ONCE1
(on-s') s. f.1° Ancien poids qui était d'abord la douzième partie de la livre romaine ; il était restée la douzième partie de la livre de Lyon et du midi de la France ; il était la seizième partie de la livre de Paris. Une demi-once. Une once et demie.
M. de Réaumur avait prouvé que l'once d'or pouvait fournir un fil qui égalait en longueur quatre cent quarante-quatre lieues [BONNET, Consid. corps organ. t. V, p. 205, dans POUGENS]
Les orfévres divisaient l'once en vingt esterlins, chaque esterlin en deux mailles, chaque maille en deux félins, et chaque félin en sept grains et un cinquième. On appelle perles à l'once, des semences de perles ou des perles fort menues, qui s'achètent au poids, les autres s'appellent perles de compte.
2° Familièrement. Once se dit pour petite quantité.
Tant et tant fut.... Dit d'oraisons, qu'on vit du purgatoire L'âme sortir, légère et n'ayant pas Once de chair [LA FONT., Fér.]
Vous avez surtout un homme pâle et livide, qui n'a pas sur soi dix onces de chair [LA BRUY., XII]
Fig. Il n'a pas une once de sens commun, d'esprit, de jugement, il en est complétement dénué.
Il n'a pas seulement une once de raison [BARON, École des pères, III, 6]
Ne pas peser une once, être très léger, et aussi avoir un grand contentement qui fait qu'on semble léger.
[Dans un tableau] l'ange qui s'élance des pieds de la Religion.... est d'une légèreté, d'une grâce, d'une élégance incroyables ; il a les ailes déployées, il vole, il ne pèse pas une once [DIDER., Salon de 1767, t. IX, p. 55, éd. 1821]
Comme j'étais content ! je ne pesais pas une once [THÉOD. LECLERCQ, Proverb. t. I, p. 153, dans POUGENS]
3° Nom de plusieurs valeurs monétaires.
Sétoc commença par redemander cinq cents onces d'argent à un Hébreu, auquel il les avait prêtées en présence de deux témoins [VOLT., Zadig, 10]
Once d'or, monnaie courante en plusieurs pays, valant 85 fr. en Espagne, où on l'appelle aussi quadruple, 13 fr. à Naples, 86 fr. au Mexique, 92 fr. à la Havane, etc.
Clément IV ne donna l'investiture à Charles d'Anjou qu'à condition qu'il payerait 3000 onces d'or au saint-siége [VOLT., Mœurs, 61]
4° Dans l'ancienne Rome, la douzième partie d'une chose. Aujourd'hui, à Rome, une certaine partie du pouce d'eau des fontainiers.
Six expériences que j'ai faites avec M. Vici, directeur des eaux de Rome, et desquelles j'ai conclu que l'once d'eau de Trevi donnait un produit de 41, 16 mètres cubes, en vingt-quatre heures [PRONY, Institut. Mém. scienc. 1817, t. II, p. 414]
Rapport du pouce de fontainier avec l'once d'eau romaine [ID., ib. p. 413]
HISTORIQUE
- XIIe s.
E li fers de sa [de Goliath] lance [pesait] treis cenz unces [, Rois, p. 203]
- XIIIe s.
Nus [nul] du mestier devant dit ne puet ne ne doit batre ne faire batre argent que en chascune bateure de xxv onces d'argent n'ait x estellins d'or au mains [moins] [, Liv. des mét. 75]
- XVe s.
Et si ne vault pas mieux une once L'autre : deux folz sont sans cervelle [, Patelin]
- XVIe s.
Pour estre dite leyau [légale], la ditte playe doit avoir de longueur et incision une once de poulce, qui est la cinquieme partie du pan de cane [, Coust. génér. t. II, p. 694]
ÉTYMOLOGIE
- Picard, onche ; provenç. onsa ; cat. unsa ; espagn. onza ; ital. oncia ; du lat. uncia, mot sicilien.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. ONCE. Ajoutez : - REM. D'après l'Annuaire du Bureau des longitudes, l'once d'Espagne ou quadruple a valu 83 fr. 93 c. de 1772 à 1786 ; mais, depuis 1786, elle ne vaut plus que 81 fr. 50 c.
ONCE2
(on-s') s. f.1° Nom vulgaire et spécifique du chat once, dit aussi jaguar, et panthère des fourreurs.
2° Le chat pard a été appelé once par Buffon (qui a fait ce mot masculin).
L'once diffère de la panthère, en ce qu'il est bien plus petit, qu'il a la queue beaucoup plus longue, le poil plus long aussi et d'une couleur grise ou blanchâtre [BUFF., Quadrup. t. III, p. 266]
Ils conviennent tous que l'once s'apprivoise aisément, qu'on le dresse à la chasse, et qu'on s'en sert à cet usage en Perse et dans plusieurs autres provinces de l'Asie [ID., ib. p. 277]
HISTORIQUE
- XIIIe s.
La chose gist sor tel endroit, Que chascune beste voudroit Que venist l'once [RUTEB., 202]
- XVe s.
Aussitost c'once œil euvre et clost [, Myst. de Barl. et Josaphat, dans Gui de Cambrai, p. 415]
- XVIe s.
Pour la quelle trahison feut par Cerès transformé en oince ou loup cervier [RAB., Pant. III, 48]
Aux gardes des lyons, onses, dogues et autres animaux estranges, la somme de quatre-vingt mil livres.... [FROUMENTEAU, Finances, 1er livre, p. 27]
Des onces mouchettez d'estoiles sur le dos, Onces à l'œil subtil, au pié souple et dispos, Au mufle herissé de deux longues moustaches [R. BELLEAU, Poésies, t. I, p. 18, dans POUGENS]
ÉTYMOLOGIE
- Esp. et port. onza ; ital. lonza ; d'après Quatremère, du persan youz, l'once, le léopard chasseur ; selon Chevallet, du latin lyncem, par aphérèse de l'l, conservée dans l'italien lonza. Mais l'l s'est bien plutôt agglutinée par l'article dans l'italien, qu'elle ne s'est perdue dans l'espagnol et le français.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
once
Once, f. penac. En fait de poids commun duquel on use en toutes marchandises qui se debitent au poids, fors qu'en l'or et l'argent, est la seisiesme partie de la livre. Mais en poids de Marc usité és Orfavreries et monoyes, Once est la huictiesme partie du Marc, et se divise en huict gros, qui est la soixante-quatriesme partie du Marc, là où l'autre se divise en quatre sezains, voyez Livre, et Marc. L'once aussi se part et divise en autre maniere, asçavoir en vingtquatre sterlins, le sterlin en quatre felins, le felin en deux Karats, selon le poids de pierrerie; Le Karat ou demy felin en trois grains et demy et un huictiesme de grain. Et selon cette partition de l'Once, les deux sterlins et demy prins un gros, cette Once sera de neuf gros sterlins et demy.
Pesant une once, Vncialis.
Demie once, Semuncia, vel Semiuncia.
Pesant demie once, Semuncialis.
Une once et demie, Sescunx, et Sescuncia.
Sept onces dont les douze font le tout, quant à mesures de terres, Septunx.
Neuf onces, Dodrans.
Once à once, Vnciatim.
Once, ou Lonce, Lynx. C'est une beste du genre des Loups cerviers, mouchetée par tout le corps de taches noires.
Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606