tortu, ue
TORTU, UE
(tor-tu, tue) adj.1° Qui n'est pas droit, qui est de travers.
On dit que les meilleurs navires et qui résistent le mieux aux tourmentes, se composent des arbres les plus tortus et noueux [, Dial. d'Orat. Tubero, t. II, p. 290]
Le regard de travers, nez tortu, grosse lèvre [LA FONT., Fabl. XI, 7]
Suis-je tortu ou bossu ? [MOL., Pourc. I, 5]
Quel mal cela fait-il ? la jambe en devient-elle Plus tortue, après tout, et la taille moins belle ? [ID., Sgan. 17]
Comme une règle véritable redresserait une ligne tortue que j'aurais tracée [FÉN., Dial. des morts anc. 23]
Elle n'est ni tortue ni bossue, se dit pour vanter la taille d'une femme. Fig.Que les chemins tortus deviennent droits, et les raboteux unis [MASS., Av. Disp. à la comm.]
Familièrement. Le bois tortu, la vigne. La vigne est sans appui rampante ; Son bois est débile et boiteux, Et le vin son fils nous fait faire Des pas tortus comme sa mère [, la Clef des chansonniers, dans FR. MICHEL, Argot]
2° Fig. Qui n'est pas conforme à la droite raison. Faire des raisonnements tortus.
C'est un exemple en ce siècle tortu D'amour, de charité, d'honneur et de vertu [RÉGNIER, Sat. XII]
Avoir l'esprit tortu, manquer de justesse dans l'esprit. Et, se laissant aller à son esprit tortu, De ses propres défauts se fait une vertu [BOILEAU, Sat. IV]
3° Pris adverbialement. De travers.
Puis-je autrement marcher que ne fait ma famille ? Veut-on que j'aille droit quand on y va tortu ? [LA FONT., Fabl. XII, 10]
4° S. m. Serpent du genre boa.
HISTORIQUE
- XIVe s. Pourquoi les pertuis de ces os furent tortus es oreilles [H. DE MONDEVILLE, fe 14]
- XVIe s. L'aviron semble tortu dans l'eau [MONT., II, 352]Il les chassa d'une ardeur de courage inconsiderée jusques dedans des chemins tortus, plantez d'arbres et fossoyez de larges fossez [AMYOT, Arat. 45]Par ainsi la bouche et autres parties de la face demeureront tortues [PARÉ, VIII, 21]Tortue busche fait droict feu [COTGRAVE, ]
ÉTYMOLOGIE
- Tortu représente une forme latine fictive tortutus, dérivé de tortus, l'action de tordre, de torquere (voy. TORDRE).
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877