soin
soin
n.m. [ du frq. ]soins
n.m. pl.SOIN
(soin ; l'n ne se lie pas : un soin extrême ; au pl. l's se lie : des soin-z extrêmes) s. m.HISTORIQUE
- XIe s. Por ço n'unt soign de helme ne d'osberc [, Ch. de Rol. CCXXXV]
- XIIe s. Mais li reis d'Engleterre n'out suing de l'acorder [, Th. le mart. 104]
- XIIIe s. Son vis [visage] n'a soig [besoin] de mireor, Ne son gent cors de bel ator [, Partonopex, ms. de St-Germ. f° 151, dans LACURNE]
- XIVe s. La dame moult senée et sage De malades sot [sur] tout l'usage ; De lui garder fu en grant songne [J. DE CONDET, p. 87]
- XVe s. Disoit qu'il voudroit bien estre joyeux, mais que personne qui vient à soing ne le peut estre [, Aresta amorum, p. 35, dans LACURNE]
- XVIe s. Estendre le soing de nous au delà de cette vie [MONT., I, 15]Les bons legislateurs ont eu plus de soing de l'amitié que de la justice [ID., I, 207]Tous les jours je lis en des aucteurs, sans soing de leur science, y cherchant leur façon non leur subject [ID., IV, 43]Le soing caché se cognoit à la face [RONS., 105]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, sogn, s. f. peur, besogne ; provenç. sonh, soing, suenh ; anc. ital. sogna. Origine douteuse. Plusieurs y voient un dérivé du bas-lat. sunnis, sunnia, sonia, qui signifie empêchement juridique, d'où l'idée de s'arrêter à une affaire difficile, de soin. Sunnis, qui se trouve dans les lois barbares, est un mot germanique. Cependant il faut dire qu'on n'a pas une série d'intermédiaires qui établissent comment le mot est venu du sens d'empêchement juridique à celui de soin ; à moins qu'on ne regarde comme tels es-soine, exemption, et ensoignié, chargé d'embarras, de soucis. Du Cange a mis en avant le lat. somnium, le trouvant dans un glossaire avec le sens de soin ; l'anç. franç. songne et le wallon sogn en viennent sans doute.
soin
Prendre soin de, suivi d'un infinitif, Veiller à, faire en sorte que. Il prit soin de l'instruire. Il avait pris soin de cacher ses projets même à ses amis.
Prendre soin, avoir soin d'une chose, Veiller à ce qu'elle se conserve, à ce qu'elle prospère, à ce qu'elle réussisse. Il ne prend pas, il n'a pas assez de soin de sa santé. Il a pris soin de mes affaires pendant mon absence.
Prendre soin, avoir soin de quelqu'un, Pourvoir à ses besoins, à ses nécessités, à sa fortune.
SOIN désigne aussi la Charge, la fonction, le devoir de prendre soin de quelque chose, d'y veiller. Je vous confie le soin de veiller sur mes affaires. Je vous remets le soin de l'éducation de mon fils. Il laisse au temps le soin de venger sa mémoire. C'est lui qui a le soin de la cave.
Les soins du ménage, Les détails du ménage et l'attention qu'ils demandent. On dit de même : Les soins d'une maison, d'une ferme, etc.
SOIN se dit particulièrement, surtout au pluriel, du Traitement qu'on fait à un malade, des remèdes qu'on lui donne, des attentions qu'on a pour le soulager. Cette maladie réclame des soins nombreux et compliqués. Ce malheureux est mort faute de soins.
Donner des soins à un malade, L'assister comme médecin. Ce médecin donne gratuitement ses soins à tous les indigents de son quartier.
SOINS, au pluriel, se dit encore des Attentions qu'on a pour quelqu'un, des services qu'on lui rend, des peines qu'on lui épargne. Il lui prodigue les soins les plus empressés. Il a de lui, il a pour lui les soins les plus délicats. Des soins minutieux.
Rendre des soins à quelqu'un, Le voir avec assiduité et lui faire sa cour.
Fam., Être aux petits soins auprès de quelqu'un, pour quelqu'un, Avoir pour lui les attentions les plus délicates, veiller à ce que rien ne lui manque.
