ronger
(Mot repris de rongeaient)ronger
v.t. [ du lat. rumigare, ruminer ]se ronger
v.pr.ronger
Participe passé: rongé
Gérondif: rongeant
Indicatif présent |
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je ronge |
tu ronges |
il/elle ronge |
nous rongeons |
vous rongez |
ils/elles rongent |
RONGER
(ron-jé. Le g prend un e devant a et o : rongeant, rongeons) v. a.HISTORIQUE
- XIIe s. Mais par tel serement quida Deu enginnier [il crut tromper Dieu] ; Mais dedenz cel an porent sa char li ver rungier [, Th. le mart. 32]
- XIIIe s. Sovent li menbre [souvient] des jelines, [poules], Dont il selt rungier les eschines [, Ren. 15193][Je] Puis chascun jur runger les os, Dunt je me fas e cras e gros [MARIE, Fable 34]Li tans ki runge ceste vie [GUI DE CAMBRAI, Barl. et Jos. p. 18]Et quant il i a grant quantité de forage devant eux [les bœufs], il mangent lour [leur] saülée, et puis seient et ronngent [, Bibl. des chartes, 4e série, t. II, p. 368]
- XIVe s. Si comme aucuns qui rugent as dens leur ungles [ORESME, Eth. 203]Et passe l'espreuve [la sonde] duc à l'os [jusqu'à l'os], et le treuve aspre aussi comme se il fust rungié [H. DE MONDEVILLE, f° 90]
- XVe s. Puisqu'il me faut ainsi ronger mon frain [E. DESCH., Poésies mss. f° 179]
- XVIe s. Triste et rongé du soing qui plus me nuict [DU BELL., IV, 86, verso.]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, roûger ; poitev. rouger ; picard, rogner. Ronger veut dire ruminer, et, étant composé comme songer de somniari, représente rumniare, altération de ruminare, ou la forme latine peu usitée rumigare (voy. RUMINER). De ruminer à ronger, le passage est facile ; car le bœuf ronge ce qu'il rumine.
ronger
Ce cheval ronge son frein, Il mâche son frein.
Fig. et fam., Ronger son frein, Retenir, refouler en soi son impatience, son dépit, sa colère, en s'efforçant de n'en rien laisser éclater au-dehors. En écoutant cet insolent discours, je rongeais mon frein.
Fig. et fam., Se ronger les poings, Enrager.
Fig. et fam., Donner un os à ronger à quelqu'un, Lui donner quelque occupation, quelque emploi qui l'aide à vivre; ou Lui faire quelque légère grâce, pour se délivrer de ses importunités. Il faut lui donner quelque os à ronger. Il signifie aussi Susciter quelque affaire à quelqu'un pour l'embarrasser, pour l'occuper d'un côté, afin qu'il n'ait pas le temps de songer à autre chose et qu'il ne puisse pas nuire. Ils l'ont engagé adroitement dans cette poursuite; c'est un os qu'ils lui ont donné à ronger.
RONGER se dit, par analogie, de Certaines choses qui minent, corrodent ou consument peu à peu. La mer ronge insensiblement ses bords. La rouille ronge le fer. Le temps ronge et détruit tout. Cet homme a un ulcère qui le ronge.
Il se dit aussi figurément des Choses qui inquiètent, qui tourmentent. Les soucis rongent l'esprit. Les remords rongent la conscience. Le chagrin ronge cet homme. L'envie le ronge. Il a un souci qui le ronge, des inquiétudes qui le rongent.
Il se dit encore, figurément et familièrement, de Ceux qui consument le bien d'autrui. Il a une foule de complaisants, de collatéraux qui le rongent.
ronger
Ronger, a Rodere mutato d in g, Rodere, Arrodere, Corrodere, Derodere, Erodere, Praerodere.
Ronger tout à l'entour, Circumrodere, Obrodere, Ambedere, Obedere.
Ronger tout à fait, Praerodere, Perrodere.
¶ Ronger une colere en son esprit, Iras in pectore voluere.
Il falloit ronger cela entre ses dents sans dire mot, et ne contredire point, Vtvt erat, mansum oportuit.
Ronger son frain, Virgil. Fraena ferox spumantia mandit. Et par translation, penser creux, et maschoter son ennuy, Decoquere animi aegritudinem.
Rongé tout à l'entour, Ambesus.
ronger
ronger
gnaw, nibble, erode, eataanvreten, verteren, knagen, aantasten, knagen (aan), ondermijnen, knauwenגירם (פיעל), כרסם (פיעל), גֵּרֵםroerfressen, zerkauenrodere, rosicchiare (ʀɔ̃ʒe)verbe transitif