux et celles, qui nous ont visités les premiers. = Rendre la justice et rendre justice, ont aussi diférens sens. Le 1er signifie, administrer la justice; le 2d reconaître le mérite de quelqu'un. = 3°. Dans le sens moral, faire aux aûtres ce qu'ils nous ont fait, soit en bien, soit en mal. Rendre la pareille, le réciproque, le change, le bien pour le mal; injure pour injure. Il m'a fait un plaisir, ou, il m'a joué un vilain tour. Mais je le lui ai bien rendu. = 4°. Faire recouvrer. Rendre la santé, la vue, la vie, les forces, l'embonpoint, la liberté, la parole, l'apétit. — 5°. Faire devenir. Rendre agréable, nécessaire, ou odieux, méprisable, ridicule, etc.
Oui: le devoir n'est fait que pour nous rendre heureux.
La Chaussée.
= 6°. Produire, raporter. "Cette terre rend beaucoup, ou ne rend pas grand'chôse. "Un grain de blé en rend quelquefois plus de soixante. "Cette orange rend beaucoup de jus. Et dans un sens aprochant; fleur, qui rend une odeur agréable, instrument qui rend un son harmonieux. = 7°. Livrer. "Rendre une place, rendre l'épée, les armes. = 8°. Traduire. Rendre un passage mot à mot: il a mal rendu le sens de son Auteur. = 9°. Répéter. "Echo, qui rend fidèlement les sons. "Il n'a pas rendu fidèlement ce que j'ai dit. "Il a une telle mémoire qu'il rend un long discours presque mot pour mot. = 10°. Exprimer, représenter. "Cette copie ne rend pas bien l'original. "Quelle langue pourroit rendre un spectacle si déplorable? Jér. Dél. = 11°. Il s'unit à plusieurs noms. — Rendre un Arrêt, une sentence. Rendre raison, témoignage. Rendre des oracles. Rendre à quelqu'un sa parole. Voy. ces mots à leur place. = 12°. V. n. et rec. Aboutir. "Ce chemin rend à un tel village. "Celles, (les rues) qui vont rendre aux rues de Richelieu et de Grammont, etc. Ann. Litt. "Les fleuves se rendent à la mer. "Où se rend ce chemin? = 13°. Se rendre, a plusieurs aûtres sens. = Aler, se transporter. "De là, je me rendis à ma chambre, pour faire mon paquet. Mariv. "Quelques tems aprês, Descartes se rendit en Suède. Paulian. Dict. de Physique. "se rendre à son devoir, à sa charge; au lieu où ils nous demandent. = Céder, il faut se rendre aux bones raisons qu'on vous done. = S'avouer vaincu. "Une femme coquette ne se rend point sur la passion de plaire et sur l'opinion de sa beauté. La Bruyère. Je ne me rends pas. Racine dit: je ne suis pas rendu.
La Requête civile est ouverte pour moi.
Je ne suis pas rendu. Les Plaid.
= Devenir. "Se rendre agréable, utile, ou odieux, ridicule, importun. = N'en pouvoir plus. "Je ne puis plus manger, ou marcher: je me rends. "Quoi! vous vous rendez déja. = 14°. Rendu, partic. et adj. "Le vin de Bourgogne coûte tant, rendu à Paris. "Cheval qui est rendu, lâs, fatigué, outré. "Nous voilà déja rendus, arrivés. = S. m. Les rendus; qui se sont rendus à l'énemi. = C'est un rendu, un tour qu'on joûe à la pareille. St. fam.
REM. Rendre, faire devenir, ne régit que les adjectifs: il ne doit pas se joindre aux participes. On ne doit pas dire: rendre chéri, rendre préparé, rendre conu, etc. Tout cela est barbâre. Bouhours. S'aler rendre, régit quelquefois des subst. sans article. "Elle s'ala rendre Religieûse à l'Abaye de Maubuisson. Maimbourg. = Rendre régit quelquefois le datif de la persone, et il régit encôre à l'acusatif un adjectif et un subst. celui-ci précéde de l'aûtre. "L'amitié me rend personel tout le bien qu'on vous fait. = * Pluche traite rendu comme devenu: il fait l'un et l'aûtre indéclinable, contre l'usage. "Ces élémens rendu agissans, s'insinuent dans la petite ouvertûre des semences. Spectacle de la Nature. Il falait, rendus agissans. Voy. DEVENIR, n°. 7°. = Dieu vous le rende, est une expression triviale, peu digne d'entrer dans un Poème. "C'est maintenant, mon cher Philoctète, s'écria Hercule, (sur le bucher) que j'éprouve ta véritable amitié... que les Dieux te le rendent. Télém.
rendre
rendre
rendre (se)
rendre
zurückgeben, machen, sich erbrechen, sich übergeben, veranlassen, sich brechen, abgeben, brechen, leisten, wiedergeben, zurücknehmenrender, return, make, cause, get, give back, throw up, vomit, give in, give up, repay, surrender, turn over, drive, yield, take backmaken, overgeven, teruggeven, braken, doen, kotsen, laten, spugen, vomeren, latendoen, (terug)geven, opleveren, succes hebben, terugkaatsen [bal], uitdrukken, vertalen, opgeven, spuwen, terugbetalen, uitbraken, weergeven, laten doen, retourneren, terugnemenהחזיר (הפעיל), השיב (הפעיל), נתן בחזרה, הֶחְזִיר, הִשִּׁיבkaste op, give tilbage, returnere, tage tilbageigidevolver, causar, dartehdä, palauttaaspýjarendere, restituire, contraccambiare, profittare, ricambiare, riconsegnare, rigettare, rimettere, riporre, rippore, riportareczynić czymś, skłaniać do czegoś, oddać, odebrać, powrócićlançar, devolverkräkas, spy, ge tillbaka, lämna tillbaka, ta tillbakaπαραδίδω, επιστρέφωيَرُدُّ, يُعْيدُvrátitvratiti取り消す, 戻す, 返す...을 되돌려 주다, 돌려주다, 취소하다gi tilbake, returnere, ta tilbakeвозвращатьให้คืน, คืน, นำไปคืนgeri almak, geri dönmek, geri vermekđưa lại, lấy lại, trả lại回返, 归还, 拿回来 (ʀɑ̃dʀ)verbe transitif
rendre
[ʀɑ̃dʀ] vtJ'ai rendu ses disques à Christine → I've given Christine her records back.
J'ai rendu mes livres à la bibliothèque → I've taken my books back to the library.
rendre la monnaie → to give change
rendre la liberté à qn → to set sb free
rendre la vue à qn → to restore sb's sight
rendre la santé à qn → to restore sb's health
rendre la politesse à qn (fig) → to repay sb, to return the favour (Grande-Bretagne), to return the favor (USA)
Elle a su rendre ce texte en français avec une grande sensibilité → She managed to render this text in French with great sensitivity. [ʀɑ̃dʀ]
Le meurtrier s'est rendu à la police → The murderer gave himself up to the police.