VIOLE
(vi-o-l') s. f.1° Nom générique de toute la famille des instruments à archet.
Les monuments gothiques du moyen âge et particulièrement les portails d'église du Xe siècle sont les plus anciens où l'on trouve des instruments de l'espèce générique qu'on nomme viole [FÉTIS, la Musique, II, 16]
2° Viole, ancien instrument de musique, qui avait six cordes de grosseurs inégales et huit touches divisées par demi-tons ; il était de la forme du violon, mais beaucoup plus grand et plus gros, et il se touchait avec un archet.
Unissez en votre musique La flûte à la viole, et la lyre aux tambours [CORN., Trad. du ps. CL.]
3° Première viole, haute-contre de violon. Seconde viole, taille de violon. Troisième viole, quinte de violon. Petite viole, dessus de viole. Par-dessus de viole, petite viole dont les dames jouaient en la tenant sur leurs genoux.
4° Basse de viole, voy. BASSE 1, n° 2.
Avant lui [Battistini] on ne se servait [au lieu de violoncelle] que de la basse de viole, qui était montée de sept cordes, pour accompagner le chant comme pour la musique instrumentale [FÉTIS, la Musique, XVIII]
5° Viole d'amour, instrument à archet, monté de sept cordes accordées en accord parfait de ré majeur ; il a en outre sous la touche et sous le chevalet cinq ou six autres cordes d'acier ou de laiton qui vibrent lorsqu'on joue à vide les autres cordes ; les sons de cet instrument ont quelque rapport avec ceux de l'harmonica, et sont agréables à l'oreille [FÉTIS, la Musique, Dict. Viole d'amour]
La viole d'amour a un timbre faible et doux ; elle a quelque chose de séraphique qui tient à la fois de l'alto et des sons harmoniques du violon ; elle convient surtout au style lié, aux mélodies rêveuses, à l'expression des sentiments extatiques et religieux ; M. Meyerbeer l'a placée avec bonheur dans la romance de Raoul au premier acte des Huguenots [BERLIOZ, Grand traité d'instrum. et d'orchestr. p. 40]
6° De toutes les anciennes violes, on n'a conservé que celle qu'on nomme proprement viole, ou alto, ou quinte, et qu'on a réduite à quatre cordes accordées une quinte plus bas que les cordes du violon [FÉTIS, la Musique, II, 16]
(voy. QUINTE 1).
7° Jeu d'orgues de tuyau à bouche, ouvert de quatre pieds, qui sert d'unisson à l'octave.
8° Viole noire, nom que l'on donne, au Canada, à la perche ocellée [poisson].
HISTORIQUE
- XIVe s.
Et voyant cuire telz breuvages Dedans tes vaisseaulx et fioles Plus creuses que ne sont violes [, Nat. à l'alch. err. 570]
- XVe s.
Or et argent sont dieux en terre, Las ! com faulx dieux et decepvans, Qui tiennent prins en leur geole Par convoitise maintes gens Que diable endort à sa viole [E. DESCH., Poésies mss. f° 433]
ÉTYMOLOGIE
- Prov. viula, viola ; esp. port. et it. viola ; bas-lat. vitula, vidula, que Diez rattache aulat. vitulari, se réjouir, littéralement gambader comme un veau, lequel vient de vitulus (voy. VEAU).
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
viole
VIOLE, s. f. VIOLON, s. m. VIOLONCELLE, s. m. [Vio-le, lon, loncèle; 2ee muet au 1er, 3e è moyen au 3e.] Viole ou bâsse de viole; instrument de musique à sept cordes de boyau, et dont on joûe avec un archet. = Violon, autre instrument, à quatre cordes. Violoncelle est la bâsse du violon. = On dit, en style fam. Doner les violons, doner une sérénade, ou payer les violons d'un bal. Delà, le proverbe: "Les aûtres ont dansé, et il a payé les violons; il a fait tous les frais d'une chôse, dont les aûtres ont eu tout l'honeur, tout le profit, ou tout le plaisir.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788