EFFERVESCENCE
(è-fêr-vè-ssan-s') s. f.1° Terme didactique. Bouillonnement déterminé par le dégagement d'un gaz quelconque de l'intérieur d'un liquide. Les alcalis font effervescence avec les acides. Être, entrer en effervescence.
Les fermentations ou effervescences chimiques, dont le mouvement est si violent qu'on les pourrait quelquefois comparer à des tempêtes, sont des effets de cette puissante attraction qui n'agit entre les petits corps qu'à de petites distances [FONTEN., Newton.]
Les effervescences, le développement des gaz, l'électricité, la chaleur et les combinaisons produites par le mélange de plusieurs substances contenues dans un vaisseau fermé, n'en altèrent le poids ni pendant ni après le mélange [LA PLACE, Expos. IV, 16]
2° Ancien terme de médecine. État d'échauffement, de bouillonnement comparé à l'effervescence chimique. L'effervescence du sang.
Toute cette colère était enfantine et lui faisait dire des choses que le marquis ne dirait pas.... cela s'appelle donc (comment dites-vous, ma fille ? ) des effervescences d'humeurs ; voilà un mot dont je n'avais jamais entendu parler ; mais il est de votre père Descartes ; je l'honore à cause de vous [SÉV., 570]
3° Fig. Sorte de bouillonnement de l'âme. L'effervescence des passions.
Jeunes gens que la première effervescence de l'âge des plaisirs avait entraînés dans les excès de la débauche [RAYNAL, Hist. phil. XIV, 3]
Émotion des esprits, favorable ou défavorable. L'effervescence populaire.
Le mécontentement universel que vous traitez d'effervescence a quelques sujets ou motifs trop connus pour ne pas lever tous vos doutes [MIRABEAU, Collection, t. I, f° 39]
Quant à cette jeunesse d'élite qui, dans ces temps de gloire, remplissait nos camps, son effervescence était naturelle [SÉGUR, Hist. de Nap. III, 3]
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- EFFERVESCENCE. - REM. Effervescence, qui frappe Mme de Sévigné comme terme inconnu, se trouve dans Sylvain Régis (1690) : Il est évident qu'il y a des fermentations qui se doivent faire avec effervescence.... d'autres qui se font sans effervescence, Système de philosophie, IV, V, 3.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
effervescence
EFFERVESCENCE, ou EFERVESCENCE, s. f. [Efêrvé-sance: 1re et 3e é fer., 2e ê ouv., 4e lon, 5e e muet.] Bouillonement qui se fait dans une liqueur, par la première action de la chaleur. — Il ne faut point le confondre avec fermentation, ni avec ébullition. "La bière est en fermentation, l'eau qui bout est en ébullition; le fer dans l'eau forte est en effervescence. Acad. "Les alcalis font effervescence avec les acides. Ibid. — "Cela s'appelle donc, comment dites-vous, ma fille, des effervescences d'humeurs? Voilà un mot dont je n'avois jamais entendu parler: mais il est de votre Père Descartes: je l'honore à cause de vous. Sév. Que n'honorait pas Mde. de Sévigné, à caûse de sa fille? Ce n'en était pas moins une vraie pédanterie dans une femme, de se servir de ce mot. Depuis quelque tems il est devenu à la mode, et une femme d'esprit aurait honte de dire aujourd'hui qu'elle n'en a pas entendu parler. = On l' emploie au figuré. "On s'intéressoit, on raisonnoit; peu à peu on s'échauffoit. En général, dans toutes les affaires susceptibles de discussion, c'est un malheur que cette effervescence. Linguet. "Effervescence causée par un zèle de parti et par d'odieuses animosités. Targe. = * M. Moreau dit, effervescence de gloire; mais ce mot, au figuré, ne doit se dire que d'une passion, d'un sentiment exalté. "Philippe dut à cette effervescence de gloire (les Croisades) le repos des dernieres années de sa vie. — Cet illustre Auteur a-t-il entendu par gloire, l'amour de la gloire? L'expression aurait plus de justesse: mais gloire n'a pas cette signification.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788