croquer
v.i. [ onomat. ] 1. Faire un bruit sec sous la dent : J'adore ces pommes qui croquent.
2. Planter ses dents dans un aliment ; prendre un morceau en le coupant avec ses dents : Croquer dans une pêche. Du chocolat à croquer à manger tel qu'il se présente, par opp. au chocolat à cuire
v.t. 1. Broyer entre ses dents en faisant un bruit sec ; manger d'un coup de dents : Mon voisin a croqué des bonbons pendant tout le film. Le chat sauta sur la souris et la croqua.
2. Dessiner, peindre sur le vif, dans une esquisse rapide : Un dessinateur qui croque les scènes d'audience d'un procès.
3. Fam. Dépenser en peu de temps :
Elle a croqué l'héritage de ses parents en quelques mois dilapider À croquer, si joli qu'on a envie de le dessiner, d'en faire un croquis.
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CROQUER
(kro-ké) 1° V. n. Faire un bruit sec, en parlant des choses que l'on broie en mâchant. Les macarons croquent sous la dent.
2° V. a. Manger des choses croquantes. Croquer des pralines.
3° Par extension, dévorer.
Le monarque des dieux leur envoie une grue Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir [LA FONT., Fabl. III, 4]
Croquons-les ; le galant ne fit pas à demi [ID., ib. V, 18]
.... Vous leur fîtes, seigneur, En les croquant, beaucoup d'honneur [ID., ib. VII, 1]
Aussitôt qu'à portée il vit les contestants, Grippeminaud, le bon apôtre, Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre [ID., ib. VII, 16]
Les députés [lapins] retournèrent dire à leurs frères que cet étranger [le chat] n'avait garde de croquer les lapins, puisqu'il croyait en bon bramin à la métempsycose [FÉN., t. XIX, p. 52]
Fig. et familièrement. N'en croquer que d'une dent, être loin d'avoir obtenu ce qu'on désirait.
Mais ils n'en croqueront, ma foi, que d'une dent [REGNARD, Démocr. IV, 3]
Je leur jurerais, de mon côté, que les Thiriot et autres n'en croqueraient que d'une dent [VOLT., Lett. d'Argental, 13 juillet 1763]
Il a rompu tout net le contrat, à cause de l'aversion qu'il a pour la famille de Cléante.... par là vous voyez que ce Cléante n'en croquera que d'une dent [LA CHAPELLE, Carrosses d'Orl. sc. 10]
4° Fig. Croquer une fille, un jeune cœur, obtenir les faveurs d'une femme.
[Le jeune homme] Trop bien croyait, ces sœurs étant peu sages, Qu'il en pourrait croquer une en passant [LA FONT., Mazet.]
Par où le drôle en put croquer, Il en croqua ; femmes et filles, Nymphes, grisettes, ce qu'il put, Toutes étaient de bonne prise [ID., Pâté.]
Il eût de la pomme d'Ève, Ah ! Croqué jusqu'au dernier pepin [BÉRANG., Turlupin.]
Turpin d'abord trouve lui-même Cœur de vingt ans non profané ; Mais un bon moine de Télème Le croque à l'instant sous son né [ID., M. de Charl.]
5° Faire l'esquisse d'un tableau, d'un portrait. Croquer le marmot, maugréer en attendant quelqu'un qui ne se presse pas.
Monsieur le nouveau secrétaire, me disais-je pendant ce temps-là, prenez, s'il vous plaît, patience, vous croquerez bien le marmot, avant que vous le fassiez croquer aux autres [LESAGE, Gil Blas, VIII, 3]
Croquer le marmot, dit Furetière, attendre longtemps sur les degrés, dans un vestibule, et, en général, en un lieu quelconque ; locution venue de ce que les compagnons peintres, quand ils attendent quelqu'un, s'amusent à faire sur les murailles le croquis de marmots. Enfant gentil à croquer, d'une gentillesse extrême. Cela se dit aussi d'une jeune personne très jolie ou très agréable. Elle est jolie à croquer, gentille à croquer, ou, simplement, elle est à croquer.
6° Faire l'esquisse, l'abrégé d'un discours, d'un récit.
C'est un fait qui mérite d'être un peu expliqué pour réparer ce que j'ai trop croqué en parlant du retour du père [Villeroy] [SAINT-SIMON, 170, 13]
Je gâte cette pièce par la grossièreté dont je la croque ; c'est comme si un barbouilleur voulait toucher à un tableau de Raphaël [SÉV., t. VIII, Lett. 761, p. 31, dans POUGENS]
Terme de musique. Croquer des notes, ne pas faire entendre toutes les notes d'un morceau, d'un trait. Croquer un passage, un trait, les passer.
7° À la croque au sel, loc. adv. Sans autre assaisonnement que du sel. Manger du poulet à la croque au sel. Des artichauts, des radis à la croque au sel. Populairement et par menace, en parlant d'un homme à qui on se croit très supérieur, je le mangerais à la croque au sel.
HISTORIQUE
- XVe s.
Or vous retournerez si povres et si nuds que les poux vous estrangleront, et vous les croquerez entre vos ongles [FROISS., I, III, 18]
Il aperçut sur le bord de la cuve un très beau diamant qu'elle avoit osté de son doigt, doutant de l'eau le gaster : si le croqua si souplement qu'il ne fut d'ame aperçu [LOUIS XI, Nouv. III]
- XVIe s.
Vrai est que ces os lui croquoient parfois sous les dents ; mais ils passoient nonobstant [DESPER., Contes, LXXV]
Ils le serroient, le tournoient, le viroient en la foule, pour trouver moyen de croquer [escroquer] cette gibeciere [ID., ib. LXXXI]
Il y a aussi de la noblesse, qui pour des querelles qu'elle prend sans propos, ou pour croquer la depouille d'un gros benefice, fait des ports d'armes [LANOUE, 106]
CROQUER2
(kro-ké) v. a.Terme de marine. Croquer le croc de palan, le passer dans l'arganeau de l'ancre, afin de la remettre au bossoir.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877