SOIN signifie aussi Inquiétude, peine d'esprit, souci. L'ambition cause bien des soins. Libre de soin, de soins. Il vieillit en ce sens.
soin
SOIN, s. m. [Soein, monos.] Au singulier, il a un autre sens qu'au pluriel. "Je l'ai fait avec soin, c' est-à-dire, avec atention, avec aplication et exactitude: j'y ai doné tous mes soins, c. à. d. j'ai fait pour cela bien des démarches, etc. = soins au pluriel signifie aussi inquiétude, peine, souci. Dans ces vers d'Andromaque:
Phénix, trop de prudence entraîne trop de soin.
Je ne sais pas prévoir les malheurs de si loin.
Soins, au pluriel aurait été le terme propre; mais la rime ne le permettait pas. Fénélon dit aussi. "Télémaque ne se lassoit pas d'exciter la défiance de Nestor et de Philoctète; mais son soin étoit inutile. Télém. Là, soin signifie éforts, démarches: je crois donc qu'il falait dire, ses soins étaient inutiles. — La Fontaine dit, par son soin diligent; on dirait en prôse, par ses soins. = Avoir soin et prendre soin se disent sans article, et régissent de devant les noms et les verbes. "Ayez soin de lui: prenez soin de mon fils: prenez ou ayez soin de l'instruire. On lit, dans l' Ann. Litt. prendre le soin, avec l'article. "Il doit être étoné qu'un aûtre ôse prendre le soin de le lui reprocher. Destouches a dit aussi:
L'Amour prendra le soin d'assortir nos humeurs.
Le Glorieux.
L'Acad. dit l'un et l'aûtre, prenez soin, ou le soin de cela: on peut choisir sous la direction de l'oreille ou du goût. = Avec laisser, on met toujours l'article.
Laisse au mépris le soin de les confondre.
Gresset.
Mais avoir soin, même avec les adverbes de quantité, se dit sans article. "La Fontaine avoit plus soin de se renfermer dans la simplicité de l'Apologue. Ann. Lit. D'aûtres auraient dit peut-être, avait plus de soin, mais mal, à mon avis. Il faut convenir pourtant que, avait plus soin est un peu dur. = Soin, quoiqu'il ne soit pas joint à un verbe, régit aussi de et l'infinitif. "Le soin de s'embellir est presque le desir de plaire. Marm. = * On dit, faire tous ses éforts et employer tous ses soins. ROUSSEAU, géné par la mesure du vers, a dit: faire tous ses soins, en quoi ce grand Poète n'est pas à imiter.
Et que souvent nous faisons tous nos soins
De plaire à ceux que nous prisons le moins.
Il faudrait en prôse, employons tous nos soins à plaire. = * Comme on dit, se mettre peu en peine, BOSSUET a cru pouvoir dire ne pas se mettre en soin. "Je ne me suis pas mis en soin de chercher les aûtres. La Fontaine a dit aussi, n' en soyez point en soin, pour, n'en soyez point en peine.
N'en soyez point en soin; je vous porterai tous.
Soin, souci, sollicitude, (synon.) Toute afaire, tout embarras nous donne du soin. Toute crainte, tout desir nous donne du souci. Toute charge, toute surveillance nous donne de la sollicitude... La richesse donne plus de soin qu'elle n'en ôte. Les noirs soucis habitent plutôt les Palais que les cabanes. La plus grande des sollicitudes est celle du pouvoir suprême... Trop de prudence entraîne trop de soin. Trop de sensibilité entraîne trop de soucis. Trop de zèle entraîne trop de sollicitude. Extr. des Syn. Fr. de M. l'Ab. Roubaud.
soin
soin
Besorgnis, Sorgecare, concernzorg, bekommernis, kommer, zorgvuldigheidטיפול (ז), טִפּוּלbekommering, bekommernissorgzorgocuidadocura, accuratezza, avvertenza, riguardocuracuidado, intraqüilidade, preocupação, zeloomtanke, sorgbakımpéčehoito (swɛ̃)nom masculin
soin
[swɛ̃]faire qch avec soin → to do sth carefully, to do sth with care
faire qch avec grand soin → to do sth very carefully, to do sth with great care
faire qch sans soin → to do sth carelessly
prendre soin de → to take care of, to look after
Prends bien soin de ce livre → Take good care of this book.
Ne vous inquiétez pas, nous prendrons soin de vous → Don't worry, we'll take care of you.
prendre soin de faire, avoir soin de faire → to take care to do