SALPÊTRE
(sal-pê-tr') s. m.1° Nom vulgaire du nitre ou azotate de potasse, dit parfois salpêtre de l'Inde, qu'on tire souvent des plâtras des étables, des vieilles murailles, des vieilles démolitions.
Je ne m'étonne pas que les Chinois aient inventé la poudre quinze cents ans avant nous ; leur terre est pleine d'un salpêtre excellent, et nous ne savons encore que gratter des caves [VOLT., Lett. d'Alembert, 5 nov. 1775]
On a vu la France entière, avertie par cette réunion d'hommes éclairés de l'immense quantité de salpêtre que la nature avait déposée dans son sein, convertie en ateliers de salpêtriers [FOURCROY, Conn. chim. t. I, p. XX]
La culture du salpêtre, les procédés à l'aide desquels on en provoque la formation.
Lorsqu'on se livrera à la culture du salpêtre, [, Instruct. sur la fabr. du salpêtre, 1820, p. 9]
Salpêtre de houssage, voy. NITRE.
2° Par extension et poétiquement, poudre à canon.
C'était peu que sa main [de l'homme], conduite par l'enfer, Eût pétri le salpêtre, eût aiguisé le fer [BOILEAU, Sat. VIII]
Dans ces globes d'airain le salpêtre enflammé Vole avec la prison qui le tient enfermé [VOLT., Henr. IV]
Familièrement. Faire péter le salpêtre, faire beaucoup de décharges de canons, de fusils, de pétards, en signe de réjouissance.
Fig. et familièrement. Ce n'est que salpêtre, que du salpêtre, il est pétri de salpêtre, se dit d'une personne, d'un enfant extrêmement vif.
Pontchartrain, qui était tout salpêtre [SAINT-SIMON, 171, 28]
Mme de Levi avait infiniment d'esprit et beaucoup de piété solide, avec cela une vivacité de salpêtre [ID., 523, 318]
La personne est sanguine ? - Oui, très sanguine ; c'est un salpêtre [PICARD, Collatéral, I, II]
3° Salpêtre du Chili, azotate de soude. Salpêtre terreux, azotate de chaux qui est en efflorescences salines sur les murs humides.
4° Sédiment provenant de plâtras et gravois de démolitions qui ont été lessivés pour en extraire le salpêtre, et qui sert comme mortier pour sceller les pavés.
HISTORIQUE
- XVe s.
....Fut le doyen des tisserands [à Gand] accusé de trahison ....on alla en sa maison ; si trouva-t-on la poudre de salpetre toute nouvelle [FROISS., II, II, 121]
ÉTYMOLOGIE
- Bas-lat. salpetra, du lat. sal, sel, et petra, pierre.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
salpêtre
SALPêTRE, s. m. SALPÉTRIER, s. m. SALPÉTRIèRE, s. f. [2e lon. au 1er, ê ouv. br. é fer. aux deux aûtres. 3e e muet au 1er, é fer. au 2d, è moy. au 3e: tre, trié, triè-re.] Salpêtre est une sorte de sel, qui se tire des plâtres des vieilles murâilles, des étables, des écuries, etc. = Salpétrier, ouvrier qui travaille à faire du salpêtre. = Salpétrière, lieu où l'on fait le salpêtre. = C'est aussi le nom d'un Hôpital de Paris, qui est en même tems un lieu de correction. = On dit d'un homme extrêmement vif, que c'est du salpêtre, qu'il est tout pétri de salpêtre. Cette expression n'est que du style famil.
Mais de son ire, éteindre le salpêtre,
Savoir se vaincre, et réprimer les flots
De son orgueuil; c'est ce que j'apelle être
Grand par soi-même, et voilà mon Hérôs.
Rouss.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788