Il signifie, dans l'usage ordinaire, Modifier en bien ou en mal. Le soleil altère les couleurs. La grande chaleur altère les liqueurs. Cela altère les humeurs, altère le sang. Cela lui a altéré le tempérament. Ses malheurs ont altéré son caractère, son humeur, son jugement. Sa santé en est fort altérée. La souffrance avait altéré ses traits, son visage. L'émotion altère sa voix. Le défaut de confiance altère l'amitié. L'exemple du vice altère les moeurs. Cette disgrâce altère son repos, son bonheur. Le vin s'altère à l'air. Les bonnes coutumes s'altèrent peu à peu.
Altérer un discours, Le rapporter autrement qu'il n'a été prononcé ou écrit. Altérer un texte, Y faire des changements qui en corrompent la pureté. Altérer le sens d'un passage, Détourner ce passage de son véritable sens. Altérer la vérité, S'écarter de la vérité en parlant, en écrivant.
Altérer les monnaies, Les falsifier par un alliage illégal, excessif.
ALTÉRER signifie aussi Causer de la soif. La chaleur et la poussière m'ont fort altéré.
Être toujours altéré, Avoir toujours soif, et par plaisanterie Être toujours disposé à boire, aimer à boire.
Fig., Il est altéré de sang, C'est un tigre altéré de sang, C'est un homme cruel, qui se plaît à répandre le sang.
En termes de Musique, Des accords altérés, Notes naturelles ou diatoniques modifiées par les dièses et les bémols.
Alterer, Adducere sitim, Accendere sitim.
¶ Alterer, pour Faire autre, Corrompre, Alienare, Variare.
ALTÉRER, v. a. [Altéré, 2 é fer. tout bref.] Il a tous les sens que nous avons marqués à altération: "Le soleil altère les couleurs, et le grand chaud les liqueurs. La fièvre altére les humeurs. — Altérer les esprits, l'amitié: altérer un discours, le raporter autrement qu'il n'a été prononcé ou écrit; altérer un texte, le sens des écritures, les détourner dans un sens différent de celui qui est reçu pour le véritable. — Les médecines altèrent ordinairement. — Altérer les monoies.
S'ALTÉRER, v. réc. Le vin s'altère, les bones coutumes s'altèrent, (changent peu à peu.)
* Rem. 1°. Le verbe et le subst. se disent de la soif: "Le poivre altère, ou cause de l'altération: mais altérer ne se dit pas neutralement dans un sens passif. Ne dites pas, j'altère beaucoup, comme je l'ai ouï dire à plusieurs: dites, je suis beaucoup altéré. — Vaugelas, dans sa Traduction de Quinte-Curce, dit que; "la chaleur venant à croître, l'altération se ralluma. Est-ce de l'altération de l'air, ou de la soif des soldats qu'il a voulu parler? Ni avec l'une, ni avec l'autre, se rallumer n'était pas le terme propre. C'est le feu qui se rallume, et l'altération n'est pas le feu, mais son effet. — L'Ab. Prévot dit: "Sa mort produisit une grande altération: il sous-entend dans les affaires; mais il aurait mieux valu l'exprimer.
* 2°. Rousseau emploie s'altérer dans le sens d'être choqué, indigné.
Et sa grande âme ne s'altère
Ni des triomphes de Tibère,
Ni des disgrâces de Varus.
On peut croire que la rime a nécessité le choix de cette expression, que l'usage n'admet pas.